4 – Porte ouverte à l’Occident.

Un certain nombre d'écoles présentes au Liban dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle étaient plus ou moins prêtes à s'ouvrir à une influence occidentale. Communauté de foi, attrait des techniques militaires, désir d’émulation, tout incitait les Libanais à attendre de leurs écoles quelque chose que le système ottoman, pourtant structuré vers les années 1850 450 , semblait inapte à leur offrir, sans doute parce que le gouvernement devait faire face à une trop grande instabilité dans un empire trop lourd à gérer que nationalistes et puissances étrangères commençaient à lui disputer.

Les diverses écoles flirtaient toutes, plus ou moins, avec l'Occident, depuis plus ou moins longtemps, de façon plus ou moins régulière et durable. Les Maronites furent les premiers, entraînant les autres chrétiens puis les musulmans 451  : aucune communauté n’était indifférente aux avantages et au prestige qui découlaient d’une éducation occidentale .

L'influence linguistique fut déterminante dans le contact avec l'Occident. Les langues étrangères étaient devenues nécessaires pour maîtriser un certain nombre de techniques modernes -scientifiques ou militaires - mais elles ne se contentaient pas de véhiculer des faits scientifiques purs, elles transportaient toute la culture qui les avaient formées. Et à l'appétit scientifique, on apportait une satisfaction saupoudrée de littérature ou de philosophie qui ouvraient de nouveaux appétits 452 . Introduire un manuel de science en langue étrangère, c'était ouvrir la porte à toute la culture véhiculée par la langue en question. Un véritable cheval de Troie  453 . Aussi, lorsque les missionnaires européens et américains arrivèrent en nombre, trouvèrent-ils un terrain fertile, prêt à les accueillir, même s'ils rencontrèrent de nombreuses difficultés dues au morcellement des communautés et à la juxtaposition d'écoles et de systèmes plus opposés que complémentaires.

Notes
450.

« A ministry of public instruction was created under 'Abdul-Majïd in 1847 to administer the new system of education. » (Tibawi, A.L. A Modern History of Syria . p. 134.)

451.

«No sooner was it realized that Western-style education enhanced the recipient's prestige and improved his earning power than native schools began to rise and march in the footsteps of Latin and Anglo-Saxon institutions. They employed French - or American - educated teachers and used French and English as the language of instruction. Such was Madrasat-al-Hikmah (school of Wisdom) founded in 1874 by Yûsuf al-Dibs. [...] Newly founded Moslem schools began to draw their inspiration from Western sources and include in their language instruction French or English. Such was al-Madrasah al-Uthmânîyah established in 1897 at Beirut by 'Abbas al-Azhari.» (Hitti, Philip K. Lebanon in History. p. 460-461.)

452.

Lerner, Daniel and Pevsner, Lucille W. The Passing of Traditional Society. p. 171.

453.

«Soon native schools began to deviate from the traditional conventional methods of instruction and follow Western models. French and English were introduced into the curriculums. Textbooks, scientific treatises, plays, novels began to be translated first from French and then from English to satisfy the new needs of the knowledge-starved youth .»(Hitti, Philip K. Syria : A Short History. p. 230.)