5 - Le Mandat français.

Lorsque, en 1920, l'Empire ottoman fut démantelé et que les puissances européennes (France et Grande-Bretagne) s'érigèrent en puissances mandataires pour sauvegarder leurs intérêts plus que pour assurer le bien être et le développement 534 des pays mandatés, la France revendiqua le contrôle politique du Liban en mettant en avant son travail d’éducation. 535 Mais la France ne faisait pas l’unanimité 536 malgré son emprise sur les populations chrétiennes et le soutien qu’elle leur avait apporté pour les élever au-dessus des musulmans. 537 Les Libanais, même lorsqu’ils étaient favorables au mandat français, n’en dénonçaient pas moins les excès de cette France étouffante et castratrice et réclamaient un système éducatif qui leur soit adapté. 538 Parallèlement à l’œuvre française, les protestants américains avaient fait un excellent travail à l'intérieur du pays, souvent négligé par les missionnaires français au profit de quelques centres plus prestigieux.

Si l'on compare les trois mandats sur le Proche-Orient, on trouve pratiquement les mêmes termes. Sont ajoutés des articles spécifiques aux problèmes internes des différents pays. Le mandat français sur le Liban diffère essentiellement sur les problèmes de langue et d'instruction. En effet, dans les trois textes on trouve le même article protégeant les droits des communautés en matière d'instruction :

The right of each community to maintain its own schools for the instruction and education of its own members in its own language, while conforming to such educational requirements of a general nature as the administration may impose, shall not be denied or impaired. 539

Si l’activité missionnaire est mentionnée dans les trois mandats, seul celui sur le Liban inclut un paragraphe supplémentaire sur le rôle scolaire des religieux . 540 La mission éducatrice des congrégations françaises avait trop rendu de services à la politique d'implantation française au Liban pour qu'elle ne fût pas soulignée. Que la France comptait plus sur son programme éducatif que sur ses autres moyens pour s'installer au Levant apparaît dans le fait que le mandat français est le seul qui contienne un article concernant l'instruction publique et des directives linguistiques :

The Mandatory shall encourage public instruction, which shall be given through the medium of the native language in use in the territory of Syria and the Lebanon . 541

Cet article favorisant l’arabe fut cependant détourné parce que le français devint sinon une langue indigène, du moins, une des deux langues officielles. 542

Le problème linguistique n’est pas évoqué dans le traité anglo-iraquien, mais il est soulevé dans le texte concernant la Palestine :

English, Arabic and Hebrew shall be the official languages of Palestine . Any statement or inscription in Arabic on stamps or money in Palestine shall be repeated in Hebrew and any statement or inscription in Hebrew shall be repeated in Arabic. 543

Le problème du foyer national juif sous-tend cet article. L'anglais, tierce langue, pouvait être envisagé comme compromis, évitant un conflit pour l'imposition de l'arabe ou de l'hébreu. Une telle situation conflictuelle n'existait pas au Liban où toutes les communautés étaient arabophones. Pourquoi cette imposition du français comme langue officielle sinon pour marquer davantage l'emprise, la main mise culturelle de la France sur le Liban et la volonté de la perpétuer grâce au Mandat 544  ?

La Société des Nations avait d'ailleurs conscience des éventuels dérapages, surtout en matière d'éducation, domaine où l'intervention idéologique était la plus discrète mais aussi la plus aisée et la plus payante, à long terme. La Commission des Mandats recommandait un enseignement plus pratique que littéraire, plus technique qu'humaniste, qui visât à former des gens aptes à développer leur pays et tirer profit de ses ressources sans dépendre d'une aide extérieure 545 .

Or, dès le début du mandat, la France laissa stagner le système public au profit des écoles françaises 546 en invoquant des raisons financières mensongères. 547 Elle voulait continuer à répandre la langue et la culture françaises pour s’attacher définitivement le Liban et s’y implanter durablement. 548 Ces choix, ainsi que les textes officiels dont ils découlaient, furent critiqués, non seulement par les Libanais mais aussi par certains Français qui y voyaient une source de division :

