1.1.1. Spécificités de l’annonce magazine 

D’une part, en tant que création artistique. Par exemple, dans le cas de produits de beauté et de parfum, le créateur de l’annonce-presse d’un nouveau produit de luxe « travaille à partir d’une description verbale (...) et de documents graphiques qui illustrent le style de marque »101 et/ou le flacon et l’emballage. En même temps que se crée un produit en laboratoire, on prépare déjà son lancement sur le marché. Souvent le concepteur de l’annonce-magazine n’a pas senti le produit de beauté qu’il doit évoquer visuellement. Quant à la description verbale, elle se réfère à la terminologie « recourant à des images mentales totalement subjectives » 102 . Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de promouvoir un produit déjà existant, le publicitaire s’inspire moins du produit en propre que de l’image de marque, c’est-à-dire de la personnalité qui distingue déjà ce produit sur le marché.

D’autre part, en tant qu’objet d’étude, l’annonce-magazine des produits de luxe comprend deux ou trois niveaux d’analyse : ceux de l’illustration et du texte écrit appelé couramment le rédactionnel auxquels s’ajoute parfois celui d’un échantillon dans le cas de publicité de produits de luxe. Si l’annonce-magazine des produits de luxe se démarque des autres publicités en se prévalant parfois de cette technologie de pointe, elle reste un exemple des nouvelles tendances stratégiques sur le plan visuel. En effet, pour des raisons d’impact, elle réduit le texte au profit de l’image. Le titre se limite souvent à la signature du produit, le sous-titre se fait des plus discrets par sa typographie et le logotype se trouve incarné par le flacon ou l’emballage. Par ailleurs, il faut considérer à la fois le scripturaire (le texte écrit), l’iconique (les éléments figuratifs) et la plasticité (les variables visuelles telles la couleur, la texture et la vectorialité) de l’annonce-magazine comme un seul énoncé.

On sait maintenant que l’annonce-magazine est essentielle au suivi d’un produit et qu’elle le singularise à tout jamais sur le marché. En dépit de son importance, la publicité de magazine est le fruit d’une création subjective généralement inspirée d’une description verbale du produit qui a pour résultat de dissocier l’évocation visuelle d’un produit de son véritable caractère qui viennent diluer l’image de marque de produits de luxe. Dans ce contexte, nous pouvons nous poser une question : combien de pages sont consacrées aux publicités des marques de luxe dans une presse ?

Notes
101.

Geneviève CORNU, Sémiologie de l’image dans la publicité, Paris, Les éditions d’Organisation, 1990.

102.

Geneviève CORNU, Ibid, p.85.