1.4. A la conquête du marché

L’essor de la production du papier peint entraîne la naissance et l’essor d’un réseau commercial adapté à ce nouveau produit. Pour étudier son organisation, nous avons la chance de disposer du fonds d’archives de la manufacture de Mulhouse depuis son origine en 1790, ce qui permet de comprendre la mise en place des structures de commercialisation et d’en étudier le fonctionnement.

Quand la manufacture ouvre ses portes, les copies de lettres412 laissent entendre que la manufacture dispose déjà d’un embryon de réseau en Allemagne et aux Pays-Bas : des dépôts ont été installés à Hambourg, Amsterdam, Francfort et des tentatives sont en voie pour en installer un à Leipzig. Comme nous le verrons, ce réseau ne tient évidemment pas du hasard. C’est ce marché nordique que la manufacture, dans un premier temps, va essayer de développer avant de l’élargir à la Suisse, à l’Italie et même à l’Espagne. En revanche, elle hésite à entrer sur le marché français, à l’exception de l’Alsace. Les manufactures parisiennes et lyonnaises y tiennent le haut du pavé et, qui plus est, Mulhouse revend en partie leurs produits – et peut donc difficilement le faire sur leur propre marché ; par ailleurs, en ces années révolutionnaires, les variations du cours de l’assignat rendent ce marché aussi incertain que peu attractif pour une ville encore indépendante où l’on privilégie le numéraire. Elle ne s’y décide que tardivement et partiellement.

Dans un premier temps, nous verrons comment la manufacture place ses produits avant d’étudier ensuite de façon plus précise ses marchés pour la période 1795-1802.

Notes
412.

On a utilisé ici les livres de copies de lettres MPP Z 94-99, Z 107-108, Z 110, Z 114.