4 - L’émigration.

L'émigration n'est pas un phénomène récent. Elle est inscrite dans l'histoire des Libanais dont les ancêtres phéniciens sillonnaient déjà les mers 706 . Dans La Montagne Inspirée, Charles Corm rappelle les lieux accostés et les voyageurs libanais fameux depuis ses ancêtres anonymes jusqu'à ses contemporains, Kahlil Gibran, Checri Ganem ou Amin Rihani :

‘Langue de mon pays, ô première figure
De proue, à l'horizon de l'univers ancien,
Toi qui gonflas d'orgueil la voile et l'aventure
Des anciens phéniciens.
[...]
Et vous, nos émigrants, courageuses pléiades,
Vous qui continuez cet essor rayonnant,
Par lequel nos aïeux, de cyclade en cyclade,
Fouillaient les continents.
[...]
Vous emportez en vous l'indéfectible audace
Et les mâles ferments de vos hérédités
Dont l'esprit refoula les bornes de l'espace,
et que nul n'a dompté. 707

Tout le monde s’accorde à reconnaître l’esprit d’entreprise de ces Levantins qui n’hésitèrent pas à aller à la conquête d’espaces et de domaines nouveaux 708 .

La fin du dix-neuvième siècle vit ces mouvements migratoires s'amplifier 709 . Les premiers émigrés quittèrent le Liban dans les années 1860, période extrêmement trouble et violente, en particulier lors des massacres entre Druzes et chrétiens. Dans ce cas, ce sont surtout les chrétiens de la Montagne qui quittèrent le pays. Les chrétiens se trouvaient en fait mal à l'aise dans un environnement à dominance musulmane 710 .Les musulmans, soumis aux mêmes humiliations de la part des Ottomans, se mirent également à partir 711 .

Oppression politique et religieuse allaient de pair avec une crise économique et sociale grave qui modifia le tissu libanais 712 . Rappelons quelques faits dont nous trouverons des échos dans les textes du corpus.

Cette période correspond à un accroissement démographique dû en partie à l'abaissement du taux de mortalité, surtout infantile : les Européens avaient introduit de nouvelles techniques médicales et avaient diffusé un enseignement portant sur l'amélioration de l'hygiène 713 . L’augmentation de la population était d'autant moins compensée par la fertilité du sol 714 que la montagne s'était vue envahie par la monoculture du mûrier 715 . Ce qui avait semblé être une véritable aubaine se retourna contre les paysans de la montagne. Cette monoculture et cette mono-production déstructurèrent totalement l'artisanat local et causèrent une aggravation du problème de l'emploi. D'autre part, cette ultra-spécialisation restreignit les productions vivrières et accrut la dépendance de cette région par rapport à l'extérieur, en augmentant les importations pour subvenir aux besoins élémentaires 716 .

Les Libanais, d'autre part, étaient de plus en plus attirés par le monde occidental. Ils en avaient eu un aperçu dans les écoles des missions et ils en attendaient beaucoup 717 . Ils ne trouvaient pas sur place les débouchés correspondant à leur niveau d'étude. Ils étaient en surnombre par rapport aux besoins du pays 718 . Plutôt que de se sous-employer, ils préféraient émigrer, occasionnant une fuite de cerveaux 719 . Ceux qui avaient émigré, s'ils avaient réussi, transmettaient à ceux de leurs parents et amis restés au pays, une image idéalisée de l'Occident 720 . Le mythe de l'émigré qui a réussi est soutenu par des traces, dans le paysage libanais, de l'argent des émigrés envoyé à leur famille restée au Liban :

Every time a red tile roof took the place of a flat one, it meant that some member of the family had gone abroad and made good. 721

Pourtant tout n'était pas rose pour les émigrants. Leurs débuts furent souvent difficiles et ils ne parvinrent à résister que grâce à leur ténacité et leur courage 722 . Leur adaptabilité les aida à faire face aux difficultés qu'ils rencontraient et à s’intégrer partout 723 .