Ce qui est remarquable, dans le texte de ce mandat, c'est que la plus grande partie en est consacrée aux intérêts religieux, aux intérêts internationaux qui y sont supérieurement sauvegardés. Les intérêts religieux sont surtout ceux des chrétiens, car les missions et les communautés dont les droits acquis sont strictement soutenus, sont chrétiennes. Alors que l'autorité du mandataire se pose dans tous les domaines, en est indemne celui-là seul qui est pourtant le plus important non tant à cause de l'espèce des cultes que pour le droit d'éducation qui sans réserve lui est accordé. On permet ainsi la liberté des langues aidant la création d'états dans l'Etat qui sont autant de foyers de discorde. 549

Le système public était limité aux seules écoles primaires 550 de telle sorte que les Français avaient la main mise sur la formation de l'élite du pays 551 , recrutée majoritairement parmi les chrétiens 552 .

Non seulement les Français firent tout ce qu’ils purent pour imposer leur langue, mais ils censurèrent et amputèrent les manuels dont le contenu gênait le pouvoir en place 553 et en écrivirent même de nouveaux qui falsifiaient l’histoire de la région et qui furent immédiatement contestés 554 .Il n’empêche que plusieurs générations d’écoliers libanais se retrouvèrent avec des ancêtres gaulois :

This tendency was pushed to such absurd lengths as to attempt to frenchify the pupils. Count Sforza [...] visited Syria in 1935 and he saw some fifty dark-skinned and black-haired young Arab boys stammering together : « nos ancêtres les Gaulois étaient blonds!... » 555

Inconsciemment un processus d'identification s'enclenchait probablement qui conduisait les enfants loin de leurs sources culturelles propres et les leur rendait étrangères. Il s'agit d'expatriation intellectuelle :

Les riches familles syriennes considèrent presque comme une expatriation leur séjour dans leur pays. 556

L'écolier libanais risquait de devenir une sorte d’apatride et de demi-déclassé. Nous aurons l’occasion de constater le résultat d’une telle éducation dans les œuvres du corpus qui mettent en scène des personnages issus des milieux francophones. Des Libanais mais également des Français se sont élevés contre cette ingérence intellectuelle pour en souligner les abus et les incohérences :

Les parents qui tiennent à ce que leurs enfants reçoivent une éducation et une instruction moins antipatriotique, moins antinationale, moins antiraciale, n'ont malheureusement pas trouvé assez d'établissements libéraux français pour leur confier leurs enfants. 557 ’ ‘ Ce n'est pas répandre la culture française que d'apprendre aux enfants étrangers l'histoire et la géographie de la France, en taisant l'histoire et la géographie de leur pays, ce n'est pas répandre la culture française que de leur enseigner à mépriser tout ce qui les entoure de façon qu'on entende à tous moments un petit enfant parler avec mépris de l' « indigène » . [...] Ce n'est pas défendre la culture française que de forcer les enfants à crier, même du temps des Turcs : « Vive la France! notre patrie! » Ce n'est même pas servir la langue française car en réaction contre de telles absurdités, les écoles américaines se remplissent chaque jour davantage, au détriment des écoles françaises. [...] Une culture française capable de faire des Syriens cultivés, mais des Syriens non arrachés aux traditions, à l'histoire, à l'âme de leur pays, préparerait l'élite à être l'expression de la nation. 558

Le français devint donc rapidement la langue officielle de l'enseignement, malgré les recommandations faites sur l'enseignement dans les langues locales 559 . Dans un certain nombre d'écoles, l'enseignement se faisait exclusivement en français.

Devant l'ampleur de l'expansion du français, les écoles étrangères se virent obligées de l'enseigner. L'université américaine, grande rivale des institutions françaises, pour ne pas désavantager ses élèves ni leur ôter de débouchés, ouvrit une section de français 560 .

Le français était très demandé dans toutes les écoles, pas nécessairement par amour de la langue et de la culture françaises. Le français étant devenu langue officielle, avec la présence des Français à la tête de tous les rouages de l'administration, la connaissance de cette langue devenait une nécessité vitale pour obtenir des emplois 561  : le français était la langue de la loi, de la politique, du commerce... En quatorze années, le français était arrivé à supplanter l'arabe.

