1.6.2. Les panneaux de papier peint

Ce système décoratif associant papier peint et bordure, qui s’est révélé de règle tout au long de l’histoire de ce type de tenture, jusqu’à nos jours, prend souvent des formes plus complexes qui tirent leurs origines du décor mural traditionnel du XVIIIe siècle : les murs d’un intérieur élégant ne se concoivent alors que rigoureusement structurés ; ils s’organisent sous forme de « compartiments » ; que l’on utilise des lambris, un décor de stuc ou une tenture murale, le mur se divisait en panneaux de dimensions variées, organisés en fonction d’un principe de symétrie à partir le plus souvent de la cheminée628. Et lorsque, par la suite, l’on commence à utiliser du papier peint, les décorateurs s’efforcent de recréer ces panneaux sur le mur lisse plâtré qu’ils ont à leur disposition. Un exemple parmi des dizaines d’autres629 : l’aménagement du salon de Monsieur de Bombelles, un officier de Madame Élisabeth, au château de Montreuil en 1789 :

‘3 panneaux grisaille cendre bleu arabesques peints de 6 pieds de haut sur 2 pieds 6 de large 42 126
2 dito de 3 pieds de large sur même hauteur a 48 96
1 dito de 2 pieds de large sur même hauteur 42
1 dito de 3 pieds 6 même hauteur 48
21 camets dans lesdits panneaux dont 3 dans chaque 9 le dit 63
78 pieds d’ornement grisaille aplat pour encad. des dits camets 2 7 16
11 Pilastres fond brun en coloris peint avec 3 camets grisaille de 6 pieds de haut sur 6 de large 27 297
264 pieds de tors de fleurs de 3 pour les champs 6 79 4
244 pieds d’ornement gris de 10 lignes pour l’encadrement des panneaux et des pilastres 2 24 8’

Le mur nu a donc ici été divisé, grâce à divers papiers peints (imprimés ou effectivement peints, comme les « panneaux grisaille » au vu de leur prix), en sept panneaux de différentes largeurs décorés de médaillons, combinés à onze pilastres, avec les encadrements adéquats, en tenant sans doute compte de la cheminée, des portes et fenêtres630. La pièce possédait sans doute des bas de lambris en boiserie et une corniche en stuc, puisqu’il n’a pas été fait appel à du papier peint pour les créer.

Notes
628.

L’ouvrage de Thornton 1984 (trad° française 1986) analyse ce phénomène dans les chapitres d’introduction de chaque période chronologique et en montre de très nombreux exemples. On peut aussi se référer à l’ouvrage de Pons 1995, pour en voir la forme la plus élaborée et la plus raffinée.

629.

A.N. O13650,2, mémoire d’Arthur & Robert.

630.

Ce type de décor n’est réservé qu’à des pièces d’apparat : au contraire, comme on l’a vu, les pièces de service ne font pas l’objet de ce type de décor : lorsqu’on y pose du papier peint, il couvre toute la surface au dessus de la plinthe ou d’un bas de lambris, avec parfois une bordure.