3.2. La manufacture Jean Zuber & Cie : la troisième génération au pouvoir (1853-1918)

A partir des années 1850 arrive au pouvoir la troisième génération, Frédéric Zuber-Frauger prenant sa retraite en 1851 tandis que son frère Jean Zuber-Karth meurt en 18531780, un an seulement après son père : Ivan Zuber (ill° 9.5)1781, fils de Jean, devient le pivot de l’entreprise ; et même s’il démissionne en 1907, il reste présent à Rixheim jusqu’à sa mort en 1919, assurant la pérennité ; sa belle-mère, la veuve du second mariage de Jean Zuber-Karth, Élise Oppermann, qui détient la majorité du capital, est associée commanditaire ; pour la première fois donc, une femme devient associée en 1853 et le reste jusqu’à son décès en 1890 : si la monographie de l’affaire en 1897 la mentionne bien comme « associée commanditaire », elle ne figure pas dans le « tableau des chefs successifs de la fabrique », ce qui confirme qu’elle n’intervient pas effectivement dans la marche de l’entreprise. A cette date, on trouve aussi comme associé de 1848 à 1856 Édouard Karth1782, beau-frère du premier mariage de Jean Zuber-Karth, de 1855 à 1860 François Joseph1783, gendre de Frédéric Zuber, de 1856 à 1898, Émile Zuber1784, fils de Frédéric. ; s’y ajoute en 1893 Harry Wearne, un dessinateur anglais venu travailler en 1882 à Rixheim, après avoir travaillé à Paris à partir de 1873 chez Gillou : il a épousé en 1888 une fille d’Émile , Emma1785.

Cette situation assure une grande continuité à l’entreprise, mais accentue le poids de la tradition : le souci de la qualité, en particulier, aboutit à privilégier le haut de gamme, alors que la production du papier peint connaît pendant cette période un essor quantitatif extraordinaire, grâce à la mécanisation qui lui ouvre désormais largement le marché populaire ; Edouard Karth, en désaccord il est vrai avec les autres associés, voit même dans l’essor des procédés mécaniques un des « vers rongeurs de la Maison1786 ». Notons aussi que la manufacture qui s’était affirmée à la pointe du progrès technique dans la première moitié du siècle, n’a plus déposé un seul brevet après 1843. Par ailleurs, le choix fait par Jean Zuber en 1804 de lier papier et papier peint est rompu en 1851 : la papeterie prend alors la raison sociale Zuber-Rieder & Cie et développe son activité propre indépendamment de la manufacture de Rixheim1787.

En 18521788, la manufacture de papiers peints emploie 108 hommes, 34 femmes, 99 enfants (341 personnes) pour 70 à 80 tables, une machine à rouleau de cuivre, une « six couleurs » et produit pour 400 à 500 000 francs. En 1853-54, 400 000 rouleaux sortent de l’entreprise : 30 % sont vendus en France, 22 % en Amérique et le solde en Europe1789 : la seule différence notable par rapport à 1847, c’est la nette reprise de l’Amérique, toujours irrégulière. En 1862, 280 ouvriers travaillent dans l’entreprise et produisent pour 700 000 francs, un chiffre en nette augmentation par rapport au début du Second Empire. En dépit du déclin du panoramique, la manufacture accroît son activité et profite du libre-échange auquel elle a toujours été favorable1790.

Un courrier d’Ivan Zuber adressé en 1867 à W. F. Exner qui réunit de la documentation en vue de son ouvrage Tapeten- und Buntpapierindustrie 1791, donne une idée précise de l’entreprise1792. Le manufacturier y distingue d’abord deux sortes d’entreprises, celles qui travaillent à la machine et celles qui travaillent à la main. L’essor des premières est inéluctable ; quant aux secondes, elles se caractérisent par la qualité de leurs produits :

‘Sur l’article fin en revanche c’est toujours le goût dans les dessins & dans la combinaison des couleurs, puis le concours d’artistes de grand talent obtenu non sans gr(ands) sacrifices1793 qui fait principalement le charme des produits (…) ; mais il faut aussi citer les papiers dits frappés obtenus au balancier qui ont un gr(and) succès ces dernières années ; puis les repoussés imitant les anciens cuirs obtenus soit par cylindre soit par balancier & qui ont été aussi très goûtés.’

A l’évidence et en dépit de son avance en France en matière d’impression mécanique, la manufacture se situe dans ce créneau, au vu de sa production dominée par les « articles fins » : de l’acquisition de sa première machine en 1850 jusqu’à celle d’une machine 12 couleurs en 1877, la manufacture met sur le marché 333 motifs imprimés mécaniquement, contre 3357 imprimés à la planche pendant la même période1794, soit dix fois moins ; de même le seul matériel notable acquis pendant la période est une presse à balancier Steinmetz qui apparaît à l’inventaire de 1864 ; l’investissement avec le matériel annexe se monte à 5300 francs. Or une telle presse, destinée à frapper et à gaufrer le papier peint est manuelle et elle ne peut agir qu’au coup pour coup et non en continu, ce qui donne un produit de grande qualité, mais coûteux ; de 1864 à 1877, 330 motifs de ce type sont mis sur le marché, quasiment le même nombre que les motifs imprimés mécaniquement à bas prix. Confirmant ces options, Ivan Zuber écrit d’ailleurs le 31 mars 18671795 à De Kaeppelin1796 :

‘Nous n’avons cessé de travailler à perfectionner (le) genre de produits mécaniques sans cependant lui donner trop de développement, notre principal article devant rester l’article fin.’

