3.4.1. L’évolution du papier en continu

Le papier en continu est devenu la règle à la fin des années 1830. Désormais, les machines sont à même de produire du papier en très grande largeur : les manufacturiers mettent à profit le procédé pour des créations de type nouveau. En 1850, Paul Mabrun dépose le 28 août 1850 un brevet pour la fabrication de cartes géographiques jusqu’à 2,30 m de large : le MPP possède une carte de la France de 1851 mesurant 1,85 m sur 2,30 m1906. A partir de 1855, les manufacturiers mettent aussi à profit cette possibilité pour réaliser des « tableaux » de grandes dimensions : le maximum est atteint en 1862 avec les Moutons de Jean Zuber qui atteignent 1,94 m de haut sur 2,94 m de long1907. Mais ceci tient de la prouesse technique et cette possibilité reste peu exploitée, d’une part à cause des difficultés à manier de telles feuilles lors de l’impression, du séchage et de la pose, d’autre part, parce que le papier peint a fait le choix de la modularité et préfère en conséquence les petites largeurs.

En revanche, le papier peint profite des progrès de la fabrication dans un autre domaine, l’usage généralisé des pâtes de bois à partir de 1854. Combiné à la mécanisation de l’impression, l’abaissement des prix qu’entraînent ces nouvelles matières premières facilite la démocratisation des papiers peints qui valent dans les années 1850 moins de 20 centimes le rouleau au lieu des quelques francs des générations précédentes1908.

Notes
1906.

MPP, inv. 983PP15.1 ; en fait elle est formée de deux feuilles.

1907.

Voir infra.

1908.

En revanche, cette utilisation se révèle catastrophique pour l’historien des papiers peints, tant l’acidification des papiers est destructrice du matériau sur le long terme.