1.4.1. La politique d’entrepôts

Au cours de la période 1790-1802, l’essentiel de la vente se fait sur commission, des « voyageurs » proposant aux clients de choisir dans des collections ce qu’ils sont susceptibles de vendre. Mais la manufacture a aussi, dès ses débuts, pratiqué le dépôt. En revanche, les ventes directes sur place semblent l’exception, la manufacture n’investissant que tardivement dans un magasin parisien. Lorsque la manufacture ouvre ses portes, en 1790, des contacts dans les pays du Nord ont permis d’ouvrir d’emblée des entrepôts à Amsterdam (Van Endt), à Francfort (Ramadier) et à Bâle  (Braun) ; en revanche, elle ne réussit pas à Leipzig avec Naubert.

En 1795, ces entrepôts ont perdu de leur importance : la guerre dans les Pays-Bas a tari ce marché et l’entrepôt d’Amsterdam est clos en mars 1794413. De 1794 à 1802, d’après le Grand livre, les entrepôts, sans être négligeables, ont perdu sinon leur importance, du moins leur diversité. Y sont déposées pour 290 714 livres de marchandises, alors qu’au même moment, les ventes par commission représentent 941 046 livres. Mais sur ce chiffre, les trois dépôts de Hambourg se montent à 260 223 livres (89,5 %), dont 225 646 pour Syllinck & Moll (86,7 %). Les autres dépôts allemands sont insignifiants : 63 48 livres, 2,2 %. Suivent par leur taille les dépôts italiens, quatre dépôts à Livourne, Naples, Rome et Venise pour 14 342 livres (4,9 %). Le dépôt de Bâle se monte à 9 371 livres (3,2 %). Les dépôts français (1,3 %) et espagnols (1 %) sont là quasi pour mémoire. Finalement, les deux dépôts de Hambourg sont fermés en octobre 1801414. En fait, il s’agissait des seuls dépôts notables, et de très loin ; nous aurons par ailleurs l’occasion de voir l’importance de cette ville en matière de vente à commissions.

Nous ignorons les conditions précises de ces dépôts. Un échange de lettres de mai 1792 avec le voyageur Aubin envisage avec Syllinck & Moll de Hambourg un compte à demi en leur abandonnant une zone de chalandise de 30 lieues autour de la ville415..

Enfin, à partir du printemps 1798, s’ouvre un dépôt à Paris, rapidement complété par une boutique.

Notes
413.

Lettre à Aubin, 19 mars 1794, MPP Z 96.

414.

Zuber 1895, p. 54.

415.

MPP Z 95, 2 mai 1792.