Ce choix s’explique certes par le poids de la tradition, mais c’est aussi un choix économique. Installée à Rixheim, la manufacture disposait d’une main d’œuvre relativement peu coûteuse1797 et bien formée dans le cadre de l’apprentissage familial : on travaille de père en fils dans l’entreprise et souvent sa vie durant. En 1867, ne propose-t-elle pas pour des récompenses à la Société industrielle de Mulhouse des ouvriers qui ont jusqu’à 47 années d’entreprise « sans compter celles comme garçon », c’est-à-dire comme apprenti1798 : ceci permet donc, avec un bon atelier de dessin, de privilégier « l’article fin », domaine dans lequel les Français sont imbattables et peuvent largement exporter. En revanche, la concurrence étrangère, en particulier la concurrence anglaise après le traité de libre-échange de 1860, est très rude sur les produits courants, imprimés mécaniquement.

Dans cette logique, Ivan Zuber décrit ainsi sa manufacture à Exner :

‘Seul établissement réputé à la fois pour l’article fin & pour les produits mécaniques à bon marché, il réunit tous les procédés de fabrication les plus variés, tels que :
80 tables d’impression à la main avec tous les appareils accessoires
7 tables à rayures à l’auge
8 machines à gaufrer au rouleau1799
3 machines à imprimer au rouleau & (aux) cylindres1800
1 balancier p. (our) frappés
1 machine pour papier chêne naturel1801
machines à vapeur de 12 chevaux
usine à gaz1802
fabrication de couleurs
ateliers de gravure, de menuiserie, de forge, &c…
Occupe en temps normal 280 à 300 ouvriers
Exportation, environ 60 % des produits.’

A titre de comparaison, l’entreprise la plus importante de Paris, Gillou fils & Thorailler, possède à la même date huit machines anglaises à imprimer mues à la vapeur (quatre « 4 couleurs », trois « 8 couleurs » et une « 14 couleurs ») et seize machines à bras. ; elle dispose aussi d’accrocheuses américaines1803.

La manufacture de Rixheim était particulièrement bien adaptée à la création de panoramiques, une spécialité majeure de la maison depuis ses débuts : or ceux-ci sont en déclin au cours des années 1850 ; les Zones terrestres (ill° 40)sont la dernière création notable de panoramique pour l’Exposition de 1855, même si, stricto sensu, le Jardin japonais (ill° 41) de 1861 est encore une manière de panoramique, mais très modeste par rapport à ceux qui l’ont précédé1804.Il s’agit de continuer à disposer de ce que la manufacture nomme à partir de l’inventaire de 1867 des « articles de fond », c’est-à-dire des articles supposant un investissement important et appelés à être imprimés plus que le temps d’une collection. Imitant ses confrères qui ont présenté à l’Exposition de 1855 des « tableaux »1805, elle se lance à son tour dans ce domaine et programme cinq créations en 1859, mises sur le marché de 1861 à 1863, en se spécialisant cependant dans le paysage, en conformité avec ses traditions. Par ailleurs, elle intensifie sa production de décors qui deviennent tout à la fois plus importants et plus luxueux, pour les Expositions, certes, comme le Décor Gobelins (ill° 44. 3)en 1867, mais pas uniquement : un grand décor est mis sur le marché au moins tous les deux ans à partir de 1850, à un rythme plus rapide qu’auparavant1806. « L’article fin » continue à dominer.

« La période 1850 à 1860 fut très prospère, celle de 1860 à 1870 fut en revanche dure et ingrate » selon la monographie de l’entreprise lors du centenaire de 1897. De fait, les bénéfices des années cinquante se révèlent stables, mais sans rapport avec ceux des très grandes années, leur moyenne s’établit à 55 000 francs ; en revanche, ils ne sont plus que de 18 500 francs, dont une année aux résultats nuls et deux années de perte (annexe 5). Dans les années suivantes, la guerre n’entraîne pas de profond changement dans l’entreprise : la manufacture est épargnée par les combats et les mêmes personnes restent aux commandes ; l’administration continue à se faire en français et les comptes en francs (même si le change en mark apparaît dans la comptabilité) ; dans un premier temps, les marchés ne varient pas dans la mesure où l’industrie alsacienne obtient jusqu’en 1873 le maintien de la situation antérieure. Par la suite, l’entreprise va s’intégrer aux syndicats professionnels allemands. Si le contact avec Paris reste étroit, en particulier dans le domaine des dessinateurs, l’entreprise n’est pas présente aux Expositions parisiennes de 1878, 1889 et 1900, pas plus qu’aux autres d’ailleurs, à l’exception des américaines, Chicago en 1893 et Saint Louis en 19041807. Du point de vue juridique, la loi allemande impose une modification qui ne change en rien la mainmise familiale et la stratégie de l’entreprise : le 17 mai 1890, l’affaire se transforme en société en commandite par actions entre Ivan Zuber, Émile Zuber et Élise Oppermann-Zuber1808 ; le fonds social se monte à 750 000 francs divisés en 300 actions ; Élise Oppermann-Zuber en reçoit 90 en contrepartie de son apport immobilier (la Commanderie et son enclos, dont elle garde la jouissance gratuite à ses frais), tandis qu’Ivan et Émile deviennent gérants et à ce titre reçoivent chacun 18 actions inaliénables ; les autres actions sont souscrites  par les deux gérants (Ivan : 74 et Émile : 55), des cadres de l’entreprise et des membres de la famille : mais le décès de la troisième associée le 27 novembre de la même année modifie la répartition des actions prévue au départ. En 1893, le gendre Harry Wearne, devenu gérant à compter du 1er juin, doit déposer 12 actions comme garantie. Les statuts prévoient enfin que les gérants se partagent la moitié des bénéfices et disposent d’une indemnité collective de 30 000 francs et du logement sur place. Le 31 mai 1898, Émile Zuber démissionne. Il est remplacé en 1900 par Georges Gayelin, le fondé de pouvoir de l’entreprise depuis de longues années1809 : c’est le premier associé-gérant à ne pas être membre de la famille ; homme de confiance, il a surtout l’avantage de disposer de l’indigénat alsacien, alors que la jeune génération de la famille, refusant le service militaire allemand, a opté pour la nationalité française, ce qui ne va pas sans poser problème avec l’administration allemande1810. Louis Zuber1811, fils du peintre Henri Zuber et petit-fils de Jean Zuber-Karth, entre dans l’affaire en 1907. La situation ne change pas jusqu’à la guerre : profitant de la proximité de Bâle, à la déclaration de guerre, Harry Wearne rejoint les États-Unis et Louis Zuber la France, où il se bat du côté français ; Georges Gayelin reste seul gérant à Rixheim.