Cependant, la pénétration que les missionnaires des siècles précédents avaient menée en douceur était devenue trop forte, trop massive et elle entraîna sa propre destruction. Le Mandat nuisit plus à la France qu’il ne l’aida à maintenir et consolider ses positions 562 . Même si la langue française demeurait celle qui était la plus parlée au Liban, vers la fin du Mandat il n’était plus question des mots du clair parler de doulce France 563 . La négligence coupable de la France concernant l'enseignement public officiel n'avait d'égal que son mépris pour la culture arabe malgré une demande réelle 564 qu’elle choisit d’ignorer.

Les Ottomans avaient institué une école normale 565 mais elle n'était pas compétitive au regard des sciences et techniques nouvelles. La France apparaissait comme la plus apte à fournir une formation adéquate pour les futurs maîtres, grâce à son expérience 566 . Mais elle la refusa et ne fit rien pour soutenir l'école normale déjà existante 567 .

Certains pressentaient les clivages individuels, sociaux et communautaires qui s’accentueraient, devant un tel refus. Des problèmes psychologiques difficiles à surmonter, que nous étudierons dans les parties suivantes de cette étude, apparaissaient : déchirement, instabilité, loyautés divisées…

Ceux qui ont reçu un enseignement inadapté qui leur est tout à fait étranger et qui a ajouté beaucoup à cet état trouble et démoralisateur de celui qui se sent étranger à son sol, à sa langue, à son histoire et même à la géographie de son pays qu'on néglige de lui enseigner. 568

Tout aussi graves étaient les disparités entre classes sociales qu’entretenait ce système discriminatoire :

Pourquoi ne pas permettre à la Syrie de devenir une nation et l'obliger à rester un ramassis de débris de peuples et une tour de Babel? [...] Qu'on ne détourne personne de la langue du pays qui est l'arabe; aucune autre langue n'est et ne peut être nationale. Tout l'enseignement doit se faire en arabe, avec comme langue étrangère obligatoire le français, car, pour une fois, le sentiment et la raison sont d'accord, la culture arabe et la culture française étant les plus proches, celles qui se pénètrent le plus profondément. Mais il n'y a pas que le peuple qui doit recevoir l'instruction élémentaire en arabe. Il doit en être de même de l'élite. Un fossé ne doit pas être creusé entre l'élite et le peuple et, s'il est creusé, le devoir est de travailler à le combler. Libre à la famille de parler à l'enfant sa langue d'origine si elle tient à rester étrangère, mais l'autorité de laquelle relèvent les enfants d'une nation ne doit pas se prêter à cette imposition de séparatisme. 569

L'arabe devenait ainsi la langue du peuple, la langue inférieure alors que le français était l'apanage de l'élite. L'incompréhension qui existait déjà entre classes sociales était accentuée par la différence culturelle. Deux sphères linguistiques et culturelles se côtoyaient, sans pouvoir se rencontrer, sans pouvoir communiquer. Ceci nous a été confirmé par plusieurs écrivains et apparaîtra dans l’étude du corpus. 570 Un autre clivage était maintenu, entre chrétiens et musulmans. L'arabe, déprécié, était, en outre, confiné à la culture islamique, elle aussi dépréciée par une comparaison dégradante avec la culture européenne. 571 La discrimination confessionnelle se faisait au profit des chrétiens :

La politique de l'enseignement de la France établissait une différence dans ses rapports entre une confession et une autre. [...] Elle prenait appui sur une minorité pour paralyser la majorité. Elle favorisait les Turcs au désavantage des Arabes, comme des chrétiens au désavantage des Arabes.[...] Le jour où j'ai commencé l'enseignement, j'ai remarqué que les élèves étaient répartis sur les pupitres selon les confessions. 572

La confusion que Zaki al-Arsouzî lui-même fait entre arabe et musulman souligne celle volontairement faite et inculquée par les Français.

