4 - La nouvelle donne européenne

Pendant la Deuxième guerre mondiale, des français ont collaboré avec l’ennemi, en l’occurrence avec le nazisme. A partir de 1940, la Résistance et La France Libre de De Gaulle ont participé à vaincre le nazisme dans un conflit centré, à l’époque, sur les porteurs de cette idéologie : les Allemands. Les Français et les Allemands se sont donc battus, une nouvelle fois, les armes à la main avec une issue qui a soumis l’Allemagne aux organisations internationales.

En 1945, une série de conférences interalliées (Yalta, San Francisco, Potsdam, Moscou) dessinent une nouvelle carte de l’Europe. A la fin de la guerre, l’Allemagne est devenue un pays occupé par les armées étrangères. Coupée en deux par les principes de la Chartre de l’atlantique conçus par Staline, Churchill et Roosevelt, sa capitale, Berlin, est divisée en zone d’occupation. En 1945, commence à Nuremberg le procès des criminels de guerre par un tribunal militaire international. En 1945, l’Organisation des Nations Unies, l’O.N.U., succède à la Société des nations, la S.D.N., et réalise sa première réunion l’année suivante. La France adhère au Pacte Atlantique, tandis que, l’année suivante, le plan Marshall, refusé par l’U.R.S.S., prévoit la reconstruction de l’Europe. Les traités de Paris de 1947, avec les anciens satellites européens du III° Reich, restaurent les frontières de 1938 et ils consolident les annexions de l’U.R.S.S. qui, l’année suivante, entreprend le blocus économique de Berlin.

Les alliances de guerre se sont focalisées contre une idéologie, devenue l’ennemi quel que soit le vecteur, avec une volonté qui a transcendé les différences socio-politiques des pays en présence. La guerre froide débute par le coup de force des communistes en Tchécoslovaquie et marque une opposition entre deux blocs de nature différente. Deux systèmes semblent s’édifier : l’un, euro atlantique, l’autre soviétique.

En 1949, la Loi fondamentale de la République Fédérale Allemande (R.F.A.) est promulguée le 23 mai ; Bonn est choisie comme Capitale et Adenauer est élu chancelier. En Allemagne orientale, la République Démocratique Allemande (R.D.A.) est fondée le 30 mai.

Pendant ce temps, l’Europe se construit sans l’assentiment de la RFA. La France devient le moteur de l’Europe sous l’égide suprême des Etats Unis qui se trouvent consacrés après la signature du traité de l’Atlantique Nord en 1949 (l’O.T.A.N.). Le Conseil de l’Europe, adopté la même année, ne prévoit aucun moyen d’action véritable pour cet organisme.

En 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, propose la mise en commun des ressources de charbon et d’acier de la France et de la toute récente République Fédérale d’Allemagne, dans une organisation ouverte aux autres pays d’Europe ; cette démarche approuvée dans le traité de Paris en 1951 constitue l’acte de naissance de l’Europe des six et du futur marché commun sous l’appellation de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.

Le statut d’occupation de l’Allemagne occidentale prend fin le 26 mai 1952 avec les accords de Bonn, et, le traité de Paris institue la Communauté Européenne de Défense (C.E.D.) ratifiée par les cinq pays partenaires de la France qui en a été l’instigatrice. Sous la pression des Etats Unis et dans le contexte de la guerre froide l’Allemagne pourra procéder à un réarmement qui inquiète la France. La C.E.D. visait à développer une défense commune avec une armée européenne rattachée à des institutions politiques de l’Europe unie. Le chancelier Adenauer, réservé à l’encontre d’un réarmement allemand qui risque de réveiller les vieux démons de son pays, est favorable à une armée européenne enserrant l’Allemagne dans un réseau d’alliance et tient à ce que toute solution, quelle qu’elle soit, assure à l’Allemagne fédérale le même traitement qu’aux autres Etats participants. Pourtant, la France se divise en deux lors de la procédure de ratification. Les partisans de la C.E.D. voient une possibilité de rapprochement de la France et de l’Allemagne avec l’avènement d’une armée européenne ; les contradicteurs, dont de Gaulle, traduisent la C.E.D. comme un monstre et un protocole d’abandon. Finalement, l’Assemblée nationale rejette la C.E.D. en 1954.