Ces hommes évoluent dans un cadre qui a peu changé par rapport aux générations précédentes. A la fin du XIXe siècle ou au début du XXe, la manufacture fait appel à la firme Eckert & Pflug Kunstantalt de Leipzig pour réaliser une grande vue (ill° 9. 5) destinée sans doute au marché américain puisque le titre est rédigé en anglais1812 : « J. Zuber & C°, Rixheim, Alsace / Manufacturers of Wall Paper & Cretonne / Established 17971813 ». Cette vue se retrouve sur le papier à lettres de l’entreprise. On y voit du ciel l’ensemble des bâtiments ainsi que leur environnement, le tout représenté avec précision sinon raideur. Cependant, afin de donner plus d’importance à l’entreprise, on a éliminé une grande partie des constructions qui l’entourent et on en oublie que la manufacture se dresse au cœur d’un village ; par ailleurs, sans doute à des fins de lisibilité, la cour de la Commanderie apparaît sous la forme d’un banal jardin sans arbre1814. Les bâtiments industriels situés à main droite de la Commanderie ont pris de l’ampleur, avec une grande construction à toit plat de 1891, la machine à vapeur et la cheminée ont grandi ; une chapelle protestante, destinée à la communauté locale (essentiellement la famille Zuber…) a aussi été bâtie1815 ; à main gauche, un bâtiment à deux niveaux abrite les graveurs depuis 1867. Enfin, Henri Wearne s’est fait élever après son mariage avec Emma Zuber une maison d’habitation intégrée à l’enceinte de la manufacture. A cette époque, d’après les bilans, les bâtiments d’habitation sont estimés à 150 000 francs, les bâtiments industriels à 76 000 francs1816.

La manufacture apparaît ici intégrée non pas au village qu’elle fait vivre, mais à un vaste réseau qui montre sa dimension mondiale : la route, avec des voitures hippomobiles chargées de ballots, mais aussi, déjà, une automobile, symbole de modernité, le canal, au loin, bordé de peupliers et le chemin de fer…

Si cette vue permet certes de lire la croissance de l’entreprise, son adaptation aux techniques nouvelles, elle démontre aussi le maintien coûteux de la Commanderie au cœur du dispositif, transformant la famille d’industriels en seigneurs du village – ce qu’ils sont comme premier (et quasiment seul) employeur. Il est significatif qu’en 1890, lors de la mise sur pied de la société en commandite par actions, l’apport immobilier de la veuve de Jean Zuber-Karth, c’est-à-dire la Commanderie avec son parc et quelques prés, se monte à 225 000 francs tandis que l’apport industriel de Jean Zuber & Cie ne vaut que 170 000 francs ; l’immobilier de prestige l’emporte sur l’entreprise1817.

La même philosophie gouverne l’attachement aux choix fondamentaux des générations précédentes : « l’article fin » continue à dominer même si progressivement la mécanisation se développe. Au départ, l’entreprise ne disposait que de machines destinées à imprimer des dessins communs à quatre ou six couleurs et la production en était très réduite, une moyenne de douze par an de 1850 à 1877, contre 125 imprimés à la planche. En 1877, à la suite de la visite de l’Exposition de Philadelphie où Ivan Zuber découvre les modes de production américains1818, il décide d’acheter une « 12 couleurs »1819, un nombre de couleurs beaucoup plus fréquent en papier peint imprimé manuellement ; dans les dix années qui suivent, ce sont déjà trente papiers peints qui chaque année sont imprimés à la machine (120 à la main). Le parc de machines est par la suite élargi et amélioré : fonceuses mécaniques, enrouleuses, une « 4 couleurs » de Flinsch à Offenbach en 1880, une « 8 couleurs » du même fournisseur en 1884 et surtout une « 16 couleurs1820 », toujours de Flinsch en 1890, ce qui nécessite la construction d’un nouveau bâtiment dans la mesure où elle nécessite une machine à vapeur de 35 chevaux, une nouvelle fonceuse, des séchoirs et une enrouleuse ; en 1890-91, ce sont 84 000 francs qui sont investis en mécanique et 78 000 francs en immobilier1821. Par la suite, l’entreprise ne fait plus d’investissement notable, à l’exception d’un bâtiment, à partir de 1908, pour rationaliser la production dont les services ont été dispersés au fil des années au gré de la place disponible1822.