Ces Libanais émigrèrent dans divers pays du monde 724 , parmi lesquels l’Egypte qui fut un pôle de migration particulièrement attirant. La présence anglaise y garantissait une sécurité aux émigrants syro-libanais, en majorité chrétiens, que le régime ottoman était loin de leur offrir. La famille d’Edward Atiyah partit s’installer en Egypte et travailler au Soudan :

The British occupation of Egypt (and later the Sudan) opened a new territory -much nearer home- for the Syrian and Lebanese Arabs to emigrate to in search of the security, freedom and economic opportunities which they could not find under Ottoman rule. Here [...], the bulk of the emigrants were Christians, since the ruling power whose protection (and often service) they came to seek was Christian. Also, the first few generations of Syrian and Lebanese Arabs to take advantage of the education offered them by the Western missionaries were, naturally, in the main Christians; and it was this Western-educated class that provided most of the emigrants to Egypt and the Sudan where, for many years, they performed under the British administration a very useful function as doctors, administrative officers, clerks and accountants, not to mention their general service, in the very early days, as intermediaries between the British rulers and their non-English-speaking subjects. 725

L'Egypte offrait les garanties d'un pays occidental tout en restant un pays arabe. Le dépaysement y était moins grand que pour ceux qui décidèrent d'aller chercher fortune à l'autre bout du monde, en beaucoup plus grand nombre 726 . Les Libanais étaient néanmoins indéniablement attirés par les Amériques :

The Golden Fleece lay farther West. In the seventies Lebanese emigrants can be said to have discovered America. 727

Certaines foires furent de véritables incitateurs à quitter le pays pour aller écouler une production d'articles pieux en provenance de Terre Sainte dont les Etats-Unis avaient une image particulièrement idéalisée 728 . En 1905, un tiers de la population du Mont Liban avait émigré en Amérique 729 . L'éducation offerte par les missionnaires protestants n'était certainement pas étrangère à ce choix 730 .

Ceux qui choisissaient de partir aux Etats-Unis devaient faire face à un dépaysement radical 731 . Conversions et inscriptions dans les écoles de la mission protestante se firent pour des raisons peu spirituelles. Malgré le soin qu'elle apportait à vérifier l'authenticité des conversions, la mission protestante n'était-elle pas devenue une «école d'émigration», facilitant les premiers pas de ces apprentis émigrants? La mission par son enseignement occidentalisé avait aiguisé le désir de certains jeunes de quitter un pays où ils se sentaient trop à l'étroit et pas suffisamment libres d'appliquer les théories libérales tenues de leurs maîtres occidentaux 732 .La censure du gouvernement d'Abdul Hamid joua en faveur de cette émigration Les intellectuels cherchaient dans d'autres pays une liberté d'expression qui n'existait plus en Syrie 733 .

Beaucoup de ces jeunes gens éduqués à l'européenne se sentaient totalement étrangers à leur pays et n'avaient de syrien que le nom et cela les encombrait. Edward Atiyah nous donne encore un témoignage intéressant de cet exil :

No attachment to the soil of Syria , no idea that Syria was the natural home of the Syrians ever developed in my mind. Rather it seemed that the best thing people who had been so unfortunate as to be born in Syria could do was to leave it as soon as they could, and adopt some other country. Many Syrians had already under the influences of European education, and through community of religion with Western nations, adopted spiritually some European nationality or other while they were still in Syria. Now thousands of Syrians were adopting a foreign soil as their home. 734

