2.6.3.3. Les décors en draperie

La production de Dufour n’aboutit pas pour les draperies à de véritables décors : la manufacture propose des draperies et le décorateur, en utilisant à bon escient un jeu de bordures et de frises, est à même de créer un décor. En revanche, le Musée des arts décoratifs de Paris possède une série de projets de décors en draperie dont deux au moins ont été créés1712. Ce sont des gouaches, ou des aquarelles relevées de gouache, de petite taille, sans doute les premières propositions destinées à un manufacturier demeuré inconnu, vers 1810, au vu de leur sobriété. Deux d’entre elles proposent des variantes.

On a affaire ici à de véritables décors associant des draperies à tout un ensemble d’éléments décoratifs : plinthe, lambris, colonnes supportant des draperies, frises… Les draperies ne sont plus qu’un élément d’un ensemble, à la différence des créations de Dufour.

Les motifs de draperie retenus sont d’un modèle très sobre : quelques traits latéraux suggèrent les plis, alors que la partie centrale propose une surface lisse. Par ailleurs, la plupart de ces draperies ont un caractère répétitif et peuvent permettre d’allonger en hauteur le décor, si nécessaire.

(autres exemples ?)

La manufacture Jean Zuber & Cie a fourni, sans doute par un revendeur local, à la Résidence de Munich un décor de draperie , créé en 1819 et reproduit avec un rare luxe de détails dans une aquarelle où François Xavier Nachtmann a représenté le cabinet de toilette de la princesse Thérèse, épouse du futur Louis 1er (ill° 45c. 1) 1713. Le décor de cette pièce, plafond compris, est réalisé en papier peint. Dans la partie supérieure de la pièce courent deux frises d’ornement d’architecture traitées en camaïeu d’ocre. Dessous vient une frise complexe de draperie rouge supportant des fleurs. De cette frise tombe une ample mais fine draperie rouge jusque sur le bas de lambris, supportant elle aussi des fleurs en son ventre ; cette draperie se détache sur un papier uni relevé d’un simple motif vertical de feuillage. Le lambris ici posé est plus ancien mais de même provenance1714. Dans le cas de cette pièce, nous sommes à la limite du décor : on peut juger qu’il s’agit davantage de différents motifs coordonnés, encore que la cohérence de l’ensemble laisse supposer une stricte organisation des éléments, difficiles à utiliser seuls.

Notes
1712.

Deux sont reproduits dans Nouvel 1981, n° 551 (inv. HH 1907) et 552 (HH 1911) et deux dans Bruignac 1995, p. 46 et 47, sans cote d’inventaire. Il est possible qu’il y en ait d’autres, voir Paris 1967 n° 361 et 364.

1713.

Ottomeyer 1974, p. 104, Thornton 1984, n° 299. Papier peint n° 1686.

1714.

Nouvel 1981, n° 461, dans une variante de couleur différente.