Concrètement, dans la décennie qui suit, le nombre de dessins imprimés à la machine passe à 43 par an ( 79 à la planche), pour atteindre 59 dans les quinze ans qui précèdent la guerre (68 à la planche). Dans le même temps, frappés et repoussés continuent leur carrière jusqu’en 1904 à raison de 10 à 15 motifs par an.

Si le goût français a dominé le monde du papier peint, l’Angleterre y compris, depuis la fin du XVIIIe siècle, l’influence des Réformistes anglais, l’essor des Arts & Crafts entraînent à partir des années 1870 un renouvellement des motifs qui se fait au détriment de la tradition naturaliste française, pratiquée à Rixheim, y compris après 1870 1823 ; même si l’historiographie anglaise exagère ce renouveau autour de la personne devenue mythique de William Morris1824, même si les papiers français traditionnels continuent à bien se vendre Outre-Manche1825, un tournant se prend, privilégiant le travail en deux dimensions, les couleurs ornementales, le refus du naturalisme. Ce type de motif est particulièrement pratiqué par les dessinateurs anglais qui vendent aussi à l’étranger1826, comme Arthur Silver ou Christopher Dresser1827. Rixheim, quoique devenu allemand en 1871, reste français de goût, à l’image de l’industrie alsacienne de l’indiennage1828. Certes, la manufacture fait appel à quelques Anglais1829, à commencer par Harry Wearne (qui dessine à Rixheim de 1882 à 1890, avant de prendre des responsabilités dans l’entreprise à la suite de son mariage), ou Owen Davis en 1882 : mais, leur goût reste naturaliste et ils sont loin de représenter l’avant-garde dans ce domaine ; Bruce Talbert, adepte d’un gothique modérément réformé, fournit un dessin en 1880, sa dernière année d’activité. Dresser1830, Milcent, le Silver Studio, Arthur Wilcock fournissent des dessins après 1900, alors que leur style n’a plus rien de moderniste. Et alors que la manufacture s’intéresse aux audacieux travaux Jugendstil d’Otto Eckmann1831, elle développe elle-même, quand elle frise l’audace, un style floral Art nouveau conventionnel, comme pour le Décor Floréal créé par Ruepp en 18971832. S’agit-il d’un choix conscient dans la mesure où le marché des arts décoratifs évolue beaucoup moins vite que ne voudraient nous le faire croire ceux qui écrivent l’histoire dans ce domaine1833 ? S’agit-il au contraire d’une incompréhension, voire d’un refus de la nouveauté ? L’absence d’intérêt pour l’évolution technique, l’histoire de l’entreprise au XXe siècle feraient davantage pencher pour la seconde hypothèse.

Quoi qu’il en soit, cette politique, volontaire ou non, se révèle payante : les bénéfices sont là, importants (annexe 6) ; seul le bilan au 31 mai 1914 (donc avant même la déclaration de guerre) révèle un bénéfice proche de zéro. De 1871 à 1890, le montant moyen annuel des bénéfices s’établit à 65 000 francs par an, la décennie soixante-dix se révélant plutôt médiocre (38 000 francs de bénéfices moyens annuels, trois années de perte), la décennie quatre-vingts exceptionnelle (92 000 francs de bénéfices moyens annuels, quatre années à plus de 100 000 francs, avec une pointe à 188 000 francs en 1889-90 !). Pour la période où les chiffres se font encore plus précis, soit de 1891 à la guerre, les résultats se révèlent encore plus brillants : le bilan est non seulement toujours positif mais pour un capital de 750 000 francs, le résultat moyen se monte à 167 000 francs, soit un taux de profit net de 22 % ; sur vingt quatre années, seules dix donnent un résultat inférieur et six dépassent les 200 000 francs. Les années les plus heureuses sont 1891-93 et surtout 1901-07 (on frise les 300 000 francs en 1903) ; en revanche les années 1895-98 et 1908-14 se révèlent les plus difficiles ; les années qui précèdent la guerre voient la chute du bénéfice s’accentuer d’année en année, mais les actionnaires n’ont jamais touché moins de 7 % d’intérêt (quatorze fois beaucoup plus, jusqu’à 12 %). Bien sûr, comme le constatent les gérants en 1892,

‘notre industrie est soumise à la mode et à des fluctuations que la meilleure gestion ne saurait toujours prévenir.’

Mais, indépendamment de cette vérité première, ils remarquent, année après année, la montée du protectionnisme, la guerre de dumping que se livrent deux cartels en Allemagne au début du siècle, les résultats toujours très irréguliers, pour le meilleur et pour le pire, de l’Amérique, plus sensible que l’Europe aux crises et aux aléas politiques (en particulier aux élections présidentielles).

En 1912, suite à un mauvais exercice, le conseil compare les résultats à ceux de 1894-95, le plus mauvais exercice jusqu’alors, ce qui donne les chiffres suivants 

‘’ ‘1894-5’ ‘1912’
‘papiers vendus’ ‘825 174 francs’ ‘908 337’
‘papiers fabriqués’ ‘832 652’ ‘894 246’
‘main d’œuvre’ ‘158 659’ ‘203 206’
‘papier’ ‘136 011’ ‘122 585’
‘drogues & couleurs ’ ‘98 967’ ‘66 746’
‘frais généraux’ ‘114 915’ ‘145 886’
‘frais de vente’ ‘71 126’ ‘131 471’
‘intérêts’ ‘28 445’ ‘8 105’

ce qui laisse avant attribution aux comptes d’assistance et aux différents comptes de réserves la somme de 217 051 francs ; le bénéfice est de 93 408 francs, ce qui montre l’étendue des réserves. Remarquons aussi que la nette montée des salaires (de l’ordre d’un quart, la main d’œuvre n’ayant pas quantitativement augmenté) est compensée par la baisse du coût des matières premières ; cette augmentation n’a donc rien coûté à l’entreprise, qui, nous le verrons, n’a pas hésité à augmenter les salaires en 1905-06 pour éviter des problèmes sociaux ; cependant, le coût de la main d’œuvre entre pour un quart des dépenses en 1894, pour près du tiers en 19111834.