Edward Atiyah use de mots très forts pour montrer cette inadéquation du Syrien éduqué à son pays : no idea that Syria was the natural home of the Syrians.Le naturel est chassé par la fabrication d'une éducation extérieure. Un corps sans âme, une âme sans corps : voilà le spectacle offert par ce Syrien éduqué. Une âme chassée de son corps, en quête d'un nouveau corps (étranger). En fait, ce problème de déracinement était un phénomène courant parmi les chrétiens. Ils se sentaient autres et avaient toujours vécu leur religion comme une altérité qui ne leur permettait pas une intégration totale à leur environnement à dominance musulmane 735 . Ils s’étaient toujours sentis étrangers et les missionnaires étrangers ne firent que renforcer cette dangereuse tendance, les séparant davantage de leurs néanmoins compatriotes musulmans. Il en résulte un danger de double exclusion que certains chrétiens n’hésitèrent pas à exposer :

Ne faut-il pas reconnaître qu'il [le chrétien] s'y [au Proche Orient] présente trop souvent comme un étranger? Nos frères d'Occident, établis parmi nous, ne favoriseraient-ils pas parfois, le préjugé que le christianisme en Orient est une institution étrangère qui a cause liée, politiquement, culturellement et socialement, avec la civilisation occidentale? Comment nos concitoyens musulmans ne le penseraient-ils pas en voyant le peu de cas que l'on fait encore, ici où là, de leur histoire, de leur langue, qui sont aussi les nôtres? 736

Ce conflit entre Occident et Orient, les chrétiens en sont venus à le porter en eux 737 . Cette déchirure interne les a conduits à une quête d'eux-mêmes, à une errance perpétuelle 738 , à la recherche d'un point d'ancrage stable. Incapables de résoudre le problème de leur double appartenance (ou de ce qu'ils ont fait telle), ils l'exportent, plutôt que de tenter d'y trouver une solution sur place, ce que dénoncent encore certains d’entre les chrétiens d’Orient :

Notre vocation exige de nous [=chrétiens d'Orient] que nous fassions confiance au pays. Il existe, à ce sujet, ce qu'on pourrait appeler une « psychose de minoritaires » , dont nous devons nous débarrasser. Elle consiste à se croire persécuté, à gémir sans cesse et à chercher partout protection. Notre vocation exige de nous une insertion totale dans la vie de ces pays. Ce qu'il faut avant tout éviter, c'est de paraître comme des étrangers chez nous, des snobs, des absentéistes, des citoyens malgré eux, que rien n'intéresse de la renaissance culturelle, économique et sociale qui soulève les jeunes générations. 739

Etrangers chez nous, absentéistes, citoyens malgré eux, autant de signifiants qui dénotent l'absence de l'âme au corps. Le risque de ce cocon vide, de ce cocon mort, est grand. Certains se sont donc employés à changer les données du problème, à le dépouiller de sa spécificité orientale, afin de pouvoir lui appliquer des remèdes occidentaux comme ceux dont ils ont l’habitude 740 .

La plupart a cependant fui, croyant l'herbe plus verte de l'autre côté de la colline :

Habitués à surestimer les richesses des autres et inconscients de leurs propres richesses, ils [= nos jeunes] n'ont pu encore voir le vaste champ qui s'offrait à leurs jeunes ardeurs. Ceux d'entre eux que cette inconscience de leur mission propre n'a pas rejetés dans la banalité, ont tourné leurs énergies vers des tâches lointaines, privant leur pays des bienfaits qu'il était en droit d'attendre d'eux. 741

Fuir le pays pour se fuir, pour fuir cette identité vacillante, cette insécurité psychologique. Fuir vers le lieu où l'on croit trouver La Réponse 742 . Nous développerons dans d'autres parties de cette thèse ce problème d'identité crucial.