Le nationalisme a souffert mais profité de cette situation. Il a été réprimé par la puissance française. La politique française a éveillé le nationalisme, non seulement parmi les musulmans arabophones qui auraient été frustrés d’une scolarité française, mais aussi parmi ses propres élèves. 573 De nombreuses voix s’élevèrent contre le Mandat français. Avant même sa proclamation, de nombreux Libanais avaient montré un penchant nettement pro-américain, pour éviter la tutelle française. 574 Mais la France n’entendit pas les demandes d’un peuple qui lui avait été acquis pendant plusieurs siècles. 575

Les Français aimaient à croire que des affinités réelles existaient entre eux et les Levantins, plus qu’entre ces derniers et les Britanniques :

Un arabe, spirituellement, lyriquement, ne peut s'exprimer en anglais, où l' « élémentaire » de l'invention comme de l'expression, l'oblige à garder en lui tout ce qui fait l'essence même de sa caractéristique et qui relève beaucoup plus de la métaphysique, de la poésie, de la musique que des scènes concrètes, c'est-à-dire ce qui sourd de l'âme bien plus que de l'intellect. Un jeune oriental, au moment où l'être a besoin de s'extérioriser pour se connaître, s'installer, en quelque sorte dans son essence propre et son intimité, ne peut le faire avec des mots en anglais ni avec des idées en culture anglo-saxonne. 576

Pourtant, face à la France, se levèrent deux nations, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui allaient devenir ses dangereuses rivales, l'une sur le plan diplomatique, l'autre sur le plan éducatif, toutes deux sur le plan linguistique. Il semble que pour les Anglais, le débat ne se situait pas à l'intersection de l'âme et de l'intellect, mais plutôt à l'intersection des routes des Indes. Les Anglaises semblaient également avoir eu un penchant particulier pour l'Orient. Lady Stanhope est sans doute la plus célèbre d'entre elles :

« Ne vous êtes-vous pas étonné de l'espèce de frénésie qui, de tout temps a poussé les femmes à se mêler de la question arabe? [...] Je dois dire que ce sont surtout les Anglaises qui, le long des âges, nous ont donné le spectacle de ces singulières ardeurs. Chose digne de remarque, leur déchaînement a toujours cadré à merveille avec les froides visées de la politique britannique, dont le but n'a jamais cessé de tendre à l'utilisation des Arabes pour nous [les Français] créer toutes les difficultés possibles. Relisez, si vous voulez, sous cet angle, le livre de Lady Blunt. Vous avez, je pense, tout au moins entendu parler de la fameuse lady Stanhope. Sa vie et ses paroles demeureraient incompréhensibles si, sous leur apparente anarchie on ne découvrait pas ce qui fait leur unité : un désir forcené de la reconstitution de l'empire palmyrénien. Agissant ainsi, il se trouve qu'elle a servi puissamment, à l'égal des Allenby et des Lawrence, sa patrie, cette Angleterre qu'elle prétendait haïr. 577

Quant aux Américains, leur perpétuelle marche en avant, leur conquête de l'Ouest passait à un moment par l'Orient, pour y chercher une vérité plus complexe qu'une pure et simple occupation politico-culturelle.

Les uns et les autres profitèrent de l'exaspération causée par l’omniprésence française. Comme en Egypte, où le français permit à l'opposition à la présence britannique de s'exprimer, l'anglais fut, au Liban, sinon le moyen d'expression, du moins, le tremplin du nationalisme.

Notes
534.

1 - To those colonies and territories which as a consequence of the late war have ceased to be under the sovereignty of the States which formerly governed them and which are inhabited by peoples not yet able to stand by themselves under the strenuous conditions of the modern world, there should be applied the principle that the well being and development of such peoples form a sacred trust of civilization and that securities for the performance of this trust should be embodied in this covenant.”( Mandate Articles of the League of Nations Covenant, article 22.)

535.

Tibawi, A.L. Islamic Education, its Traditions and Modernization into the Arab National System .p.133.

536.

«Au moment où le mandat sur la Syrie a été confié à la France en 1920, la majorité de la nation syrienne était hostile à ce mandat. Le résultat du plébiscite en Syrie fut franchement hostile au mandat français. La nation syrienne s'était prononcée pour l'indépendance absolue sans mandat. Quant au choix du mandataire, si le mandat devait absolument être imposé à la Syrie, la majorité se montra en faveur du mandat américain.» (Menassa, Gabriel. Les mandats A et leur application en Orient. p. 67-68.)

537.

«Si la population libanaise avait des sympathies envers la France, et réclamait le mandat français, cela n'empêche que cette population n'est pas moins patriote que celle de l'Intérieur. Elle réclamait son Grand Liban autonome.» (Menassa, Gabriel. Les mandats A et leur application en Orient. p. 126.)

538.

