1 - La considération de la personne comme facteur déterminant dans l’évolution de la Bundeswehr

Depuis la deuxième guerre mondiale, la Bundeswehr est donc stabilisée dans la mise en œuvre de ses moyens au service de la nation spécifique « à l’allemande. » L’armée allemande présente cette caractéristique majeure d’appartenir à une nation qui se fonde historiquement et qui se définit par le peuple (Volk). Ainsi, bien que sa dépendance technique du pouvoir politique l’isole en tant qu’organisation sociale qui se focalise sur les finalités politiques, la Bundeswehr n’est plus, à l’heure actuelle, une armée qui fusionne son action avec un parti politique.

Cette évolution se comprend en analysant les mobiles de la Reichswehr qui a disparu avec l’empire pour laisser la place à la Wehrmacht. Celle-ci est le triste symbole du fonctionnement communautaire, son chef, Hitler, exerçant un pouvoir totalitaire.

L’armée d’une nation, en l’occurrence d’un peuple, disparaît en tant que système avec un changement de régime politique. La succession des armées allemandes témoigne de cette disposition qui marque le manque d’unité et de maturité d’une armée. Cet exemple historique montre aussi l’aveuglement quand elle est au service d’un système politique sans en connaître les finalités. Le fonctionnement d’une telle armée se développe autour d’une activité essentiellement technique qui consiste à mettre en œuvre des armements pour détruire l’adversaire qui, lui-même, applique les mêmes procédés. Ce type d’armée est bien évidemment sectaire et dévouée à son chef.

On assiste à une conception limite du communautarisme jusqu’à la fusion avec le chef. Les symboles sont nombreux et, présentés comme des éléments précieux et sacralisés, ils font vivre une sorte de fétichisme qui occulte toutes références multiculturelles. L’approche linguistique est déterminante ; la Wehrmacht signifie mot à mot le pouvoir de l’armée, et l’appellation de Führer prend un sens sans équivoque lorsqu’il s’agit de conduire la nation au sens du Volk. Le culte de la personnalité de Hitler traduit une sorte d’incarnation d’un pouvoir décrit dans Mein Kampf qui exprime sa volonté de combattre. C’est contre cette hégémonie que les alliés ont conduit la deuxième guerre mondiale, c’est cette armée qui devait disparaître en même temps que le nazisme en tant que système.

La tache apparaît ardue puisque le nazisme n’est pas simplement un accident de l’histoire, mais bien certainement un mode de pensée qui perdure et qui dans les principes pourraient définir une armée toute dévouée à ses chefs. L’exemple de l’armée irakienne entièrement dévouée à Saddam Hussein est un exemple contemporain. Cette idéologie latente et persistante est parfaitement décrite par Catherine Breton dans la recension de l’ouvrage d’Hubert Hannoun : Le nazisme, fausse éducation, véritable dressage. 174 Hannoun indique précisément: « Qu’il faille motiver l'éduqué au nom d’un idéal le plus élevé possible, de nombreuses réflexions éducationnelles le reconnaissent sans difficulté. Mais on ne peut ignorer que le contenu de cet ‘‘ idéal’’, pour les nazis, se réduit à la préservation de la pureté de la race. » 175

Or, selon Aron : « il n’y a guère de communauté qui ne présente déjà des traces de société. Au début de l’ordre sociétaire, il y a souvent enthousiasme et héroïsme, de même que la communauté familiale prolonge la ligue fondée sur le seul amour. Toute ligue pour durer doit substituer la fidélité à l’amour, voir l’engagement précis à la fidélité totale. L’amitié doit devenir évidente comme dans une famille ou s’organiser en société. L’ordre juridique suppose d’abord un accord communautaire, mais, lorsque l’union inconsciente se relâche, les liens juridiques deviennent indispensables, à moins que de l’enthousiasme naisse progressivement une communauté nouvelle. » 176

Nous observons ainsi une sorte d’engrenage qui détériore progressivement des liens affectifs. Il en résulte une forme de normalisation pour affirmer et faire perdurer une organisation sociale. Circonscrite à une forme de coalition, ce type de système social sectaire, dictatorial et souvent ségrégationniste, s’effondre. Les exemples contemporains le démontrent : l’effondrement de l’URSS, les difficultés rencontrées par l’ONU face à la guerre du Golf, la disparition de la Société des Nations créée en 1919 et qui n’a pas survécu après la seconde guerre mondiale. 177

Faute de pouvoir envisager un idéal à dimension universelle, les individus se regroupent alors pour répondre à des aspirations marquées d’intérêts personnels ou suivant des attirances affectives qui facilite la création et le développement d’un communautarisme exacerbé. En effet, selon Minc : « toutes les minorités et idéologies dominées dont nous adoptons avec dévotion les aspirations pourraient, un jour, si elles ne trouvent pas en face d’elles une pensée collective, se coaguler aux dépens de la démocratie. » 178