Pour les musulmans, l'émigration revêtait une autre signification, puisque le sentiment d'appartenance à la communauté d'origine était différent. Les musulmans étaient totalement intégrés à leur environnement à dominance musulmane, politiquement et religieusement parlant. D'autre part, les lois qui leur interdisaient l'accès aux écoles chrétiennes étrangères avaient entraîné qu'ils furent moins exposés aux influences occidentales que les chrétiens et furent donc moins tentés par les appâts de l'Ouest 743 . Car l'émigration, pour un musulman, représentait un saut dans l'inconnu beaucoup plus énorme que pour un chrétien qui avait reçu, à travers son éducation, un vernis culturel et linguistique occidental. En outre, la communauté de religion que le chrétien espérait trouver en Occident était totalement exclue pour le musulman. Pour le musulman, l'émigration représentait un déracinement beaucoup plus radical et beaucoup plus dramatique du point de vue de l'identité que pour le chrétien. C'est pourquoi les musulmans choisirent d'émigrer plus massivement en Egypte qu'en Europe ou dans les Amériques 744 . Ils émigrèrent pour des raisons plus économiques qu'idéologiques.

Dans la plupart des cas, toutes religions confondues, l'émigration n'était pas envisagée comme définitive. On partait temporairement pour gagner de l'argent afin d'améliorer les conditions de vie de la famille 745 .Les émigrés, à une époque critique des relations avec le mandataire français, en vinrent à être appelés : habitants absents temporairement. 746 La nostalgie de la terre natale était très forte et ce thème se retrouve très fortement dans la poésie du Mahjar. Les liens avec le pays natal étaient entretenus avec soin 747 . D'ailleurs, une mythologie du pèlerinage au pays natal se développa parmi les émigrés 748 . Cette nostalgie du pays natal se transmettait de génération en génération, comme en témoigne Carlos, dont la famille a émigré en Amérique latine :

En réalité, mes parents ont réussi, à mon insu, à m'inculquer un tel amour de leur pays que lorsque, à l'âge de quarante-neuf ans, j'ai voulu aller le voir par simple curiosité j'y ai laissé la moitié de moi-même. 749

D'Occident, les Syro-libanais soutenaient et encourageaient les activités nationalistes sur le territoire natal 750 . C'est à l'étranger que furent imprimés nombre de journaux et livres politiques et de là qu'ils furent diffusés au Liban 751 . Les émigrés n’étaient donc pas passifs : Ils étaient à la fois partie prenante dans les affaires de leur pays natal et dans celles de leur pays d'accueil 752 .

Malgré leur effort d'intégration, il reste toujours une déchirure intérieure qui produit une littérature intéressante, avec un non moins intéressant jeu de langues.

Notes
706.

« The Lebanese, because of their seafaring tradition and Christian background, felt more predisposed to adventure and to feel at home in Europe and America than other Near Easterners. Syria stood next as a source of emigration. Egypt and Iraq offered no considerable quota. » (Hitti, Philip K. The Near East in History . A 500 Year Story .p. 493.)

707.

Corm, Charles. La montagne inspirée . p.41- 67- 68.

708.

«Imitateurs inconscients d'Ulysse, de jeunes Chrétiens Levantins se déracineront pour un temps et iront faire carrière dans l'Egypte sous tutelle anglaise, en Amérique, jusqu'en Australie. Nombreux sont les jeunes libanais qui, durant la seconde moitié du XIXe siècle, se sentiront à l'étroit dans leur montagne sans ressources et se disperseront ainsi dans le monde. Ceux-là ne se contenteront pas d'étudier et d'observer : ils agiront; ils se mêleront aux négoces, à la presse, aux partis; ils réussiront dans la mesure même où désormais, affranchis par la distance, ils sauront secouer les vieilles conceptions orientales de classe, de confession, de famille qui paralysent leurs frères.» (Rondot, Pierre. Les chrétiens d'Orient. p.106.)

709.

« Le premier émigré est signalé en 1854 mais ce n'est que depuis 1870 et probablement du fait de la mauvaise conjoncture économique, que l'on a un mouvement migratoire suivi : 2 émigrés en 1869, 67 entre 1871 et 1880, 2220 entre 1880 et 1890. Ce mouvement s'accélère dans les années 90.» (Labaki, Boutros.»L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon (Revue libanaise de géographie) Vol. XIX, 1987) 21, (1ére et 2éme parties - Université libanaise, Faculté de Lettres et Sciences humaines.))

