CHAPITRE 1
LE SOLDAT DE LA PAIX

Le XX° siècle a été le siècle des extrêmes tant dans le progrès que dans l’horreur. La science a permis en effet des réalisations fantastiques dans le domaine de la santé, des technologies, par exemple, et en même temps les conflits mondiaux ont montré l’incapacité des hommes à maîtriser les moyens de destruction qu’ils se donnent pour leur défense.

Le nazisme, mais aussi Hiroshima comptent parmi les repères de l’histoire qui interrogent sur la manière d’engager les armées et les militaires qui les composent.

Ainsi, pendant « la guerre froide », la stabilité du monde reposait sur la dissuasion, en particulier de l’arme nucléaire. Cette arme vise à contraindre l’ennemi potentiel de ne pas agir militairement car s’il peut espérer des avantages d’une intervention, il aurait plus à craindre encore des effets de la riposte. Les armes de dissuasion sont en quelque sorte des armes de non-guerre.

En même temps, la décolonisation a mis en évidence le processus d’autodétermination des peuples pour vivre dans un cadre politique qu’ils se donneraient. La constitution française l’exprime explicitement : « En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d’outre-mer qui manifestent la volonté d’y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l’idéal commun de liberté, d’égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique.
Article premier. – La République et les peuples des territoires d’outre-mer qui, par un acte de libre détermination, adoptent la présente Constitution, instituent une Communauté.
La communauté est fondée sur l’égalité et la solidarité des peuples qui la composent. »250

Dans cette perspective, l’action militaire change de nature et le militaire lui-même devra réaliser des fonctions conséquentes qui traduiront de nouvelles attributions sous le statut de soldat de la paix. Ces orientations impliquent de contextualiser les origines du concept dans une dimension nationale et internationale pour en saisir ensuite les caractéristiques et les implications tant dans l’exercice du métier que dans les phases de formation qui y préparent.

Notes
250.

Constitution de la V° République de 1958, op. cit., préambule.