1- Présence étrangère.

Que le Proche-Orient est investi par les Occidentaux est rapidement évident. On se souvient des nombreux voyageurs étrangers qui ont sillonné ses routes et ses pistes à la recherche des sources de la spiritualité, d'un passé prestigieux ou d'une aventure exotique. Même les lointains Américains (GH 13-25-38 - GMW 3), dès le début du dix-neuvième siècle, ont trouvé un intérêt grandissant pour le voyage en Orient et en ont rapporté des dizaines de volumes. ⁸⁶⁴ Ces touristes ainsi que les marchands, peu préparés linguistiquement avaient recours à des interprètes autochtones. Ainsi Assaad Y. Kayat servit-il d'interprète et de courtier (AS 31) avant de devenir drogman (AS 71). Ces drogmans hantent les pages des voyageurs au Levant. John Ross Browne publia, en 1853, un ouvrage dont son drogman est le personnage principal : Yusef; or, the Journey of the Frangi : A Crusade in the East. Ces drogmans interprètent la langue mais aussi la culture arabes à des Occidentaux en quête de dépaysement ou d'affaires. Gregory M. Wortabet illustre dans ses deux volumes de récit de voyage à travers la Syrie, cette attitude. A des époques moins pacifiques, les rues des villes sont envahies par des soldats stationnés là qui apportent avec eux un substrat de culture occidentale.

‘ « What then did the war mean to Cairenes? Distant slaughter, [...] the streets full of alien soldiers, escorting more Efrangeyas than we thought Egypt held. English pouring everywhere into our ears, displacing French as the foreign tongue. Hotels, restaurants, cafés, movie houses, shops, alive with money and bought sex; native officials, contractors, profiteers growing suddenly rich... (IH OOE 92) ’

Les Orientaux sont confrontés à toute une gamme de voyageurs occidentaux, des quêteurs de spiritualité aux aventuriers moins recommandables. Dans tous les cas, les Orientaux sont amenés à jeter un nouveau regard sur leur pays, leurs coutumes, leur langue et sur eux-mêmes, puisque des étrangers apportent un éclairage original.