C’est ainsi que pour sortir de l’enclavement culturel, l’Allemagne s’inspire maintenant d’un fondement culturel propre au fonctionnement de sa démocratie et de la Bundeswehr qui dépasse l’individu en tant que membre du peuple allemand pour considérer l’homme dans une dimension universelle. Cette disposition est exprimée dans l’article 2 de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne du 23 mai 1949  : « Chacun a droit au libre épanouissement de sa personnalité pourvu qu’il ne viole pas les droits d’autrui ni n’enfreigne l’ordre constitutionnel ou la loi morale. » 179 Dans le prolongement de ces intentions politiques le Livre blanc de la défense l’affirme dans l’expression du concept de la politique de sécurité et de défense allemande : « …Servir la cause de la paix signifie aussi aspirer à ce que tous les hommes et tous les peuples vivent dans la liberté, dans la paix et dans la dignité. » 180

Créée en 1954, avec son slogan : Wir sind da (nous sommes là), elle montre à la fois sa volonté et sa raison d’être. Son champ d’action est circonscrit à la défense du territoire, stipulée dans la Loi fondamentale. Résolument défensive dans une référence à la construction de la paix, l’armée allemande est l’armée de la Fédération. Elle est donc l’instrument d’une politique qui n’est pas liée directement à un peuple ou une nation mais qui dépasse les sensibilités culturelles exprimées dans les Länder, décideurs et responsables de l’éducation dans leur territoire. Armée de conscription, elle a effectué une véritable rupture avec les armées allemandes qui l’ont précédées, ce qui a fait dire à Paul Klein, directeur adjoint de l’Institut des sciences sociales de la Bundeswehr, lors d’une conférence dans le cadre des travaux de l’office franco-allemand pour la jeunesse, que la Bundeswehr n’était pas une armée comme les autres.

Selon Paul Klein, les différences sont parfois si importantes qu’elles peuvent se heurter à l’incompréhension des soldats des forces armées partenaires. Ainsi, précise-t-il, la symbolique extrêmement vivace et vivifiante pour les soldats de la Wehrmacht a été soigneusement écartée dans le fonctionnement de la Bundeswehr. Seuls quelques éléments majeurs font perdurer l’histoire de la politique allemande : le drapeau de la république de Weimar (Bundesfahne), l’aigle impérial et la croix de fer. L’uniforme a totalement changé, les parades et les défilés festifs ont été abrogés et le pas prussien abandonné.

La Bundeswehr n’a pas de passé historique, d’où l’absence de fêtes particulières ou de dates mémorables qui permettraient de se souvenir ou d’entretenir une tradition. Cette situation est plus particulièrement visible dans le patronyme des casernes qui rappellent des personnes ayant participé à la résistance contre Hitler. Le chancelier Adenauer était lui-même un résistant qui fut emprisonné pendant les heures hitlériennes. Les traditions de la Bundeswehr se remarquent à un autre niveau qui concerne les valeurs de la personne humaine telles que la fidélité, l’obéissance, l’attention envers les victimes des combats pour la liberté, le droit, la responsabilité individuelle dans la résistance. 181

La Bundeswehra coupé court au prestige de l’uniforme très présent pendant le III° Reich et prééminent pendant le II° Reich qui valorisait considérablement les militaires en activité y compris les réservistes. Une anecdote concernant un professeur illustre cette situation. Particulièrement méritant, il fut invité par le Kaiser en raison de ses résultats scientifiques. Sa majesté explique au professeur qu’en raison de son travail, il avait droit à exprimer librement un souhait. Plein de joie, le professeur demanda : « Majesté, j’aimerais être promu du grade de sous-lieutenant à celui de lieutenant de réserve. »

Pourtant, aujourd’hui il n’y a guère que l’uniforme pour différencier la fonction militaire du collègue civil. On doit s’adresser à tout soldat en faisant précéder son nom de « Herr » (monsieur) et de son grade. Les officiers ont pris pour habitude d’appeler un officier d’un grade inférieur ainsi que les sous-officiers anciens « Herr » suivi du nom. A l’inverse un supérieur en grade est toujours appelé par son grade ou « Herr. »

Dans la Bundeswehr, l’intendance n’est pas différenciée entre les catégories de personnels. Par exemple les officiers ont le même repas que les hommes de troupe. Les déjeuners pris en commun, appelés repas de cohésion par les militaires français, sont très rares. Cela est comparable avec les autres administrations. Les relations se bornent souvent à quelques rencontres annuelles, elles sont ordonnées par les supérieurs, et sont parfois impopulaires. Aux yeux de beaucoup, la Bundeswehr est devenue un lieu de travail comme un autre. On y vient le matin et on abandonne la caserne de façon ponctuelle après le service.

