1. Des relations humaines qui se veulent « participatives »

Les deux armées veulent pratiquer des relations humaines fondées sur le principe du commandement participatif par objectif. Comme la pédagogie utilisée dans les armées est indissociable du style de commandement, la formation repose conceptuellement sur le dialogue et la confiance réciproque entre les chefs et les subordonnés.

Le commandement participatif par objectif est défini de façon similaire dans les deux armées. C’est ainsi que les Allemands nomment ce principe : Auftragstaktik. Le commandement participatif par objectif consiste à « ne pas imposer des échéances fixes aux instructeurs pour la réalisation des différents objectifs d’instruction, accorder une certaine liberté d’action aux instructeurs tout en les rendant responsables des résultats obtenus, renforcer la motivation des chefs militaires et de leurs subordonnés et leur procurer le sentiment de satisfaction professionnelle. » 142

Pour les soldats français, « Il vise à développer la participation des subordonnés et à susciter leur adhésion, en les amenant à se sentir responsables de la réalisation, dans des délais donnés, d’objectifs concrets déterminés en commun, et de façon contractuelle. » 143

Cependant, dans les mêmes documents de référence, il est précisé, pour les Français, que cette démarche ne se pratique que jusqu’au niveau section. Il en est de même pour les Allemands, puisqu’il s’agit de préserver une plus grande liberté d’action pour les commandants de compagnie, mais il faut admettre aussi que « seuls les thèmes / les objectifs / les programmes seront spécifiés sans échéances fixes. » Ces précisions fixent donc le degré d’implication recherchée chez les subordonnés qui n’est que relatif dans les textes officiels. La mise en œuvre des moyens demeure de la responsabilité des subordonnés vers des objectifs qui ne leur appartiennent pas de définir. La notion du contrat a donc une connotation particulière dès lors que les raisons de l’emploi des moyens militaires doivent échapper à ceux qui les mettent en œuvre.

Nous abordons ici la notion de la fin et des moyens dans l’action. Le soldat, dans cette situation extrême, devient le moyen humain de la mise en œuvre des moyens techniques. Il est lui-même « mis en œuvre » par sa hiérarchie.

Notes
142.

Directive relative à l’organisation de l’instruction des unités au niveau de la structure : la nouvelle armée de terre pour de nouvelles missions : l’instruction et l’entraînement des appelés. Bonn, juin 1995.

143.

Manuel de pédagogie militaire, France, op. cit. p. 27.