3.4.3. De nouvelles recherches sur le fond

Un procédé particulier de fonçage mécanique est décrit chez Jean Zuber & Cie vers 18751918, mais on n’en connaît pas d’autres mentions :

‘Le commencement du rouleau est pincé entre deux tringles de bois reliées à une ficelle qui longe la table à imprimer et repasse en dessous pour s’enrouler sur un treuil placé à la portée de l’imprimeur. L’un des bouts du rouleau étant au bord de la table, on y applique une petite cuve de zinc à section trapézoïdale, sans fond, d’une longueur égale à la largeur du papier et remplie de la couleur épaissie dont on veut faire le fond ; les bords inférieurs sont parfaitement plans pour éviter que la couleur (ne) s’échappe pendant les instants de repos.
En agissant sur le treuil, l’imprimeur attire le papier qui glisse sous cette cuve fixe, en s’imprégnant du liquide qui s’en échappe, tandis que, pour garder une bonne uniformité, une racle horizontale, bien dressée et placée en avant, enlève l’excès de couleur déposée sur le papier.
Arrivé au bout de la table, pendant que l’impression continue, le commencement du rouleau est enlevé par un ouvrier qui le suspend à des barrettes fixées près du plafond, afin d’en faciliter le séchage.’

Cette technique a l’avantage de permettre de foncer des rouleaux en petite quantité, sans pour autant nécessiter le nettoyage de plusieurs brosses : elle demeure encore utilisée à l’heure actuelle à cette fin.

Les manufacturiers de la seconde moitié siècle ont largement usé du satinage : la période a beaucoup joué sur ce qu’Odile Nouvel-Kammerer nomme les « contrastes d’absorption de la lumière » de façon à obtenir un effet opposant le fond brillant à l’impression mate. De plus, les brillances accentuent l’illusion de richesse que la période apprécie particulièrement. Dès 1844, Jean Zuber & Cie acquiert une satineuse Perrot1919. Schmidt1920 en 1856 puis Exner en 1869 décrivent des machines à satiner à Paris chez Desfossé et chez Riottot & Pacon. Jusqu’alors, un ouvrier est à même de satiner manuellement à la brosse et au talc 70 rouleaux de 8 m par journée de 10 heures tandis que la machine permet de satiner 40 à 50 rouleaux à l’heure. Pour ce faire, deux méthodes : une machine à brosses dures ou une machine qui combine brosse dure et calandre à froid1921. Cette dernière machine, dotée d’un système d’aspiration des poussières, a l’avantage de rendre moins dangereux l’usage du vert de Schweinfurt et, de façon générale, des colorants..

Charles Blanc1922 décrit par ailleurs – et il est le seul à le faire - un procédé de satinage particulier qui consiste à bronzer, selon son expression, le papier. Sur le papier mordancé est déposé à l’aide d’un tambour à dorer, de la poussière de cuivre qui, selon son traitement chimique préalable, prend des couleurs différentes1923. Puis le papier est passé sous un cylindre d’acier « qui écrase, polit la poussière de cuivre et, agissant comme un brunissoir, la fait resplendir ». Il est fort possible, au vu de ses produits, que Balin ait utilisé cette technique.

Notes
1918.

Dosne 1977, p. 117.

1919.

Inventaire 1844, MPP Z 17.

1920.

Schmidt 1856, p. 175-181.

1921.

Exner 1869, p. 282-285.

1922.

Blanc 1881, p. 71.

1923.

Ces couleurs rendent Charles Blanc lyrique : « paille, safran, abricot, orange, capucine, corail, vermillon, écarlate, pourpre, émeraude, malachite, azur, turquoise, céladon, soufre »…