2 - Femmes de Palestine .

La guerre civile au Liban puis les massacres à Sabra et Chatila ont donné lieu à de nombreuses prises de parole. Certains rassemblements d'intellectuels et d'écrivains ont abouti à des publications de textes antérieurs ou à des textes originaux. Kamal Boullata, artiste et critique palestinien, a dirigé plusieurs de ces anthologies qui réunissent beaucoup de membres de la deuxième génération d’émigrés qui, s'ils acceptent la qualification d'Arabes-américains, refusent de figurer sous une identité simplement arabe.

Les poèmes d'Hanan Mikha’il (épouse Ashrawi) traitent de la réalité des Palestiniens. Le combattant n'apparaît plus comme un héros adulé par les uns, honni par les autres, mais comme un individu aux prises avec une souffrance qui fait de lui le sujet de son histoire, de l'Histoire. Ainsi, Demonstration, court poème sur l'Intifada, montre le sursaut du sujet observateur de son sort. Elle décrit aussi la vie quotidienne dans les camps de réfugiés. Ce sont des raccourcis saisissants qui donnent l'ampleur du drame palestinien : ‘... I would have been fired. / Ahmed signed - / and he was. / He never bought a television set.’ (HM. Economics). Le jeu sur fired (renvoyé - tué par balles) concentre le passage d'une vie, consacrée à l'acquisition de biens matériels, à la mort violente, absurde.

Yasmin Adib fait partie de ces poètes découverts à l'occasion d'événements comme les massacres de Sabra. Son poème, Memorandum, joue sur le souvenir du massacre des juifs par les nazis, en détournant le Never again et l'appliquant aux victimes de cette nouvelle fête du sacrifice, fête des lumières, autant de fêtes religieuses juives perverties. Le poème fonctionne sur ce glissement subtil de l'oppression de nos oppresseurs, du subjectif et de l'objectif.