1.2.2. Equivalence de sens en traduction

Pour la traduction, la distinction entre les équivalences en langue et les équivalences de sens est devenue classique 214 . Elle signale le décalage significatif qui existe souvent entre les équivalences données hors contexte et les équivalences qui s’imposent sous la pression du discours. Elle indique également que la traduction est le résultat d’une interprétation fondée sur les significations de la langue et sur les facteurs situationnels.

En effet, la plupart des mots n’ont pas de réelle équivalence entre les langues. Cela est d’autant plus vrai que les sens des équivalents donnés dans un dictionnaire bilingue ont souvent des motivations extralinguistiques, généralement d’ordre social ou culturel. Il en est ainsi des termes renvoyant aux canons esthétiques et moraux. Non seulement ces équivalences en langue renvoient à des traits de mots différents selon le terme employé, mais encore les critères de beauté, c’est-à-dire les indices de décodage du mot ainsi que la valeur qu’on lui accorde sont variables d’une culture à l’autre.

Il apparaît ainsi que l’équivalence résulte avant tout de l’assimilation du sens du message à traduire. Elle se situe au niveau des structures énonciatives qui déterminent le discours. Cette assimilation du sens permet non seulement de dissiper la polysémie des mots et l’ambiguïté des énoncés, mais aussi d’éliminer les problèmes de traduction littérale et de vide lexical. La traduction interprétative est, par conséquent, celle du sens pris dans son contexte.

Le malentendu qui entoure l’équivalence du sens peut être expliqué par le biais d’une étude rigoureuse du processus de signification linguistique d’un point de vue traductionnel. En effet, de nombreux facteurs entrent dans la construction du sens d’un énoncé. Celui-ci dépend non seulement de la relation de l’énoncé au système de la langue considérée, mais aussi de sa relation au contexte linguistique et social. Le fait que chaque langue soumette le monde et l’expérience humaine à une organisation particulière induit des problèmes d’inter-référentialité. Les mêmes mots ne réfèrent pas aux mêmes faits selon les langues et les pays. Le sens résulte souvent d’éléments textuels qui émergent de la culture, de l’histoire ou de l’idéologie.

Qu’il s’agisse de sens référentiel, structurel ou situationnel 215 , la signification globale du message est le résultat d’une interprétation personnelle qui oscille entre subjectivité et objectivité, entre liberté et fidélité. Ces deux dernières notions sous-tendent toutes les approches traductionnelles jusqu’ici proposées. Elles déterminent également les attitudes du traducteur face au message à traduire. Il importe par conséquent de les interroger à la lumière des données caractéristiques du champ publicitaire. Mais auparavant, il convient de préciser le type d’équivalences recherchées dans la traduction des publicités.

Notes
214.

Voir à Danica SELESKOVITCHS, Interpréter pour traduire, Paris, Publications de la Sorbonne, 1993, p.73.

215.

Voir André MARTINET, La linguistique, Guide alphabétique, Paris, Denoël, 1969.