Nous possédons par ailleurs les résultats détaillés des ventes pour les années 1891-98, avec un manque en 18931835. Ils peuvent être complétés par les chiffres de 1902/3

  1890/1 1892/3 1895/6 1896/7 1897/8 1902/3
Allemagne
Autriche 45.8 % 43.3 37.6 34.4 32.1 27.4
France 18.2 16 16 16 15.8 14.3
Angleterre 13.7 14.4 14.1 15.8 16 19.8
États-Unis 10.3 17 ;7 17.2 19.7 23 27.4
Autres pays 12.8 8.6 14.8 13.8 13 11.4
Total 1 061 000 995 000 928 380 938 358 1 033 290 1.321 479

Première constatation : les ventes varient de plus de 30 % entre les extrêmes (13% pour 1890-1898), sans qu’il semble y avoir de logique apparente : ce qui rejoint la remarque précédente concernant l’impossibilité de maîtriser le phénomène de mode. La part de l’Allemagne et de l’Autriche1836 est en baisse régulière, en valeur comme en pourcentage, mais représente le marché de loin le plus important, non seulement à cause du poids de la tradition, mais aussi à cause de la situation économique créée par le traité de Francfort1837. Au contraire, la part en pourcentage de l’Angleterre et de la France, comparables, évoluent en sens contraire, celle de la France baisse, celle de l’Angleterre augmente1838. En revanche, la part américaine est dans une situation exactement inverse avec d’énormes variations, très irrégulières, qui font l’objet de plaintes répétées de l’entreprise : ici en huit ans, les variations en valeur comme en pourcentage passent du simple au double et presque au triple en 1902-3, ce qui doit être difficilement gérable en terme de production.

Cette dernière est assurée en 18971839 par :

‘115 ouvriers & ouvrières majeurs, dont 24 ayant plus de 30 années de services
38 ouvriers & ouvrières de 16 à 21 ans
59 filles et garçons au-dessous de 16 ans
plus 24 graveurs travaillant chez eux’

auxquels s’ajoutent 25 employés ou représentants, aboutissant à un total de 261 salariés : l’effectif est resté étonnamment stable sur le long terme, en dépit de la mécanisation, en particulier à cause du maintien des options définies dès l’origine de l’entreprise : le « bel article »1840 impose une main d’œuvre nombreuse.

Tout au long de son histoire, la manufacture semble avoir été attentive à sa main d’œuvre dans l’esprit paternaliste des Herrenfabrikanten calvinistes mulhousiens. Les salaires sont normaux pour la région mais inférieurs à ceux de Paris1841 : pour 12 heures par jour, en 18501842, les journaliers se paient 1,50 francs, les imprimeurs 3 francs (plus pour ceux qui sont à la tâche) ; au début du XXe siècle, les mêmes journaliers gagnent 2,75 à 3 francs pour une journée de 10 heures, les imprimeurs 4 francs et les meilleurs de ceux qui travaillent à la tâche peuvent désormais obtenir 5 à 5,25 francs par jour1843. En 1907, le conseil de surveillance de l’entreprise note que

‘pendant l’hiver dernier (1905-06), nous avons été pendant quelque temps sous la menace de grèves par des influences du dehors que nous avons pu combattre en instituant un comité consultatif élu par nos ouvriers ; notre compte Assistance et Prévoyance étant très au large, nous avons fait une répartition exceptionnelle à cause de la cherté des vivres, enfin nous avons admis une hausse presque générale des salaires, traitements amenant par exemplele journalier qu’on payait il y a 60 ans 1,50 fr à 3 fr & 3,25 par jour, et un bon imprimeur à la main à fr. 4,50 la journée, au lieu de fr. 3 autrefois1844.’

L’entreprise profite donc de sa prospérité mais aussi de son relatif isolement à Rixheim et de son monopole sur le village (où de nombreux Zuber ont eu des responsabilités politiques de premier plan depuis Jean Zuber) pour développer sa politique salariale complétée par un ensemble de prestations. Jean Zuber-Karth s’est personnellement passionné pour la question sociale à laquelle il a consacré de nombreux articles dans le Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Il a concrétisé ses idées dans l’entreprise. Pratiquement, l’entreprise dispose d’une caisse d’épargne fondée en 18201845, d’une caisse de retraite fondée en 18491846, dotée de 1 % des bénéfices, d’une caisse d’invalidité ; par ailleurs, les ouvriers disposent de soins gratuits et avant 18711847, il existe une école de fabrique gratuite pour les enfants qui travaillent1848. Après 1891, un compte d’assistance et de prévoyance, géré par l’entreprise, regroupe caisses de retraite et d’invalidité : il est doté annuellement de 5 % des salaires, de l’intérêt du capital des anciennes caisses et d’une participation aux bénéfices1849. Enfin, les résultats aux Expositions donnent lieu avec l’ensemble de l’entreprise à des fêtes et au versement d’une prime… sur le livret de caisse d’épargne tenu par l’employeur ; pour la célébration du centenaire en 1897, une immense fête rassemble l’ensemble du personnel avec banquet, concert, bal, prime à l’ancienneté et médaille de commémoration1850. Grâce à ce dispositif, l’entreprise ne semble pas avoir connu de problèmes sociaux sérieux : mais en 1908, le conseil est forcé de constater, en période de plein emploi, que

‘nous avons toujours beaucoup de peine à recruter et à conserver le jeune personnel.’