La Bundeswehr rassemble l’armée de terre, l’armée de l’air et la marine. La gendarmerie française n’a pas son semblable en Allemagne. La police civile est donc compétente à l’intérieur de la Bundeswehr. L’administration civile de la Bundeswehr (Bundeswehrverwaltung) est une composante importante tant en responsabilités qu’en prestige. Les domaines de compétence appartiennent au soutien et à la logistique ; ils concernent le personnel, l’aide sociale, l’assistance pour les affaires sociales, la planification des besoins, la programmation et la gestion des budgets. L’administration civile est représentée jusqu’au niveau des unités organiques combattantes du type régiment ou bataillon. Aux côtés de la Bundeswehrverwaltung, l’administration judiciairea créé, à l’intérieur de la Bundeswehr, un service juridique civil et indépendant qui concerne les trois armées. Ce service instruit les affaires en considérant le soldat en tant que citoyen comme les autres.

Ces spécificités de la Bundeswehr sont la concrétisation des deux idées qui dominaient lors de sa création. La première voulait empêcher que se développe, comme sous la République de Weimar, une armée définie comme un Etat dans l’Etat. La seconde voulait mettre sur un pied d’égalité les soldats et les citoyens, c’est-à-dire qu’on voulait préserver les droits civiques tant que les motifs militaires n’exigeaient pas une réserve d’expression.

Le concept du « citoyen en uniforme » caractérise alors le soldat allemand. Ainsi, toutes les possibilités d’engagement politique sont possibles comme pour chaque citoyen civil. Le soldat possède le droit de vote et peut être membre d’un parti politique et d’un syndicat. A l’intérieur de l’armée, le soldat dispose d’une personne de confiance à qui il peut s’adresser. Dans les compagnies ou les unités autonomes en fonctionnement, la fonction de cette personne de confiance est assurée après des élections par les militaires du rang et les sous-officiers. 182 Un soldat qui se sent victime d’une injustice, peut porter plainte. En outre, chaque membre des forces armées peut s’adresser, à chaque instant, au représentant du Bundestag sans intervention de la hiérarchie. Ce dernier a le droit d’effectuer des contrôles dans les unités sans s’annoncer. Les soldats ont la possibilité de remplir leur rôle de représentant élu du peuple dans tous les parlements de la R.F.A.. Les soldats qui assurent une fonction de maire dans une petite commune ne sont pas rares.

Au regard de la représentation collective, le syndicat du service public, des transports et de la circulation est actif dans la troupe. Il comprend cependant peu de soldats. En revanche, la majorité des soldats est organisée au sein du Deutsche Bundeswehrband. Il est, avec environ 250 000 membres, la plus grosse organisation de militaires du monde et rassemble tous les grades.

La R.F.A. s’est imposé des dispositions concrètes pour les soldats de la Bundeswehr afin qu’ils soient soldats, mais considérés aussi comme des citoyens. C’est ainsi qu’il existe des structures de formations professionnelles similaires à l’entreprise civile allemande. Dans la Bundeswehr, le Berufsfördrungdienst propose trois années de formation professionnelle pour les soldats qui atteignent 12 ans de service dont une année accordée pendant la durée du contrat. Des possibilités sont offertes aussi pour l’obtention de diplômes universitaires reconnus dans la société civile.

Les règlements orientent les comportements et fixent la conception de la discipline. En relation avec la pratique de la démocratie dans l’organisation sociale de l’Allemagne, ils sont similaires à ceux de l’armée française depuis 1975. Les relations entre les chefs et les subordonnés sont mobilisées par des objectifs à atteindre avec des responsabilités individuelles à assumer. Les actions sont conduites à partir de la détermination des principes de la mission qui laisse une autonomie d’action aux subordonnés. Les supérieurs donnent des ordres dont ils portent la responsabilité par la suite et sont donc obligés d’en vérifier la conformité. Les subordonnés doivent exécuter ces ordres en toute conscience ce qui leur donne le devoir de ne pas réaliser ceux qui porteraient atteinte, à leurs yeux, à la dignité humaine ou qui consisteraient à accomplir un crime ou un délit.

Cette responsabilité individuelle est donc l’expression du concept du citoyen en uniforme. Elle permet à la Bundeswehr de se faire accepter dans les Länder de l’ex R.D.A., en assimilant l’armée nationale populaire, la N.V.A., et de participer à l’intégration des citoyens de la partie Est de l’Allemagne. La Bundeswehr a, à cet égard, une fonction similaire à celle dédiée à l’armée française lorsque la conscription était pratiquée.