«Pour arriver [...] [à] l'indépendance de l'Orient dans l'indépendance de chacun des pays orientaux, ces pays suivent deux chemins diamétralement opposés : les uns désiraient s'appuyer sur les forces nulles de l'Orient, et une civilisation arabe qui n'existe plus, ou, s'il en reste des vestiges, a été éclipsée par le progrès moderne. [...] D'autres préconisent des moyens basés sur la confiance dans l'Occident [...]. L'Orient ne pourra avancer sur la voie du progrès que s'il adopte les moyens des occidentaux, leur science et leur civilisation : une éducation civique et technique, inspirée des principes et des idées européennes, avec la démocratie pour base, pourra seule procurer à l'Orient, le bien-être et le progrès. Partisans de l'indépendance absolue et immédiate de notre patrie libanaise, et des autres pays de l'Orient qui ont de nombreux liens avec le Liban , nous sommes aussi de fermes partisans des mandats étrangers qui doivent procurer à ce pays les moyens et la force de vivre » . (Menassa, Gabriel. Les mandats A et leur application en Orient. p. 10-11.)

539.

The Mandate for Syria and Lebanon, July 24th 1922, article 8.Voir the Mandate for Palestine (and Transjordan) July 24th 1922, article 15, The treaty between His Britannic Majesty and His Majesty the King of Irak, October 10 1922, article 3.

540.

« The supervision exercised by the Mandatory over the religious missions in Syria and the Lebanon shall be limited to the maintenance of public order and good government; the activities of these religious missions shall in no way be restricted, nor shall their members be subjected to any restrictive measures on the ground of nationality, provided that their activities are confined to the domain of religion.

The religious missions may also concern themselves with education and relief, subject to the general right of regulation and control by the Mandatory or the local government, in regard to education, public instruction and charitable relief. » (The Mandate for Syria and Lebanon, July 24th 1922, article 10.)

« No measure shall be taken in Irak to obstruct, or interfere with missionary enterprise or to discriminate against any missionary on the ground of his religious belief or nationality, provided that such enterprise is not prejudicial to public order and good government. » (The treaty between His Britannic Majesty and Majesty the King of Irak, October 10 1922, article 12.)

« The Mandatory shall be responsible for exercising such supervision over religious or eleemosynary bodies of all faiths in Palestine as may be required for the maintenance of public order and good government. Subject to such supervision, no measures shall be taken in Palestine to obstruct or interfere with the enterprises of such bodies or to discriminate against any representative or member of them on the ground of his religion or nationality.» (The Mandate for Palestine (and Transjordan) July 24th 1922, article 16.)

541.

The Mandate for Syria and Lebanon, July 24th 1922, article 8.

542.

« French an Arabic shall be the official languages of Syria and the Lebanon . » (The Mandate for Syria and Lebanon, July 24th 1922, article 16.) « In the official schools there are two official languages, Arabic and French.» (Wilson, Florence. Near East Educational Survey, Report of a Survey Made during the Months of April, May and June 1927 .p. 101.)

543.

The Mandate for Palestine (and Transjordan), July 24th 1922, article 22.

544.

La situation linguistique au Liban était même plus claire qu'en Irak où des communautés importantes avaient leur propre langue. Les maronites avaient abandonné le syriaque depuis longtemps lorsque les Français devinrent leur puissance mandataire.

545.

«The Mandates Commission has emphasized the importance of practical rather than literary education, carried out in the vernacular, and devoted especially to character-training, to agriculture, crafts and hygiene as the means by which the native himself will be led to wish for an economic development of the region. It does not appear that the policy has been fully accepted in the French territories where education seems to be directed toward the creation of a Frenchified native élite. The favoritism toward Christian missions is, however, less marked in the mandated areas than in French colonies.» (Wright, Quincy. Mandates under the League of Nations .p. 560.) La Commission mettait donc en garde contre :“the dangers of education conducted wholly by missionaries or foreigners which was likely to alienate the educated class from the tribe. The training of native teachers should be attempted (...) and education should be practical and related to daily pursuits. Furthermore nationalistic propaganda for the mandatory government should be avoided. » (Wright, Quincy. Mandates under the League of Nations. p. 256-257.)

546.

