7 - Un Anglo-Arabe met en scène son histoire.

L'appartenance d'Edward Atiyah aux deux mondes culturels, son rôle professionnel d'intermédiaire, lui donnent une légitimité pour exposer en anglais un certain nombre de points de vue et de situations orientales. On a remarqué comment, dans les romans de la veine britannique, le Proche-Orient resurgit brièvement afin de hâter le dénouement d'une crise (EA CJM) mais aussi d’ouvrir d'autres perspectives de lecture pour des textes relativement anodins par ailleurs. L'évolution de la fiction d'Edward Atiyah suit la dégradation des relations anglo-arabes autour de la question palestinienne. Le cosmopolitisme de Black Vanguard apparaît illusoire et si Edward Atiyah conserve résolument sa sympathie envers l'Angleterre, son dernier roman est près de laisser triompher la partie adverse (le villageois triomphe des deux citadines étrangères (EA DM).

La forme de ces romans est simple, linéaire (à l'exception de The Eagle Flies from England), la langue soignée : on ne retrouve pas la jubilation d'Ameen Rihani. Chez Atiyah, le message idéologique prévaut; il est certes moins lourd que dans d'autres romans plus tardifs et que dans la littérature en arabe de la même époque, mais on sent très nettement qu'il s'agit de romans à thèse.

Si l'on met en relation ces romans et l'autobiographie d'Edward Atiyah, on saisit comment la problématique qui est au centre de cette dernière, à savoir l'identité d'un sujet divisé, est également ce autour de quoi se bâtit sa fiction. L'autobiographie n'a pas résolu le problème et Edward Atiyah est contraint de le remettre sur la page blanche, se mettant en scène sous divers masques éphémères, inadéquats, contradictoires, à l'image de l'instabilité et de l’ambiguïté de son identité.