I - QUELQUES COURTES PIECES EGYPTIENNES.

Au milieu des années 1970, l'Université américaine du Caire décida, sous l'impulsion de David Woodman, de collecter des pièces en un acte, en arabe et en anglais, pour les publier et même les mettre en scène dans le théâtre de l'Université. Quatre seulement sont en anglais, dont une a pour auteur un Arménien.

One Morning in the Life of (1974) de Kay Rouchdy, pantalonnade cacophonique allant jusqu'à l'absurde, présente une critique sévère du système scolaire et de son inadéquation à la demande (matériel défectueux, manque d'hygiène, sur-effectif, absence et incompétence des professeurs), critique aussi du fonctionnement de la bureaucratie et de la censure (Shakespeare est censuré parce qu'il est considéré comme pornographique). Le rythme est soutenu, les discussions se superposent mais on conserve le sentiment d'une pièce de théâtre de patronage.

Amin Bakir avec The Song of the Bullet (1974) met en scène l’impossible dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Deux hommes élevés ensemble se retrouvent au poste frontière près de Gaza avec un fusil entre eux. Shadi, le Palestinien, plaide sa cause en utilisant les sentiments humains d'appartenance à une même tradition alors que Yakov lui répond par un discours idéologique stéréotypé; Shadi parle de l'individu, Yakov se place sur un plan général ; ils élaborent ainsi deux discours parallèles qui jamais ne se rencontrent. Tout s'achève dans un bain de sang. Le milieu des années 1970 correspond à une vague de terrorisme d'un côté et de paranoïa de l'autre, s'engendrant mutuellement, comme l'illustre de façon très incisive et frappante, cette courte pièce.

Ces pièces semblent assez éloignées de la recherche des dramaturges égyptiens qui se situe entre épopée populaire et absurde.