Conclusion

L’histoire des arts décoratifs tend à nous représenter une seconde moitié du XIXe siècle où, face aux forces conservatrices, vouées aux gémonies, s’imposerait une modernité triomphante2200. L’histoire du papier peint, et plus particulièrement celle de la manufacture de Rixheim, nous montre qu’il importe de nuancer ce jugement à l’emporte-pièce, marqué d’un déterminisme quelque peu simpliste. En fait, si la modernité, dans la lignée des Réformistes, s’affirme peu à peu, elle a contre elle de solides résistances : jamais les formules traditionnelles, les références historicistes n’ont été aussi présentes. Les techniques n’évoluent plus guère, une fois installée l’impression mécanique : les brevets témoignent bien davantage d’aménagements de détail que de bouleversements fondamentaux et ces aménagements vont d’ailleurs surtout dans le sens du trompe-l’œil ; le produit se concentre stylistiquement sur des formules passéistes qui connaissent le succès, y compris dans la patrie de la modernité, la Grande-Bretagne alors qu’en en France, à titre d’exemple, en 1900, la collection Claude frères, conservée au MPP, et qui regroupe un choix international de papiers peints à l’usage des dessinateurs, ne propose guère que 10% de documents Art nouveau.

L’entreprise de Rixheim, certes vieillissante, mais pourtant fort prospère, illustre jusqu’à la caricature cette tendance sinon niée, mais généralement passée sous silence.

Certes, un tel jugement, gagnerait à être nuancé à l’aide de sondages dans le fonctionnement et la production d’autres manufactures, dans la mesure où les archives conservées le permettent. Par ailleurs, autre interrogation, la Grande guerre, qui met clairement fin à un

Notes
2200.

C’est particulièrement vrai de l’historiographie anglo-saxonne.