710.

«Le résultat [des événements de 1860] fut l'exode en foule des montagnards vers des pays plus prospères et plus hospitaliers. L'émigration dépeupla en partie le pays; elle eut surtout le gros inconvénient de le priver de son élite intellectuelle, qui désertait aussi volontiers, sinon davantage, que les commerçants. [...] Ces émigrants quittaient non seulement le Liban mais aussi la Syrie.» (Samné, Dr George. La Syrie. p. 216.Voir aussi Hourani, A.H. Syria and Lebanon . p. 34.)

711.

«Après le dépeuplement des campagnes, un des phénomènes les plus inquiétants du règne de 'Abdulhamid fut l'émigration. Pressurés par les gouvernants, diminués dans leur dignité d'hommes, de citoyens, des milliers de Syriens quittèrent le pays pour aller chercher à l'étranger une existence moins précaire, moins humiliée; de préférence en Amérique.» (Lammens, H. s.j. La Syrie . vol. 2. p. 202 .Voir aussi Hourani, A.H. Syria and Lebanon . p. 34.)

712.

«Sur le plan interne, cette période est caractérisée par des changements sociaux importants : déstructurations progressives du système de l' « iktaa » , changements de rapports de forces entre les groupes sociaux, croissance démographique inégale et migrations internes. Les changements touchent surtout le Liban Central et leurs conséquences migratoires s'y feront surtout sentir.» (Labaki, Boutros. «L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon . p.768.)

713.

« A loro [: i protestanti] si deve qualche migliora materiale, perchè in qualche villagio « non si temono più i bagni, o vi si usa l'olio di ricino, o il latte non è più una comodità esotica » . » (Crivelli,C. s.i. Protestanti e cristiani Orientali. p. 342.)

714.

« Pressure from increased population in a mountainous land whose soil was less fertile than its women found a safety valve in migration into foreign lands.» (Hitti, Philip K. Lebanon in History. p. 473. Voir aussi Pernot, Maurice. Rapport sur un voyage d'étude à Constantinople, en Egypte et Turquie d'Asie. p. 233. Et voir Tannous Afif I., ‘The Village in the National Life of Lebanon’ . Middle East Journal. vol. 3 (1949). p. 151-163 152-153.)

715.

« Before Pasteur checked the silk blight in France, a number of French manufacturers established mills in Lebanon , to make silk for weaving. Although the mills at Lyon and other places in France bought the thread at a cheap price from Lebanon and exported the cloth at a gain, the industry proved to be a boon for the peasants. » (Dodge, Bayard. The American University of Beirut. p. 16.)

716.

Voir Labaki, Boutros «L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon. p.11.

717.

Voir Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 34.

718.

Voir Labaki, Boutros «L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon. p.11.

719.

Voir Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 35.

720.

Voir Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 34. Et Ziadeh, Nicola A. Syria and Lebanon . p.242.

721.

Dodge, Bayard. The American University of Beirut.p. 16. Et Voir Saliba, Najib E. «Emigration from Syria« in Arab Studies Quarterly. vol. 3 n° 1 (Winter 1981) 67.

Ces émigrés qui prospéraient envoyaient des fonds au Liban qui étaient bénéfiques à l'économie du pays:»The level of prosperity was raised by the remittances which successful emigrants sent home to their relatives, and by the savings which they brought back with them. » (Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 35.Voir aussi Saliba, Najib E. «Emigration from Syria» in Arab Studies Quarterly. vol. 3 n° 1. p. 67.) Cet argent donna, en effet, une impulsion à l'activité économique libanaise. Les maisons au toit de tuiles rouges stimulèrent l'industrie du bâtiment, mais en même temps causèrent une spéculation foncière. L'argent provoqua également une augmentation de la consommation qui permit un relèvement du niveau de vie. (Voir Labaki, Boutros «L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon. p. 26.) Il est vrai que les récits des émigrés suscitaient des désirs que les Libanais n'avaient jamais soupçonnés auparavant :»They introduced new ideas, and, what was even more important, the example of a new and in many respects attractive way of life.»(Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 35.)

