Dans la seconde moitié du siècle, l’impression au rouleau de cuivre, restée marginale depuis son invention en 1826, connaît un renouveau. Elle permet tout d’abord d’imprimer sur un motif réalisé en détrempe une finition, un effet textile, comme par exemple sur les imitations de tapisserie : une trame de petits carrés qui donne l’illusion du grain spécifique au tissage.
Par ailleurs, alors que Jean Zuber & Cie n’utilisait jusqu’en 1847 qu’un manège à chevaux comme énergie pour l’entraîner1934, la vapeur offre de nouvelles possibilités. Dès 1871, apparaît l’impression « Sanitary » et en 1934, l’impression en hélio appelée à dominer la seconde moitié du XXe siècle. Les premiers Sanitary papers ont pour ambition d’être lavables1935, une préoccupation qui semble avoir été très présente dans la production britannique, conformément à l’esprit hygiéniste du temps. A côté de l’utilisation de vernis qui rend lavable la détrempe, la solution ne pouvait venir que d’encres pour la remplacer. La première tentative couronnée de succès date de 1853 lorsque John Stather applique au papier peint une presse typographique en quatre couleurs1936 ; elle est suivie d’autres, moins heureuses semble-t-il. Il faut attendre 1871 avec l’invention du Sanitary paper proprement dit, lorsque Heywood, Higginbottom & Smith de Manchester appliquent au papier peint le procédé de l’impression textile au rouleau gravé en taille-douce : ce n’est rien d’autre qu’une reprise du procédé mis en pratique par Jean Zuber & Cie en 1826 mais, cette fois-ci, en utilisant de l’encre. Cela ne relève cependant pas du hasard si cette firme anglaise n’utilise qu’une couleur pour produire des imitations de rideaux vénitiens, des faux bois. L’ensemble de l’industrie anglaise emboîte le pas avec un immense succès1937. En 1884, la firme Lightbown, Aspinall & C° de Pendleton (Lancashire) réussit à introduire l’impression polychrome au rouleau de cuivre et à imprimer des encres de différentes couleurs1938.
L’impression mécanique en détrempe (ill° 12. 7-9), de son côté, gagne de plus en plus. Elle se perfectionne, non pas dans son principe, mais par l’adjonction de matériel complémentaire : ainsi, les « accrocheuses » dont Exner décrit dès 1869 plusieurs exemples en Angleterre et en France (ill° 12. 9)1939 ; sans en connaître l’origine précise, il en attribue l’invention aux Américains. Ce matériel emporte le papier humide sur un système qui permet de suspendre les rouleaux dans de l’air chaud avant de les découper et de les rouler. L’impression s’inscrit dès lors dans un processus en continu.
A Rixheim, la mécanisation a commencé tôt1940 : dès 1850, la manufacture, la première sur le continent, achète chez James Houtson & C° à Manchester une machine anglaise à 6 couleurs pour 11 092 francs, entraînée par une machine à vapeur payée 20 561 francs. Une seconde machine en 4 couleurs est mise en place pour 1500 francs en 1864, avec un séchage à chaud, au gaz. Mais le grand pas est franchi en 1878 avec l’importation d’une machine américaine Waldron en 12 couleurs de New Brunswick (New Jersey) complétée par une machine à foncer et une enrouleuse de Flinsch à Offenbach a/ Main. Trois autres machines allemandes à 4 couleurs en 1881, à 8 couleurs en 1884 et à 16 couleurs en 1891 viennent compléter le parc mécanique de la firme : elles sont dotées d’accrocheuses qui facilitent le séchage.
Archives MPP, Z 10, 11 et 12.
Sugden & Edmondson, p. 177-180.
Sugden & Edmondson, p. 178.
La collection Claude frères (1870-1900), conservée au MPP, contient par exemple de très nombreux Sanitary, de même que les papiers peints acquis à la fin du XIXe siècle par la Ville de Saumur pour l’entretien de son patrimoine immobilier (coll° MPP).
En dépit des apparences, le procédé est fondamentalement différent de l’hélio dans laquelle la couleur est décomposée en fonction du spectre. Il faut attendre 1934 pour sa mise au point dans le domaine du papier peint.
Exner les a vues chez Leroy et Gillou à Paris, Exner 1869, p. 292-294.
Les données proviennent des inventaires successifs.