3 - Les écoles ottomanes.

L'enseignement officiel ottoman était relativement peu développé et de qualité médiocre. 442 Les écoles officielles ottomanes étaient, comme en Egypte, principalement destinées à former des officiers et des techniciens qui aideraient le gouvernement dans sa tâche. 443 Comme en Egypte encore, ces écoles étaient fondées sur un modèle européen dont les Ottomans admiraient l'efficacité, mais elles conservaient un certain nombre de caractéristiques traditionnelles. 444 Ces écoles étaient essentiellement fréquentées par les musulmans, donc par les garçons, malgré une augmentation progressive du nombre d’écoles de filles. 445 Elles avaient pour particularité majeure d'être tournées vers le pouvoir central : formation de cadres mais aussi développement de l'enseignement supérieur uniquement à Istanbul, enseignement du turc au détriment de l'arabe. 446

Si une coopération avec la France avait semblé souhaitable à un moment, plus tard, devant l'invasion occidentale, le système éducatif rejeta toute intrusion étrangère, même par le truchement de l'enseignement des langues 447 . Dans les années 1890, une loi interdisait aux musulmans de fréquenter les écoles étrangères. 448

Cette hésitation entre l'attrait occidental et le refus de tout contact avec l'étranger ne pouvait conduire à un système très équilibré. En outre, le rejet systématique de l'Occident ne pouvait que lui donner un aspect plus tentant aux yeux de ceux à qui il était refusé. Aussi les chrétiens dédaignèrent-ils un système dans lequel ils ne se reconnaissaient pas 449 .

Notes
442.

Union des ingénieurs et techniciens de la France Combattante, Section du Levant, Vingt-cinq ans d'efforts français au Levant 1920-1944 .p.117.

443.

Tibawi, A.L. American Interests in Syria. p. 68.Et Tibawi, A.L. A Modern History of Syria. p. 168.

444.

«Mahmüd II began the establishment of schools modelled on European patterns paralled to the traditional Islamic schools. The new schools were intended to train officers for the sultan's new army and officials for his new centralized administration. In some of the new schools European teachers were employed and French was taught, both for the first time.» (Tibawi, A.L. A Modern History of Syria.p.134.)

445.

«In state schools the pupils were still predominantly boys, but the number of schools for girls was increasing. Though the schools were legally open to the children of all Ottoman subjects irrespective of creed, the number of non-Muslim pupils in state - schools was still small.» (Tibawi, A.L. A Modern History of Syria. p.168.)

446.

«An increasing number of Syrian pupils who completed the higher secondary schools in their neighbourhood were selected for further study in Istanbul [...] In addition to Turkish they learned some French but little or no Arabic. Their deficiency in literary and even spoken Arabic contrasted with the proficiency of those Syrian Arabs, Muslims and Christians, who had received their education at native private schools or other non-government schools.»( Tibawi, A.L. A Modern History of Syria. p.169.)

447.

« [Le] gouvernement turc qui après avoir favorisé un enseignement secondaire de type laïque où une grande place était réservée à l'étude de la langue française, interdit brusquement en 1872 dans les écoles officielles l'usage des langues occidentales en même temps qu'il y développait l'étude du Coran.» ( Hornus, J.M. «Le protestantisme au Proche Orient.» in Proche Orient chrétien, t. 10, fascicule II, avril-juin 1960.p. 146-163 et 148.)

448.

«Although the Ottoman State system attracted comparatively few native Christian pupils, at least Anglo-Saxon missionaries complained of its adverse influence on their schools. Soon after the application of the educational law in Syria , the few Muslim pupils who had patronized missionary schools were withdrawn, and central and local government orders had since made it virtually illegal for a Muslim to send his child to a foreign school if a State, or a private Muslim, school existed in his locality.» (Tibawi, A.L. American Interests in Syria. p. 287-288.)

449.

Tibawi, A.L. Islamic Education.p.64.