1.1. Histoire de la sonorisation commerciale

En ce qui concerne la sonorité publicitaire, la publicité musicale, la réclame chantée, et même jusqu’aux cris des marchands ont une longue histoire. Du cri chanté au manifeste radiophonique enregistré en studio, une filiation s’établit par le genre, le style et les fonctions qu’y occupe la musique. D’après Jean-Rémy Julien, « pour le genre, il s’agit toujours d’un petit message, d’un texte concis parlé, récité ou chanté. Emis dans la rue ou par l’intermédiaire de la radiophonie, la finalité du cri ou de l’annonce est la même : accompagner un acte de vente et d’achat. Le style a évolué en même temps que l’histoire de la musique et des communications humaines»167. Il accepte l’influence du plain-chant et de la modalité, devient tonal, mélodique, s’inspire des succès en vogue, se renouvelle dans la diversité qu’engendre l’accumulation des styles et, avec l’invention de la télévision et plus loin d’Internet, capitalise tous ces acquis passés sur des moments d’information commerciale. En effet, l’étude historique de la musique publicitaire a largement démontré l’aspect nécessaire que la publicité exerce sur le public et dont les publicitaires ont toujours dû ménager les effets en diversifiant leurs messages et en cherchant à en renouveler l’expression, la forme et les stratégies de persuasion, par des moyens musicaux représentatifs de la diversité de l’approche sémantique, dès lors que l’on accepte que la musique doive convaincre avec ou sans paroles.

D’autre part, en ce qui concerne l’ambiance sonore en magasin, ce n’est qu’à partir des années 20 que la diffusion collective de musique enregistrée a été rendue possible d’un point de vue technique. En effet, il faut attendre cette époque pour que le système d’amplification qui permet de faire « écouter le son à une puissance collective mais contrôlable » 168 soit inventé et autorise la diffusion de musique d’ambiance dans les points de vente. Ce sont les cafetiers qui, les premiers, ont utilisé la radio pour animer leur commerce, suivis de près par Monoprix qui fut la première chaîne de magasins à diffuser de la musique d’ambiance enregistrée dès 1927. Dès lors, son utilisation a donné naissance à plusieurs sociétés spécialisées dans la production et la diffusion de fonds sonores à but commercial. Ainsi en 1937, la société américaine Muzak a proposé aux magasins, bureaux et ateliers sa musique fonctionnelle censée accroître la productivité des travailleurs et éviter leur assoupissement, notamment après le déjeuner (voir l’encadré intitulé « L’emblématique Muzak » 169 . Depuis d’autres sociétés se sont implantées sur le marché.

Notes
167.

Jean-Rémy JULIEN, Musique et Publicité, Paris, Flammarion, 1989, p.15.

168.

Michel CHION, Musiques, Médias et technologies, Paris, Editions Flammarion, 1994, p.18.

169.

« Crée en 1922, la société Muzak a bâti sa renommée sur la musique fonctionnelle (ou background music) qu’elle a appelé la Muzk, terme correspondant à la contraction des mots « music » et Kodak, société avec laquelle le fondateur de Muzak venait de s’associer. A l’origine, l’utilisation de la Muzak avait pour objectif principal d’accroître la productivité des employés. Ainsi, à partir de 1937, Muzak propose aux ateliers et usines une musique censée. C’est à partir des années 70 que Muzak propose sa musique aux surfaces de vente. La Muzak connaît alors un grand succès aux Etats-Unis», Voir à Sophie PIEUNIER, Le Marketing sensoriel du pont de vente, Paris, Du nod, 2002, p.48-49.