2.4.16. Les Courses de chevaux1559

Au cours de l’année 1835, peut-être lorsque Deltil est venu à Rixheim pour corriger les Vues d’Amérique du Nord, la décision a été prise de créer un nouveau panoramique en camaïeu. Le 23 novembre, la première maquette est prête :

‘Je vous envoie, Monsieur, le croquis général de notre projet de paysage en grisaille. Je l’ai divisé en 4 tableaux dont le premier représente : des chevaux romains préparés pour la course, la 2e représente la même course, telle qu’elle a lieu à Rome, la 3e une course de chevaux anglais et la 4e une course française. ’

Et comme à l’ordinaire, Deltil ajoute :

‘Je crois ce sujet d’un grand intérêt et entièrement neuf en papiers peints et je ferai en sorte d’augmenter cet intérêt par l’exécution des détails.’

Ce courrier est le seul conservé : s’y ajoute une note crayonnée de Frédéric Zuber-Frauger en vue d’un déplacement dans la capitale, non datée. Si tout n’est pas lisible, du moins peut-on distinguer les remarques suivantes :

‘Mettre plus d’équipages, des épisodes ( ?), scènes habituelles, changer la course françse en course de particulr dite du clocher (steeple chase) ; scène de carnaval plus prononcée à la suite de la cse romaine au sd plan de la Caratella.’

Cette note semble être une réponse à cet envoi. Le 15 mars, Frédéric Zuber-Frauger, présent à Paris, écrit à la manufacture :

‘Deltil est ici et il est difficile de se débarrasser de lui, nous avons longuement discuté nos projets de paysages & sommes d’accord pour les changemens à faire aux courses de chevaux.’

Plus rien ensuite. La gravure commence en 1836 et les 765 planches sont achevées en janvier 1838 : la mise sur bois a coûté 1280 francs et la gravure proprement dite 3220.. La mise sur le marché se fait la même année, mais elle n’est pas précisément documentée.

Le choix du thème, le prospectus intitulé « Description d’un paysage en papier peint représentant les courses de chevaux, exécuté en camayeux, sur 32 lés de 18 pouces » s’en explique1560 :

‘Les courses de chevaux commencent à se naturaliser en France ; nous avons pensé qu’en réunissant dans un tableau les scènes les plus marquantes de ces fêtes, telles qu’on les voit en Angleterre, en France et à Rome, nous produirions un décor plein d’intérêt, et nous nous flattons que son succès égalera celui de nos précédentes productions en ce genre de tentures, convenables surtout pour les salons de campagne.’

Le propos est clair : un sujet neuf, à la mode et, du point de vue commercial, un produit simple et peu coûteux, adapté aux résidences de villégiature.

Nous en ignorons l’essentiel des sources : en revanche, pour la scène romaine, bien documentée (ill° 37. 3a & b)1561, le travail de Deltil consiste à simplifier le dessin original pour en faciliter la transcription à la planche et à lui donner l’ampleur nécessaire par un jeu de répétition de façon à lui permettre de passer du format d’une lithographie à celui du mur.

Ce panoramique, dont les premières ventes nous échappent, va cependant rencontrer le succès à long terme : il n’est pas dégravé, on le retrouve en vente en 1905 en Amérique et il donnera lieu à des rééditions tout au long du XXe siècle.

Notes
1559.

Nouvel-Kammerer n° 34, 1837, n° 3201-3232, 32 lés, 767 planches, camaïeu, 18 couleurs ill° 37.

1560.

Et cette explication peut être rapprochée du travail de Nicole de Blomac sur les courses de chevaux de 1991.

1561.

Une lithographie de l’ouvrage d’Antoine Jean Baptiste Thomas, Un an à Rome et dans ses environs, dessinée par E. Lemaître (exemplaire conservé dans les collections du MPP).