Malgré ses grands seigneurs libéraux, Rixheim n’est pas exactement le Paradis…1851

Le 1er août 1914, la déclaration de guerre entraîne des changements d’importance dans la manufacture : deux des gérants quittent Rixheim, Harry Wearne se rend par Bâle et l’Angleterre aux États-Unis où, séparé de sa femme, il restera définitivement jusqu’à sa mort en 1929, et Louis Zuber, citoyen français, gagne Bâle pour rejoindre l’armée française ; Georges Gayelin assure seul la direction de l’entreprise, soutenu par les conseils d’Ivan Zuber, âgé de 87 ans à l’ouverture des hostilités1852. L’entreprise tourne au ralenti, trois jours par semaine, avec le personnel restant, mais elle est « muselée par l’adjonction d’un commissaire gouvernemental1853 », E. Burg ; une grande partie des moteurs et des courroies, du matériel de fabrication est confisquée. Le déficit global se monte à 370 108 francs1854. Pour occuper les ouvriers, un travail de rangement est entrepris, les planches et les cylindres sont par exemple récolés1855. L’impression se concentre sur les objets de valeur, en particulier les « Landschaftsbilder1856 » pour préparer l’avenir. Mais en 1917, l’entreprise est transformée en casernement pour 600 hommes tandis que 10 officiers sont installés depuis 1915 dans la maison d’Harry Wearne.

La reprise est lente, d’une part parce que Harry Wearne, malade, installé Outre-Atlantique, est injoignable1857, que Louis Zuber n’est démobilisé qu’au printemps 1919 et que de nouvelles difficultés se présentent : « pénurie de combustibles & de matières premières, crise des transports, revendications ouvrières etc… etc… 1858» Un monde nouveau est en train de naître, la manufacture a-t-elle les capacités de s’y adapter ?

Jusqu’en 1918, l’entreprise est donc restée entre les mains de la famille, celle-ci réussissant à s’entourer de talents techniques de bon niveau et réussissant aussi à les intégrer par le biais du mariage ; par ailleurs, les membres de la famille qui ont rejoint l’entreprise1859 ont été remarquablement formés : une bonne école au départ, généralement en Suisse, chez des disciples de Pestalozzi, des stages dans des maisons amies, de même confession, une École d’ingénieurs, Centrale en particulier, des voyages, le mariage avec une héritière toujours calviniste d’Alsace ou de Suisse, des enfants nombreux1860... Résultat, sur quatre générations, l’entreprise a réussi à se maintenir au meilleur niveau tout en restant fidèle à son nom et à une culture d’entreprise que l’on retrouve dans le patriciat industriel mulhousien du XIXe siècle1861. Mais à l’évidence, la Grande guerre représente une rupture d’importance que le double « etc… » résume laconiquement.

L’approche concrète du processus d’élaboration du papier peint, dans le cadre de l’entreprise de Rixheim, mais comparé à ce qui se passe dans d’autres entreprises, permet de mieux saisir ce qui a sous-tendu l’évolution de l’entreprise au cours du siècle, de justifier ses choix, de montrer l’interdépendance étroite de l’histoire de l’entreprise face à ces données techniques.

Notes
1780.

Toujours passionné par la question ouvrière, il lance à la fin de sa vie le mouvement qui aboutit en 1853 à la création de la Cité de Mulhouse, après ses propres expériences en 1845 à l’Ile Napoléon ; il songe par ailleurs à la députation en 1852 (Zuber 1972, p. 22).

1781.

1827-1919 ; le véritable chef de l’entreprise de la mort de son père à la première guerre mondiale. Ivan est un surnom, son véritable prénom étant Jean, comme tous les aînés de la branche aînée de la famille(Stammsohn).

1782.

Les rapports ont été tendus, les désaccors fréquents, d’après une note d’Ivan Zuber en date du 17 avril 1855 conservée dans les archives familiales.

1783.

La saga familiale est extrêmement discrète à son sujet, l’homme ayant plongé dans la folie en se prenant pour l’empereur son homonyme…

1784.

1831-1901.

1785.

1852-1926. Un ouvrage anonyme rassemble les informations professionnelles à son sujet : Harry Wearne, A short account of his life and work, Baltimore & New-York 1933, voir aussi Hauviller 1934 et Requédat 1936. Harry Wearne, que nous retrouverons plus tard, semble avoir refait sa vie Outre-Atlantique après 1914, en laissant sur place son épouse dont il semble avoir divorcé à une date inconnue (la littérature familiale ne mentionne rien à ce propos). Sa collection textile, donnée au Royal Ontario Museum en 1934 par sa veuve américaine, est une des collections majeures de l’histoire du textile imprimé, cf. Catalogue MISE 1966. La saga familiale est évidemment très discrète sur ces avatars américains. A défaut d’ingénieur, comme dans nombre d’entreprises familiales alsaciennes, une fille Zuber a cependant épousé un « talent », voir Hau 1987, p. 392.