L’assimilation de la N.V.A. constitue une expérience particulière pour la Bundeswehr. « Armée de type socialiste », l’Armée Nationale Populaire était un instrument de l’Etat communiste et une organisation privilégiée du parti politique. Chaque soldat était contrôlé par ce parti qui était incontournable pour les promotions. Le futur conscrit de la N.V.A. recevait une éducation militaire amorcée dans l’adolescence. Contrairement aux armées occidentales dont les interventions reposent sur la défensive, les 175 000 soldats de la N.V.A. faisaient partie d’un système de disponibilité à grande capacité de réaction et d’offensive. 183 Le manque de référence démocratique au sens occidental a condamné la N.V.A. à sa propre perte par une dissolution lors de la réunification allemande. La veille de la réunification 90 000 militaires et 48 000 agents civils constituaient la N.V.A.. Des dispositifs de mise à la retraite et de reconversion ont permis de créer une armée unique placée sous l’autorité du ministre fédéral de la défense en sa qualité de chef des armées. 3 027 officiers, 7 639 sous-officiers, 207 militaires du rang ont été intégrés dans la Bundeswehr après une vérification des aptitudes pendant deux ans. Les 48 000 civils ont été pris en charge par la Bundeswehr avec la difficulté d’intégrer un nouveau référentiel puisque, contrairement à l’armée de la R.F.A., la N.V.A. ne connaissait pas la séparation entre les forces armées et l’administration de la défense.

Les armées se comprennent dans une référence à l’esprit communautaire. Elles s’inscrivent dans un enracinement historique avec une notion très prononcée pour les traditions et la reproduction, souvent mécanique, des générations précédentes. Pourtant, à ce stade de l’étude, la Bundeswehr apparaît vraiment différente des autres armées, de la Reichswehr, de la Wehrmacht mais aussi de l’armée française. Armée d’une fédération, elle illustre la notion de contrat qui est la caractéristique majeure du concept de nation à la Française. Elle est en contrat avec l’administration de la Bundeswehr, avec les projets politiques de la R.F.A., avec la société dans l’application du concept de soldat citoyen. La société attend qu’elle participe à l’intégration des allemands des Länder de l’ex R.D.A.. La conception de l’organisation de la Bundeswehr et son organisation, sous contrôle international, n’est donc pas celle d’une armée qui appartient à une nation de type communautaire : « Avec leur serment, les militaires de carrière, les militaires sous contrat et les appelés du contingent s’engagent à servir loyalement la République fédérale d’Allemagne et à défendre avec courage l’ordre légal et la liberté du peuple allemand. Ce serment traduit l’obligation morale du soldat à l’égard de valeurs définies par la Loi fondamentale. Le droit international et les droits de l’homme sont des éléments essentiels de ce système de valeurs, duquel émanent les lois ordinaires, par exemple la loi sur les statuts de militaires, qui contient la justification légale et définit les limites juridiques du devoir d’obéissance du soldat. » 184

La Bundeswehr demeure cependant une armée fortement intégrée et dépendante d’un système politique puisque, contrairement à l’armée française qui a un chef d’état-major des armées pour la mise en œuvre dans un système politique, le ministre fédéral de la défense allemand est chef des armées. Le monolithisme décisionnel pourrait donc interpeller l’observateur si la cour de Karlsruhe n’était pas un élément de contrôle de cette armée.

Notes
174.

In Penser l’éducation, Philosophie de l’éducation et Histoire des idées Pédagogiques, revue éditée par le Groupe de recherche pour l’éducation et la prospective, Université de Rouen, 1998, N° 6, p. 138 à 143.

175.

HANNOUN (H.). – Le nazisme, fausse éducation, véritable dressage, fondements idéologiques de la formation nazie, Presse Universitaire du Septentrion, 1997, p. 181.

176.

ARON (R.), op. cit. p. 23.

177.

Encyclopédie Hachette, op. cit., volume 11, p. 4152.

178.

MINC (A.). – Epîtres à nos nouveaux maîtres, Paris, Grasset, 2002, p. 265.

179.

Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne.

180.

Livre blanc sur la sécurité de la République fédérale d’Allemagne et la situation et l’avenir de la Bundeswehr, op. cit., Article 303, p. 41

181.

Klein (P.) (directeur adjoint de l’Institut des sciences sociales de la Bundeswehr). – La Bundeswehr n’est pas une armée comme les autres, conférence donnée dans le cadre des travaux de l’office franco-allemand pour la jeunesse, concernant les cultures militaires de la France et de l’Allemagne et la formation des citoyens dans le contexte de la construction européenne.

182.

Concept de l’Innere Führung (le) conférence donnée par Kapitän Jürgen Oelrich, Zentrum Innere Führung, Koblenz, September 1992. Cette conférence est présentée en annexe. Elle est connue de tous les officiers de liaison allemands qui doivent témoigner des fondements culturels de la Bundeswehr.

183.

Livre blanc sur la sécurité de la République fédérale d’Allemagne et la situation et l’avenir de la Bundeswehr, op. cit., p. 15.

184.

id.39 et 140.