3. L’automne du papier peint traditionnel (1850-1914)

En 1851 triomphent à Londres les formules les plus traditionnelles du papier peint, brillamment défendues par les manufactures françaises. Mais ces entrepreneurs sont suffisamment lucides pour comprendre la menace que représente la mécanisation qui vient de démarrer. Il n’est pas sûr en revanche qu’ils aient subodoré les problèmes esthétiques que masquait leur victoire totale : en réaction aux motifs qu’ils défendent, des théoriciens anglais vont défendre une réforme du motif qui va lentement s’affirmer pour finir par tailler des croupières dans la création française et menacer une partie de ses marchés, en particulier américains¹⁷⁷⁴. Cependant, une histoire sans doute trop déterministe a voulu voir dans cette démarche non seulement les débuts de la modernité, mais la seule source de motifs, en oubliant que les formules traditionnelles avaient encore devant elles un long et brillant automne qu’on ne saurait pour autant confondre avec de l’inertie¹⁷⁷⁵. C’est ainsi, par exemple, que le stand de Jean Zuber & Cie à l’Exposition de Saint Louis (USA) en 1904 s’organise autour d’un panoramique créé en 1849, l’Eldorado (ill° 39. 3), d’un décor médaillé à l’Exposition de 1867, le Décor Gobelins (ill° 44. 3b), légèrement modifié auxquels s’ajoute un ensemble de papiers peints totalement intemporels, pour l’essentiel à motifs de damas¹⁷⁷⁶.

Une telle constatation, confortée par l’étude des techniques où le renouvellement va de pair avec le perfectionnement de l’acquis, par la description des produits mis avec succès sur le marché explique, entre autres, le maintien de la prospérité de la manufacture de Rixheim, quel que soit son apparent engourdissement.