1786.

Note d’Ivan Zuber du 17 avril 1855, archives familiales.

1787.

Il est frappant qu’après 1870, elle créera, comme beaucoup d’entreprises alsaciennes, une usine en France à Torpes, près de Besançon en 1883 alors que la manufacture de papiers peints reste totalement allemande. La papeterie fonctionne toujours à l’heure actuelle et ses produits sont connus sous la marque Le Calligraphe.

1788.

Zuber 1947, p. 16.

1789.

Zuber 1947, p. 17.

1790.

Jean Zuber-Karth en fut un apôtre, cf. son vibrant plaidoyer de 1851 (Zuber 1851).

1791.

Qui paraît à Weimar en 1869.

1792.

MPP Z 195, 30 avril 1867.

1793.

La manufacture vient de payer 7 000 francs au célèbre dessinateur Chabal-Dussurget pour son Décor Gobelins

1794.

Ceci correspond à une moyenne annuelle de 131 motifs imprimés à la planche, un tiers en plus que dans les années 1840 !

1795.

Z 195.

1796.

Voir Kaeppelin 1867.

1797.

La main d’œuvre est deux à trois fois moins chère qu’à Paris, voir infra. Mais ceci n’est pas spécifique à Rixheim : Hau constate aussi pour sa part le faible coût de de la main-d’œuvre alsacienne (Hau 1987, p. 294).

1798.

MPP Z 195, p. 92.

1799.

Il s’agit de petites machines destinées à gaufrer les bordures. Elles semblent avoir été mises au point à Rixheim.

1800.

Une machine imprimant en taille douce et deux machines en surface printing, une six couleurs de 1850 et une quatre couleurs de 1864.

1801.

Un matériel mis en place en 1867 pour réaliser des faux bois.

1802.

Pour l’éclairage en 1865.

1803.

Légentil 1867. Gillou produit pour 2 millions de papier peint avec 450 ouvriers (225 hommes, 220 femmes, 5 enfants).

1804.

Seulement 10 lés et 417 planches.

1805.

En particulier la Jeunesse de Délicourt et les Prodigues de Desfossé.

1806.

Pour les tableaux et les décors, voir infra.

1807.

Les Zuber, francophiles, comme les industriels mulhousiens, n’acceptent pas d’exposer sous la bannière allemande.

1808.

Nous en possédons les statuts, MPP Z 5 et le registre d’actions, MPP Z 1.

1809.

Gayelin, entré dans l’entreprise en 1872 après des études à l’École de commerce de Mulhouse, appartient à une ancienne famille patricienne de la ville : on reste dans le même milieu, même si la famille ne s’est pas illustrée dans l’histoire industrielle de la cité (Communication écrite, Archives municipales de Mulhouse).

1810.

Remarquons après 1871 le maintien de l’usage du franc (avec conversion en mark) et du seul français dans tous les rapports de la société jusqu’en 1914.

1811.

1875-1958 ; il est français parce que né à Paris et, comme étranger, ne doit pas faire le service militaire allemand, condition impensable dans la famille.

1812.

La vue à proprement parler mesure 0,305 x 0835 m. Elle a peut-être été réalisée pour une des expositions à laquelle elle participe, Chicago en 1893 ou Saint Louis en 1904.

1813.

L’anglais évite aussi l’usage de l’allemand… La référence aux « cretonnes » fait allusion aux tissus coordonnés, indispensables dans les pays anglo-saxons.

1814.

Alors qu’à la même époque, le peintre Henri Zuber nous a laissé une subtile aquarelle où apparaissent les platanes qui l’ombragent (Catalogue Rixheim 1994, n° 62) ; on retrouve aussi ces arbres abritant la fête du centenaire en 1897 (doc° MPP).

1815.

Elle disparaîtra dans les années 1930 pour être remplacée par une nouvelle, rue Wilson.

1816.

Bilan de 1905, Z 16.

1817.

Depuis au moins 1836, le premier étage est devenu l’appartement du principal propriétaire de l’entreprise : en 1890, la veuve de jean Zuber-Karth.

1818.

Il en a laissé un rapport : MPP Z 6.

1819.

Cette machine existe toujours au Musée après avoir fonctionné un siècle jusqu’en 1978 : c’est une Waldron & C° de New Brunswick dans le New Jersey ; cette machine semble avoir connu la célébrité, elle a été plusieurs fois reproduite, cf Jacqué 1984, p. 66. La machine a été payée franco 3000 $ ou 15 600 francs , mais avec tout son environnement, elle est estimée à l’inventaire de 1878 42 000 francs.

1820.

Elle a été conservée au Musée après avoir fonctionné jusqu’en 1978, cf. Jacqué 1984, p. 66 (erreur de date : 1891 et non 1881).

1821.

L’expérience et le relatif bas coût de la main d’œuvre expliquent sans doute que la manufacture ne soit jamais allé au-delà, alors même qu’il existait sur le marché des 24, sinon 26 couleurs.

1822.

Le total des travaux, échelonné sur plusieurs années se monte à une cinquantaine de milliers de francs.

1823.

Voir en particulier « The English response : mechanization and design reform » de Joanna Banham, Hoskins 1994, p. 132-149.

1824.

Encore que les travaux récents remettent timidement en cause son impact réel, Sanders 2002, p. 115, voir aussi les recherches quantitatives de Lesley Hoskins à ce propos, Hoskins 1993.

1825.

