3. Tout se joue dans la formation. Un exemple d'expérience à l'O.F.A.J.

Pour y parvenir, il s’agit de dépasser les différences, c’est-à-dire de préserver le multiculturel des deux entités et de favoriser la mise en présence de différents parcours singuliers. L’observation participante du programme de l’O.F.A.J., 1997-2000, « Les cultures militaires de la France et de l’Allemagne et la formation des citoyens dans le contexte d’un projet de construction européenne » va fournir des éléments à comprendre dans un espace interculturel. Une intervention directe auprès des participants m’a procuré l’occasion privilégiée de tenir une fonction de formateur dans un échange de savoirs et en même temps une fonction de chercheur dans le cadre de notre étude. Les conclusions de fin de séance sont abordées tant dans le domaine des modalités que dans les savoirs émergés.

Un programme O.F.A.J. s’inscrit dans une activité de recherche d’une manière contractuelle entre des animateurs et le bureau IV : formation interculturelle de l’O.F.A.J.. Les animateurs constituent, en réalité, une équipe de chercheurs qui a pour objectif d’écrire une contribution à paraître dans les éditions de l’O.F.A.J. Les participants composent alors un laboratoire expérimental sur le thème considéré.

La charte de l’O.F.A.J. fixe les modalités de fonctionnement avec en particulier les procédés pédagogiques qui doivent guider les principes de travail au sein des groupes. Les aspirations individuelles sont préservées et chacun des participants assouvit ses attentes qui sont les mobiles, souvent cachés, de leur contribution.

Le programme O.F.A.J. « Les cultures militaires de la France et de l’Allemagne et la formation des citoyens dans le contexte d’un projet de construction européenne » présente un centre d’intérêts particuliers dans la mesure où les participants sont d’origines très diverses tant en terme de nationalité qu’en terme de profession. Le thème de travail répond aussi directement à l’objet de la présente étude. C’est pour cette raison que j’ai posé ma candidature en tant que participant, invité par un participant, habitué des programmes, titulaire d’une maîtrise en sciences de l’éducation, exerçant la même profession que moi. Ma participation dans ce programme, à titre privé, est dégagée de toute contrainte institutionnelle. Cependant, au sein du groupe, ma présence n’est pas neutre ni dans la dimension professionnelle, ni dans la dimension fonctionnelle de formateur. La fréquence des rencontres est semestrielle, sous forme de séminaire d’une semaine, alternativement en France et en Allemagne.

Les ambitions des chercheurs, soucieux de produire un résultat, se traduisent par des attitudes d’exigence qui désorientent les participants dans la mesure où ces derniers peuvent avoir l’impression d’être en tension entre deux statuts : objet de recherche dans un thème défini et sujet contribuant à résoudre la problématique du thème considéré.

Les méthodes de travail présentent quelques difficultés pendant les premiers séminaires. Chaque participant affiche une volonté d’imposer ses références et ses points de vue. Le besoin de reconnaissance marque les différences. Cette situation est observable aussi chez les chercheurs. La primauté de l’organisation est recherchée, et la production des idées devient le souci des intervenants. Concrètement les interventions sont longues et elles prédisposent à la confrontation d'idées sans avoir de temps pour l’échange puisqu’il faut respecter le programme. Les interventions sont didactiques et s’imposent aux participants.