Cette année là, l’Union de l’Europe Occidentale (U.E.O.) succède à l’Europe occidentale en tant qu’organisation. Elle est chargée avec le Pacte atlantique d’encadrer le réarmement de l’Allemagne qui est admise dans l’O.T.A.N.. L’Allemagne retrouve sa pleine souveraineté et signe un accord avec la France sur le statut européen de la Sarre.

Ce parcours historique post deuxième guerre mondiale montre soit l’instabilité des institutions, soit la nécessité d’une évolution permanente. Par ailleurs, il met en lumière l’influence des instances internationales sur la destinée des Nations. Les identités nationales sont transcendées de factopar la perspective européenne. Cependant, ces identités, fruits de l'histoire, ne disparaissent pas pour autant. Le rapport des nations avec la religion fournit un exemple patent. En 2003, la laïcité est une caractéristique de la nation française qui est réaffirmée par le pouvoir politique tandis que la sécularisation, non exclusive de la religion, demeure un axe fort de référence pour les Allemands. Cependant, des efforts sont entrepris pour dépasser ces replis identitaires tels que les réseaux d’échanges du type Socrates ou le travail de l’Office Franco-Allemand pour la jeunesse (O.F.A.J.). 96 L’extrait des directives de fonctionnement de l’O.F.A.J. ci dessous met en évidence la complexité culturelle qui procède des rencontres bilatérales. Nous pouvonsobserver aussi le métissage en matière d’approches pédagogiques puisque :

  • l’ancrage culturel individuel est préservé ;
  • l’implication personnelle est fortement sollicitée en termes de responsabilité ;
  • la transcendance de son propre référentiel est posée comme un objectif.

Ainsi, selon la pédagogie de l’O.F.A.J., si la distinction culturelle caractéristique de la Kulturnation est un élément d’identification de départ, la considération cosmopolite des échanges et la volonté de rechercher l’échange par la « reconstruction » d’un référentiel commun par le groupe de travail semble prévaloir.

En effet, « Pour mieux développer le thème de la rencontre, les motivations et les intérêts des participants seront pris en considération dans la réalisation des programmes. Les méthodes utilisées doivent être arrêtées avec eux. Les participants se chargent eux-mêmes de tâches et de fonctions importantes pour la réalisation du programme.

«  Evaluation et exploitation

Chaque programme doit donner lieu à exploitation commune; celle-ci sera rendue possible grâce au rapport du groupe, de l'équipe d'encadrement ou grâce à toute autre forme d'évaluation (questionnaires, tests, etc.).

‘« L'Office doit mettre les résultats à la disposition des usagers sous une forme appropriée.’

«   Formation et perfectionnement des responsables et animateurs

« La responsabilité de la formation des responsables et animateurs incombe aux organisateurs des programmes qui tiennent compte des orientations élaborées en commun entre l'Office et ses partenaires. L'Office réalise d'autre part lui-même des programmes de formation de responsables et d'animateurs.

« Les programmes de formation de responsables et d'animateurs partent du principe que les participants ont déjà bénéficié d'une formation sur le plan national, ont une expérience de l'animation des groupes et sont disposés à participer à la mise en oeuvre de relations internationales à l'occasion de la pratique des activités franco-allemandes. Le responsable et l'animateur doivent être capables d'un travail d'équipe. Ils doivent savoir susciter l'initiative et la participation du groupe. Ils doivent être à même de dépasser leurs conceptions et leurs méthodes pour développer des formes nouvelles de contacts internationaux. Ils doivent enfin avoir une connaissance suffisante des deux pays et une pratique appropriée de l'autre langue.

« En l'absence des conditions ci-dessus mentionnées, la formation des responsables et animateurs porte également sur la théorie et la pratique de la pédagogie des groupes. »97

Notes
96.

Le site internet de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse expose les objectifs, les organisations, les structures ainsi que les dispositions pédagogiques de cet organisme : www.ofaj.org

97.

Cette précision est mentionnée dans les directives de l’OFAJ extraites du site internet : http://www.ofaj.org/fr/ofaj/librairie/directives.pdf 2003.