Sanderson représente Balin et Zuber et ses archives prouvent le poids des ventes françaises ou, pour Zuber, de goût français.

1826.

Le dépouillement en cours du fonds du Silver Studio, conservé au MODA à Londres, devrait révéler cette influence anglaise à partir de 1880.

1827.

 Collins 1976.

1828.

Le catalogue Art nouveau-Textil-Dekor 1900, Stuttgart 1980 est par exemple obligé de cataloguer les tissus alsaciens avec les tissus français pour des raisons stylistiques.

1829.

Pour les dessinateurs cités, on consultera Jervis 1984 et Bieri-Jacqué 1997 p. 115-119.

1830.

Qui meurt à Mulhouse en venant travailler à Rixheim en 1904.

1831.

Dont elle possède l’essentiel de la production de papier peint imprimée chez Engelhardt à Mannheim, actuellement conservée au MPP, cf. Bieri-Jacqué 1997, passim.

1832.

Jacqué-Bieri 1997, n° 38 et Jacqué 2001.

1833.

On ne reprochera pas à Brahms ou à Strauss leur style traditionnel alors que dans le même temps, l’histoire des arts décoratifs élimine systématiquement ce que l’on pourrait nommer l’arrière-garde, quantitativement bien plus présente que la création. L’influence de Siegfried Giedion, par exemple, reste très présente et le poids de l’édition anglo-saxonne, vantant le poids des designers anglais de la seconde moitié du XIXe siècle fait le reste…

1834.

Encore que cela soit faussé par la faiblesse des intérêts, la faiblesse des investissements entraînant des installations quasi amorties.

1835.

MPP Z 5 ; nous avons converti les valeurs en francs par pays en %.

1836.

A cette époque l’Autriche-Hongrie : on aimerait connaître la part réelle de cet Empire, quasi inexistant dans les ventes de la génération précédente.

1837.

Voir ce qu’écrit Hau sur l’intégration économique de l’industrie alsacienne au Reich, Hau 1982, p. 240-247.

1838.

En Angleterre, la manufacture est représentée depuis 1871 par la firme A. Sanderson & C°.

1839.

Lors de la fête du centenaire, MPP Z 5 ; chaque salarié reçoit alors une prime à l’ancienneté.

1840.

Zuber 1897 p. 14.

1841.

. Cf. par exemple les chiffres cités par Son 1867 pour Paris: les chiffres donnés par le patronat sont le triple de ceux de Rixheim, ceux donnés par Son le double. Rappelons que Paris est le principal centre de fabrication concurrent de la manufacture.

1842.

Mais les salaires n’ont pratiquement pas évolué depuis le début du siècle au vu des enquêtes industrielles, il est vrai plus ou moins précises.

1843.

Histoire de l’industrie 1902, p. 564.

1844.

Un esprit mal intentionné rapprocherait ce dernier membre de phrase des propos tenus par un autre fabricant de papier peint, Réveillon, en avril 1789, qui lui ont valu les ennuis que l’on sait…

1845.

Dans les années 1890-1914, intégrée au passif de l’entreprise, elle rassemble 200 à 3000 000 francs : la prime de 1897, par exemple, est directement versée dessus. La Caisse d’épargne de Mulhouse date de 1827.

1846.

Jean Zuber-Karth en fait l’annonce aux ouvriers dans le discours fêtant la médaille d’or à l’Exposition et sa Légion d’honneur, doc° MPP.

1847.

La loi allemande impose la scolarité obligatoire.

1848.

MPP Z 195, 30 avril 1867.

1849.

Le texte cité supra démontre que cette caisse est totalement entre les mains des gérants de l’entreprise.

1850.

D’un montant de 19 332 francs pour 262 personnes, soit 73 francs en moyenne, versé en épargne. MPP Z 105. Cette fête somptueuse a laissé un souvenir profond dans les mémoires.

1851.

Le cas de Rixheim n’est évidemment pas une exception : Bergeron 1978 donne des exemples comparables à Mulhouse et dans toute la France.

1852.

Il meurt le 1er janvier 1919.

1853.

Rapport de la gérance, 1920, MPP Z 5.

1854.

Lannée 1917-18 est faiblement bénéficiaire.

1855.

Ce qui apparaît dans les livres de gravure : le tampon est en français : « existe 1915 »..

1856.

Les panoramiques : à la différence des précédents, les rapports des années de guerre sont rédigés en allemand.

1857.

Il semble aussi, qu’éloigné de son épouse, il refasse sa vie en Amérique.

1858.

Rapport de gérance 1920.

1859.

Certains ont cherché leur voie ailleurs, parfois avec de réelles aptitudes, comme le peintre Henri Zuber qui a fait une carrière artistique au plus haut niveau à son époque, cf. Meyer 1994.

1860.

Ce que révèlent les généalogies.

1861.

Celle qui anime l’Histoire documentaire, 1901. Cf. Hau 1987, ch. XV. Notons cependant une différence fondamentale avec l’ensemble du patronat calviniste mulhousien : les Zuber ne semblent pas du tout hostiles à un mode de vie luxueux et ce, dès le fondateur : logements somptueux, jardins d’un entretien coûteux, résidences en Suisse, vacances dans des villes de cure, goût pour le théâtre et l’opéra… On pourrait multiplier les exemples : même si cela ne donne lieu à aucune ostentation, on n’est pas dans le mode de vie traditionnel des Mulhousiens. Ce cas concret pose d’ailleurs le problème de la réalité de cette image que les entrepreneurs mulhousiens ont souhaité donner d’eux-mêmes.