1.1. Le papier peint à la fin du XVIIIe siècle

Si l’on entend par papier peint un rouleau de papier décoré d’un motif, avant les années 1760, il n’y a que les Anglais qui en produisent dans leurs ateliers de Londres, depuis le début du siècle, sinon la fin du siècle précédent. Si l’impression à la détrempe y est pratiquée depuis plusieurs décennies, le principal titre de gloire des manufacturiers britanniques est le fait des flockpapers, ces papiers qui, à partir des années 1730, imitent de gigantesques motifs de damas baroque à l’aide de laine hachée, collée sur le papier, en reprenant une technique connue dès le XVIe siècle (ill° 2.1)63. Ces papiers sont posés sur le mur dans les appartements de parade aristocratiques, jusque chez les souverains à Hampton Court ou Whitehall

Imprimés en détrempe ou en floquage, les papiers peints anglais sont largement exportés dans le Nord de l’Europe, en Espagne et au Portugal et dans les colonies d’Amérique du Nord. La France des années 1750 n’y est pas indifférente, mais ces papiers y rencontrent la concurrence des « papiers de tapisserie »(ill° 1.4), qui font appel à un mode différent de fabrication, puis, dans les années 1770, celle des véritables papiers peints produits sur le sol français64.

Notes
63.

Jacqué, catalogue Idjel stof, Anvers 2001, p. 202-204. Voir infra ce qui concerne la rechnique de la tontisse.

64.

Le chapitre qu’Anthony Wells-Cole consacre au papier peint anglais au XVIIIe siècle dans l’ouvrage de Lesley Hoskins 1994, p. 22-41, est la meilleure synthèse actuelle sur la question.