1. Une formation des sous-officiers, centralisée en France et localisée en Allemagne

En France, la formation des sous-officiers est organisée dans un lieu unique nommé l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active, à Saint-Maixent l’Ecole. Le vocable « l’Ecole », utilisé pour désigner la ville, est une conséquence de la présence militaire dans la cité depuis la deuxième moitié du XIX° siècle.

Les 2900 sous-officiers par an dont a besoin l’armée de terre proviennent de deux origines principales. La moitié appartient à un recrutement direct du civil. Ils sont tous bacheliers, ce qui est la condition minimale requise pour le concours. En 1999, le niveau moyen de recrutement est bac+2. L’autre moitié constitue le recrutement interne, après une sélection sur dossier, qui repose sur le mérite et consiste à apprécier le potentiel du candidat.

Le corps des sous-officiers fournit la moitié du corps des officiers. L’école de formation des sous-officiers forme ainsi 80% des cadres de l’armée de terre, et à ce titre, si la formation est homogène elle est aussi hégémonique, a priori, puisque centralisée dans une même formation.

En Allemagne, la formation des sous-officiers est organisée dans les régiments au contact de la troupe et dans trois Ecoles à Münster, Weiden/Oberpfalz et Delitzsch. 120 Le lieu des trois écoles correspond à la zone de stationnement des trois corps d’armée. La décentralisation dans trois lieux différents répond ainsi à une intention d’intégration par une formation en lien avec la proximité géographique. Cette préoccupation est aussi prise en compte avec le niveau scolaire sollicité à l’engagement qui est le plus souvent professionnel pour faciliter la reconversion. 121 Par ailleurs, la possibilité d’accéder au corps des officiers pour les sous-officiers est très faible. Ce sont autant d’éléments qui signifient que la Bundeswehr cherche à préserver l’épanouissement de ses sous-officiers en les enracinant dans le milieu naturel où ils ont eu déjà une certaine expérience de la vie.

La formation des sous-officiers français est donc nationale et centralisée tandis que celle des Allemands s’intègre dans un organisme localement stabilisé d’une manière similaire à la délocalisation de l’éducation dans les Länder. Cette organisation s’inscrit dans les cultures nationales respectives et traduit ainsi l’héritage des Lumières d’une part et du Romantisme de l’autre.

Notes
120.

livre blanc sur la sécurité de la République Fédérale d’Allemagne et la situation et l’avenir de la Bundeswehr, op. cit. p. 142.

121.

Rencontre avec le général de brigade MILLOTAT, commandant en second le II Corps d’armée allemand et l’école des sous-officiers de Weiden, le 18 juillet 2000.