«[C. 1920], at the primary level the state schools were outnumbered by various native private schools and foreign schools. At a high level [...] (in Beirut ) the Turks had established a number of important institutions. These included a higher secondary school (sultani), a school of arts and crafts, a training college and a higher school of law. [...] The French made no immediate attempt to revive any of these schools, not even the training college. They only sanctioned the state primary schools. [...] They made [things] worse by concentrating most of the effort on the French schools giving the primary in fact, if not in law, so much that these schools and not the state primary schools were in reality the national system.» (Tibawi, A.L. Islamic Education. p. 133-134.)

547.

«Inadequate financial resources was the excuse repeatedly offered not only for neglecting to develop the state primary schools but also for frequently reducing their number. In 1919 the share of education of the national budget was 200,000 Syrian liras : in 1924 it was reduced to 124,712 with the result that the number of pupils was reduced to some 8000 from double that figure five years earlier. This was done at a time when French schools had in round figures 35000 pupils. (The French schools had a special budget controlled by the French high commissioner and the money came from France.» (Tibawi A.L., Islamic Education. p. 134.) Vers la fin du mandat, la situation n'avait pas évolué :»Only a fraction of the total school-age children was actually at school, not for lack of desire, for there were never enough school places for those who applied for admission . [...] In [...]1938, the state budget showed a surplus of over three-quarters of a million Syrian pounds. Why was is not spent on providing at least places for applicants at schools? The French advisers, educational and financial, appear to have been more concerned with statistical neatness and oblivious of the « civilizing mission.» (Tibawi, A.L. A Modern History of Syria. p. 357.)

548.

«The neglect of public education was not accidental. In the absence of public schools, foreign schools - of which over 80 per cent were French- undertook to educate the youth of the country and consequently mold and orient its mind and spirit. » (Izzedin, Nejla. The Arab World, Past, Present and Future.p.178). « The French mandatory government, anxious to spread the French language and culture and to bring up a generation which would sympathise with France and its position in Syria and Lebanon , encouraged French missionary activities to a large extent and gave subsidies to the large number of orders active in Syria and Lebanon. » (Matthews, Roderic D. and Akrawi, Matta. Education in Arab Countries of the Near East. p. 459.)

549.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p. 59.

550.

Tibawi, A.L. Islamic Education. p.134.

551.

Naaman, Abdallah. Le Français au Liban. p. 94-97.

552.

«In Lebanon , and more specially in Syria , the Muslim population accused France of following a policy retarding the education of their children for political reason. » (Tibawi, A.L. Islamic Education. p. 135.)

553.

Tibawi, A.L. Islamic Education. p. 135.

554.

«Text books in history unacceptable to the French were banned from state schools. (...) From the beginning the French sought to make their own opinion prevail. Thus, with their blessing the Jesuit father Henri Lammens, then part of the Université St Joseph wrote, a controversial textbook entitled La Syrie : précis historique to which Syrian intellectuals, including the president of the Arab Academy, took strong objections as anti-Arab and anti-Islamic. Their protest averted its use in state schools, but it was used all the same in French schools and the schools that were obliged to take French examinations. » (Tibawi, A.L. Islamic Education. p.143.)

555.

Tibawi, A.L. Islamic Education. p.142.

556.

Roederer, Dr C. et Paul. La Syrie et la France. p. 48.

557.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p.125.

558.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p.129-130.

559.

«From the beginning the French forced the teaching of their language, as the première langue vivante, in all state schools from the first year in the primary school upwards.» (Tibawi, A.L. Islamic Education. p. 141.) Pour en faciliter l’apprentissage on avait même inventé un alphabet «imprimé de droite à gauche».

560.

« As the Université Saint Joseph naturally supplied higher education in French, it seemed wise for the American institution to continue to use English for its university courses, rather than to duplicate what the French institution was doing. But in order to fit Lebanese and Syrian boys for work in the territories under French mandate, a French lycée course was started, which became known as the « Section Secondaire » . (Dodge, Bayard. The American University of Beirut. p. 57.)

