Le terme de décor a une signification spécifique au papier peint ; il a été régulièrement utilisé par les professionnels, dessinateurs, fabricants, jurys d’exposition2116. Il s’agit dans ce cas d’un ensemble cohérent de motifs organisé autour d’un panneau à la façon, par exemple, d’une boiserie2117. Si ce mot de décor se révèle de loin le plus couramment utilisé par les gens de l’art, on rencontre aussi les termes de décoration, boiserie, encadrement et, plus rarement, de galerie 2118 ; en fait, ces termes se révèlent quasiment interchangeables et ne font que confirmer les hésitations du vocabulaire du papier peint, que l’on retrouve aussi dans le domaine du panoramique. Remarquons que Havard ne retient pas cette acception dans son Dictionnaire sous ce terme mais l’utilise lorsqu’il se réfère à ce qui a été exposé à Paris en 18672119.
Les lithographies publicitaires dont les fabricants accompagnent les décors en précisent clairement les éléments de base (ill° 44) :
Comme on le constate, les termes utilisés ne diffèrent guère du vocabulaire architectural traditionnel, en particulier de celui utilisé par les menuisiers pour nommer les différentes parties des boiseries. Selon les cas, il existe aussi un lambris (l’équivalent du lambris d’appui ou bas de lambris des boiseries) qui se vend souvent à part et peut être utilisé avec différents décors, voire seul avec un papier à motif répétitif. Naturellement, selon leur nature et l’ampleur de leur ornementation, ces décors peuvent se compléter d’éléments spécifiques : tableaux encadrés, vases avec ou sans socle, statues, médaillons, pendentifs2120...
Quelle que soit la manufacture, toutes adoptent un principe de base : la modularité et donc la souplesse d’adaptation, indispensable puisque le décor est destiné à être posé dans des pièces de dimensions variables. Le prix-courant de la manufacture Délicourt2121 (vers 1847) mentionne d’ailleurs :
‘avec la rallonge du montant, ce décor peut se placer à toutes les hauteurs. ’Le montant en question se présente de la sorte : un pilastre avec une base et un chapiteau, entre les deux un motif vertical qu’il est possible de couper horizontalement, de façon à y ajouter un morceau de « rallonge ». Il en est de même en largeur où en jouant avec du papier uni, il est possible d’élargir les panneaux. Si nécessaire, agrafes et coins jouent les cache-misère quand les coupes ne sont pas franches. Un poseur habile va découper les éléments, les coller et peaufiner l’ensemble de quelques coups de pinceau, comme nous le verrons dans l’exemplaire conservé de la Maison d’Alt à Fribourg.
Le terme, dans cette acception est absent des dictionnaires de langue.
Ceci exclut le papier répétitif et aussi ce que l’on nomme depuis 1930 panoramique, même si dans sa forme tardive, dans les années 1850, les deux peuvent s’interpénétrer comme par exemple dans le cas du Jardin d’Armide de J. Desfossé en 1855.
Voir la centaine d’exemples reproduits par Jacqué 2000.
Havard 1887, t. IV, col. 85.
Il arrive fréquemment qu’un décor emprunte des éléments à un décor précédent, qu’un même lambris soit utilisé à plusieurs reprises, de façon à économiser la gravure de planches.
MPP Z 177.