722.

« Helpless, friendless and penniless, the pioneering majority started by peddling notions, curios, articles from the Holy Land, before graduating into opening lace, kimono or rug or white goods stores or into establishing commissioners' and importers' offices with branches in half a dozen cities spread over several continents. » (Hitti, Philip K. Lebanon in History. p. 475. Voir aussi Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 35.)

723.

« Their versatility and adaptability helped them to become « all things to all men » . In Egypt they became Egyptians, in France Frenchmen, in America Americans, all before they had ever become Lebanese. » (Hitti, Philip K. Lebanon in History. p.476.)

« Le Syrien ambitieux, poussé par l'appât du gain et souvent par le besoin, n'a d'autres ressources que l'expatriation. [...] Aussi souples qu'ils sont mobiles et avisés, ces voyageurs s'adaptent aux mœurs du pays où ils ont fixé leur but, se pliant aux fortunes les plus diverses, et lentement, opiniâtrement, arrivent à faire leur place, puis ils s'élèvent et ils prospèrent. Petits colporteurs en Amérique et en Europe [...] les Syriens rêvent toujours d'étendre leurs affaires. Accueillis autrefois avec méfiance, ces émigrants sans pécule sont devenus une force sociale dans leurs divers pays d'adoption. » (Roederer, Dr C. et Paul. La Syrie et la France. p. 96.)

724.

Hitti, Philip K. Lebanon in History. p.450.

725.

EA. ATS.84-85. Voir aussi EA.ATS.26. Voir aussi Hourani, A.H. Syria and Lebanon.p.34: « There were two main roads of emigration. The one led to Egypt and the Sudan. [...] It was rendered more attractive by the establishment of British control over Egypt and the Sudan. The British authorities needed subordinate officials who spoke Arabic and understood the ways of the Near East, but who were also acquainted with Western methods of thought and administration. They found what they needed in the graduates of the Syrian mission-schools. [...] Being largely an urban middle-class community, partly Christian and suspected of an excessive attachment to Great Britain or at least to the West, the Syrian Egyptians have not always been liked by the Egyptians. [...] The Syrian-Egyptians are numbered in tens of thousands.”

726.

Voir Hourani, A.H. Syria and Lebanon.p.35.

727.

Hitti, Philip K. Lebanon in History. p.474.

728.

« The opening of Chicago fair in 1893 and that of St Louis in 1906 did much to attract Syrian emigrants. [...] Among the Syrian goods displayed were icons, strings of beads and crosses, items for which Palestine was noted. » (Saliba, Najib E. «Emigration from Syria.» in Arab Studies Quarterly. vol. 3 n° 1 (Winter 1981) 63.)

729.

Voir Labaki, Boutros «L'émigration libanaise en fin de période ottomane (1850-1914).» in Hannon. p. 22.

730.

«By 1889 Zahlah, for example, had lost, within eighteen months, about one ninth of its population, one in every twenty being a Protestant, according to a missionary report.» (Tibawi, A.L. American Interests in Syria. p. 238.) Voir aussi: «Un altra ragione le pongono nell'emigrazione dei cristiani siri in America ed in altri paesi; dicono che il numero maggiore è costituito dai siri protestanti (p. e. di 235 converti a Beirut 112 si sono recati all'estero) a causa, come essi dicono, dell' educazione protestante, che rende i loro convertiti più adatti al miglioramento del loro stato all'estero.»(Crivelli, C. s.i. Protestanti e Cristiani Orientali. p. 332.)

731.