« The need for providing more thorough instruction in French for the benefit of students coming the French school were chiefly two, as stated by Pt Dodge. « In the first place » he wrote « it is essential for an institution as large as the University to encourage the new government program [...] In the second from French mandates, led in 1926-27 to the establishment of a separate French section in the Preparatory School. Beginning with twenty five pupils, the section grew so rapidly that it soon developed into an important branch of the school, offering a complete course similar to that of a French lycée and preparing students for the Syrian, Lebanese and French government examinations. By 1931 it had become so important a part of the preparatory work that it was organized separately as a French school under the administration of M. Robert Widmer of Paris. With his guidance it speedily developed into a first-class lycée offering preparation for the baccalaureate examinations, 1er et 2ème partie. Students in the French school were required to study a certain amount of English so that at graduation they were ready to enter the upper classes of the School of Arts and Sciences. The reasons for the development of place, it is equally important for the University to be a part and parcel of the state in which it is located, rather than an exotic agency for the training of students from the British territories where English is used. » The French school proved to be [...] exceedingly successful. » (Penrose, Stephen B.L. jr. That They May Have Life. p. 240-241.)

561.

« [Notre langue] fait si naturellement partie du bagage intellectuel de tout homme, que les écoles des autres nations sont obligées, sous peine de ne pas avoir d'élèves, de l'enseigner au même titre que l'arabe, et n'apprennent la leur que comme une langue accessoire. Elle est si nécessaire aux échanges, que les constructeurs allemands du chemin de fer de Bagdad se sont vus dans l'obligation de l'accepter comme langue officielle dans leurs règlements, leurs circulaires, sur leurs billets. La Syrie et la Palestine sont vraiment des pays de langue française. Le français, langue auxiliaire pour les gens du peuple, mais dont ils se servent souvent pour leur correspondance entre eux, est par excellence la langue commerciale du pays, celle des enseignes des rues, la langue des magasins et des bazars. C'est aussi la langue courante des classes aisées, et dans beaucoup de familles elle s'est substituée à l'arabe, même dans l'intimité. Elle est encore la langue mondaine, celle des réceptions de tous les milieux, fussent-ils grecs ou italiens. Sans l'usage du français, un Européen quelconque reste absolument étranger à la vie syrienne. » (Roederer, Dr C. et Paul. La Syrie et la France. p. 45-46.) Voir aussi Hourani, A.H. Syria and Lebanon; p. 152-153. Et Izzedin, Nejla. The Arab World, Past, Present and Future. p. 177.

562.

Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 153. Hitti, Philip K. Islam and the West : A Historical Cultural Survey . p.85-86.

563.

« La friction entre français et levantins n'a pas beaucoup diminué ce trésor intellectuel et moral. [...] Mais nous tenons à faire remarquer ici, que les dispositions amicales et affectueuses des populations envers la France ne leur ont pas été imposées par la force des armes. Elles ont été voulues. Elles ont été sincères. Aujourd'hui c'est le contraire qui se produit : par une erreur psychologique et une politique équivoque, la France veut imposer aux populations ce qu'elles ne demandaient qu'à obtenir; elle veut renforcer une influence qui se développerait mieux librement. Elle ruine par là-même, l'oeuvre que le mandat a trouvé en Orient, et éloigne d'elle, ceux qui hier, étaient ses meilleurs amis. » (Menassa ,Gabriel. Les Mandats A et leur application en Orient. p. 310.)

564.

« Le monde arabe, sans exception, et nous pourrions dire le monde musulman, ne pourra pas devoir à la France une gratitude plus grande, plus cordiale et plus sincère, que de la voir protéger sa langue et la langue du Koran. [...] C'est à la France, la puissance par excellence, que nous nous adressons pour avoir, de suite, une académie qui adapte à notre langue les mots et les expressions que nécessitent des inventions et des transformations nouvelles; qui encourage les travaux littéraires et scientifiques, les études d'art [...]et qui se pose en phare lumineux. » (Moutran, Nadra. La Syrie de demain . p. 260.)

565.

Tibawi, A.L. Islamic Education. p. 133.

566.

Moutran, Nadra. La Syrie de demain . p.259.

567.

Tibawi, A.L. Islamic Education. p133. Et Izzedin, Nejla. The Arab World, Past, Present and Future. p. 166.

568.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p. 123. A une époque où les nationalismes, au Proche Orient, et particulièrement en Syrie, sont en plein élan [...] l'idée semble maintenant saugrenue aux parents syriens, de confier l'éducation et l'instruction de leurs enfants à des maîtres qui étoufferont le germe national déposé par les parents dans leurs jeunes âmes, pour en faire des êtres hybrides, ni Occidentaux, ni Orientaux, ni Français, ni Syriens, tiraillés des deux côtés sans être fixés nulle part, en un mot, des êtres démoralisés profondément, dans leur essence même.» (Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p.123-124.)

