2.3.5. Les progrès de l’impression à la planche

Si le XVIIIe siècle a pratiqué une impression fréquemment imprécise – encore que vivante -, l’évolution des arts1115 et sans doute aussi des esprits impose une impression toujours plus nette. Dans un premier temps, les motifs néoclassiques supposent un repérage très exact des rentrures, conforme aux principes esthétiques qui se mettent en place dès l’extrême fin du XVIIIe siècle. Et plus on avance dans le siècle, plus l’impression se fait précise, fine.

C’est sans doute avec les draperies de Dufour, à partir de 1808, que cette rigueur apparaît le plus nettement. Désormais la presse devient absolument nécessaire : si elle était déjà utilisée pour l’impression des mordants de tontisse à cette époque, elle devient désormais de règle pour les autres impressions, sans que l’on puisse dire à l’année près quand elle s’est imposée dans les ateliers : sans doute progressivement, mais dans la première édition de Le Normand, en 1822, il ne connaît pas d’autre mode d’impression, le maillet a donc disparu1116.

La table reste à peu de choses près la même, d’une manufacture à l’autre, ne différant guère de celle du XVIIIe siècle. Le « service des arts industriels » de la manufacture de Sèvres, daté de 1828, nous en offre la plus ancienne représentation connue (ill° 12. 2)1117. S’ajoute à la table traditionnelle, sur le côté opposé à celui de l’imprimeur, un solide montant horizontal sous lequel ce dernier glisse son long levier, non fixé ; sur la planche a été posé un « morceau de bois qui a la forme d’un petit chevalet, qu’on nomme tasseau » écrit Le Normand1118. L’imprimeur repose son levier sur ce chevalet alors que l’extrémité du levier est maintenue par la traverse face à lui. Le tireur qui l’accompagne appuie fortement sur le levier ce qui permet l’impression du motif de la planche.

Ce système s’est maintenu par la suite : Figuier, en 1864, reproduit exactement le même levier, toujours utilisé dans un atelier parisien.

Notes
1115.

Avec l’essor du néoclassicisme, impliquant plus de rigueur dans le dessin.

1116.

A ce propos, nous n’avons pas la même opinion que Christine Velut (Velut 2000, p. 378) : la presse est utilisée dès le XVIIIe siècle dès que l’on use de mordants, mais non pour les impressions normales en détrempe où elle n’apparaît qu’au XIXe siècle.

1117.

Bruignac 1995, p. 70. Elle ne diffère pas de celle de Schmidt 1856 (Jacqué 1992a) sans doute beaucoup plus ancienne que l’ouvrage proprement dit.

1118.

En revanche, à le lire, on a le sentiment que l’imprimeur fait reposer son levier sur la barre qui se trouve sur l’établi, ce qui n’est pas le cas.