«The process of taking root was harder for them than for those who went to Egypt , since it involved learning new languages and acquiring new ways of life.» ( Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 35.) Pour ceux qui avaient fréquenté les écoles protestantes, le saut dans l'inconnu était moins grand et moins terrifiant. C'est ainsi que certains vinrent chercher conseil auprès des missionnaires. «While emigration deprived the mission of some teachers and preachers, it also offered an unrivalled opportunity to increase the number of Protestants. For many recommendations from the mission of the emigrants, especially those going to the United States, sought and received. » (Tibawi, A.L. American Interests in Syria. p. 279-280.)

732.

EA.ATS.26.

733.

« (A) relative freedom of thought and expression [...] existed in Syria until 1880. However, with the expulsion of Midhat Pasha, a great Ottoman liberal and reformer as governor of the province, censorship was applied to the press and other forms of intellectual expression. Sultan 'Abd al-Hamid and his agents gradually squeezed life out of the press and subjected writers and journalists to imprisonment, fines and expulsion. Thousands of books were burned or buried in the ground in an attempt to keep inspectors away. Faced with tightening Hamidian censorship [...] Christian and Muslim intellectuals alike fled Syria and took refuge in Egypt , Europe and the Americas. Perhaps the largest community of these intellectuals settled in Egypt after 1882. Under British control, the Egyptian press was relatively free to publish, especially on topics unrelated to Egyptian-British relations. Consequently, authors, editors and journalists flocked to Cairo and Alexandria . » (Saliba, Najib E. «Emigration from Syria.» in Arab Studies Quarterly. p. 63-64.)

734.

EA.ATS.27.

735.

Sharabi, Hisham. Arab intellectuals and the West : The Formative Years 1875-1914 . p.8. Voir aussi: «La langue arabe qui leur [=les chrétiens] sert exclusivement de moyen d'expression et d'instruction, ainsi que la communauté indiscutable d'origine, de passé et du sol, sont les liens les plus importants qui les rapprochent des musulmans. A part cela, les institutions religieuses, les croyances, la famille, la morale, et par suite, les mœurs, les en séparent profondément. En outre la communauté des croyances qui les relie dans une certaine mesure à l'Occident leur ont fait subir de ce côté des influences variées et divergentes, politiques, sociales et intellectuelles.» (Rabbath, E. L'évolution de la politique de la Syrie sous Mandat . p. 24.)

736.

Néophyte EDELBY B.A., «Notre vocation de Chrétiens d'Orient» in Proche Orient chrétien, t.3 , fasc. 3, juillet-septembre 1953. p. 201-217-207.

737.

« Through mission schools, through emigration and in other ways there has been built up in Syria an educated class westernized in spirit as well as in externals, but still Arabic in language and for the most part in sympathies and feeling. Thus the conflict between East and West has become a conflict inside their own souls. » (Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 79.)

738.

« Syria to the Christian Arab was « home » in a different sense from what it was to his fellow Muslim. Emigration presented itself as a natural outlet : life was made meaningful not with the ancestral home, but outside of it. For the awakened Christian, uprootedness was a natural condition of life. » (Sharabi, Hisham. Arab intellectuals and the West : The Formative Years 1875-1914 . p. 53-54)

739.

Néophyte EDELBY B.A., «Notre vocation de Chrétiens d'Orient» in Proche Orient chrétien, t.3 , fasc. 3, juillet-septembre 1953. p. 206-207.

740.

Voir Néophyte EDELBY B.A., «Notre vocation de Chrétiens d'Orient» in Proche Orient chrétien, t.3 , fasc. 3, juillet-septembre 1953. p.216.

741.

Néophyte EDELBY B.A., «Notre vocation de Chrétiens d'Orient» in Proche Orient chrétien, t.3 , fasc. 3, juillet-septembre 1953. p.216.

742.