569.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p. 58.

570.

D'aucuns prétendent que certains politiciens maîtrisaient mal l'arabe. Ainsi lors de la rédaction de la Constitution : «Le texte a été rédigé (sinon copié) en français puis traduit en arabe. Les imprécisions du texte arabe prouvent, en tout cas, que les députés ne possédaient pas suffisamment leur langue maternelle, à moins que la traduction défectueuse n'ait été effectuée à la hâte.» (Naaman, Abdallah. Le Français au Liban . p. 86-87.)

571.

« L'œuvre pédagogique des missionnaires est rejetée : elle n'a été et n'est encore que la lutte sourde contre l'Islam et l'Arabisme. Toutes les études sur la culture arabe et islamique visent à comparer celle-ci à la culture européenne pour en conclure à son infériorité. En enseignant les littératures étrangères, ils cherchent à détacher l'enfant de la littérature arabe. D'autre part, sachant que la langue arabe, dans sa forme littérale et ses caractères particuliers, est un des remparts de l'Islam et un des facteurs de l'unionisme arabe, ils se sont ingéniés à prôner l'usage de l'arabe dialectal, forcément régional; et la latinisation des caractères arabes.» (Abou, Sélim. Le bilinguisme arabe-français au Liban. p. 203.)

572.

al-Arzousî, Zakï. ‘L'expérience du bac arabe à Antioche.’ (1965) in Oeuvres complètes, t. V, 417-424 - cité in Audo, Antoine s.j. Zakï al-Arsouzï, un arabe face à la modernité.

573.

Zakî al-Arsouzî, alaouite, fut boursier du Mandat français à la Sorbonne : » La France prétendait nous apporter le phare de la civilisation et voilà qu'elle nous a détournés des principes de la science, et qu'elle nous a éloignés de la source de la culture. La politique du Mandat a agrandi la déchirure du vêtement usé de notre société - vêtement que les temps passés ont tissé de leur souillure- en dénonçant ceux qui gardaient en eux l'image des valeurs usées du passé. Elle a trompé les hommes de la religion et les notables, et s'est fabriqué des chefs, pour divulguer ensuite leur identité falsifiée. Mais en exposant les chefs sans masque, cet Etat voulait sevrer le public de la politique. [...] La France s'est imaginée qu'elle assurait par cette politique, ses propres intérêts, parce qu'elle percevait à travers sa personnalité corrompue, les voies de notre faiblesse. Mais les causes de ses dernières épreuves, ne sont-elles pas les mêmes que celles de la décadence de notre situation!La politique du Mandat est comme un torrent qui déplace les rochers accumulés par les siècles : il dévoile les métaux précieux cachés sous les décombres. [...] La nation qui obéit à la volonté d'une autre, en reçoit les règles de sa pensée et de son action : ses fils se métamorphosent en jokers auprès de ceux qui guident les affaires. La nation qui perd son indépendance renonce à ses (droits) sacrés et en conséquence la sagesse de son existence disparaît.» (al-Arzousî, Zakî. ‘Une situation d'usure’, in Oeuvres complètes, t. I-II, cité in Audo, Antoine s.j. Zakï al-Arsouzï, Un arabe face à la modernité.)

574.

« Though the Maronites as a whole wanted French control or a French mandate, the Arabs of Syria were the most part hostile to France, if foreign advice and control were necessary, they would have preferred British to French, and American to either.» (Hourani, A.H. Syria and Lebanon.p. 50.)

575.

« In the Franco Syrian conflict of 1945, the cultural emancipation of the Syrians was one of the chief factors which inflamed the French and drove them to the bombing and shelling of Damascus and other Syrian towns. In the fall of that year the French schools, having refused to conform to the regulations which required all private schools national as well as foreign, to register with the Ministry of Education, remained closed. » (Izzedin, Nejla. The Arab World, Past, Present and Future. p. 166.

576.

Saint Point, V. de. La vérité sur la Syrie par un témoin. p. 127.

577.

Benoit, Pierre. La Châtelaine du Liban .