«The West has meant for [the Christians] not only the discovery of a new way of life, but, in the most fundamental things, a rediscovery of their true selves. » (Hourani, A.H. Syria and Lebanon . p. 80.)

743.

«It is significant that the Moslems did not participate to any appreciable extent in this emigration movement. For one thing, the ruling power in Syria was a Moslem power, whereas the outside world to which the emigrants went was a Christian world, where Moslems would be subject aliens; for another, the Moslem were more conservative than their Christian Compatriots, and had not, on account of their religions exclusiveness, come much under foreign influence yet.» (EA.ATS.26)

744.

« Religion was an important factor in determining the destination of the emigrants. Most emigrants to Egypt were Muslims and almost all the early emigrants to the West were Christians.[...] [The] Christian subscribed to the same basic beliefs, and worshipped and prayed to the same God, and thus could blend into the new society. The Muslim emigrant faced psychological, religious, and cultural obstacles in the West. What would become of him, his children and his religion in the land of the « infidel » ? For these reasons the Syrian Muslims, at first, shunned emigration to the West, leaving that option almost totally to the Christian. » (Saliba, Najib E. «Emigration from Syria.» in Arab Studies Quarterly. p. 65-66.)

745.

«Seldom did an emigrant indicate that he had left his homeland permanently. On the contrary, many entertained a desire to return after having made some money. A. Ruppin, a German Scholar, reported that one -third to one- half of the emigrants returned and invested their savings in land and in new homes. » (Saliba, Najib E. «Emigration from Syria.» in Arab Studies Quarterly. p. 65.)

746.

Lohéac, Lyne. Daoud Ammoun et la création de l'état libanais . p.122n.

747.

« There are in the United States some hundreds of American citizens of Syrian and Lebanese birth and descent, most of whom still have a sentimental attachment to their country of origin and many of whom still possess property there. » (Hourani, A.H. Syria and Lebanon. p. 159.)

748.

« Les émigrés proprement dits, restent très attachés à la terre natale et plus précisément à leur village. [...] Je comprends les vieux émigrés, mais je ne peux m'empêcher de trouver un peu grotesque toute leur mythologie de la terre natale et le rituel dont ils entourent leur pèlerinage au Liban . » (Abou, Selim. Liban déraciné - Immigrés dans l'autre Amérique . p.259-260.)

749.

Abou, Selim. Liban déraciné - Immigrés dans l'autre Amérique . p.342.

750.

« Le mouvement arabe recevait d'Amérique les plus sympathiques encouragements. Les Syriens émigrés en Amérique se comptent par centaines de mille; très unis, riches et entreprenants, ils suivent de près, dans leurs clubs, leurs revues et leurs journaux, les événements de cet Orient où leur cœur a laissé bien des attaches. » (Gontaut-Biron, Comte R. de. Comment la France s'est installée en Syrie . p. 188.) « La sympathie des syriens d'Amérique envers l'émancipation arabe ne se borna pas à des encouragements platoniques. [...] Dès la fin de 1918, le haut commissariat constatait [...] les premiers effets d'une propagande américaine fort habilement greffée sur le mouvement arabe, qu'elle utilisait contre l'influence française. » (Gontaut-Biron, Comte R. de. Comment la France s'est installée en Syrie. p.246).

751.

Voir Khairallah K.T. Le problème du Levant - Les régions arabes libérées Syrie , Irak , Liban. Lettre ouverte à la Société des Nations . p. 27.

752.

« Les centaines de milliers de Chrétiens en Amérique, [..]ont vécu dans des pays de liberté. Ayant déserté le pays sous l'ancien régime, alors qu'ils n'avaient rien à espérer de la protection ottomane, ils s'étaient naturalisés dans les Républiques libérales d'Amérique. Dans certaines villes, la colonie libanaise compte des milliers d'électeurs. Ils ont leurs clubs, et ils participent à la vie politique américaine. » (Menassa, Gabriel. Les Mandats A et leur application en Orient. p. 131.)