La nouvelle semble devenue le genre le plus populaire des publications dans le monde arabe. Elle semble même avoir pris la place qu'occupait traditionnellement la poésie 1206 . Elle a servi de tremplin vers le roman d'inspiration occidentale en permettant la transition entre les contes et la forme romanesque plus longue et plus élaborée. La publication dans la presse la rend plus accessible et elle a permis à certains auteurs de parfaire leur style avant d'accéder au roman. En se démarquant du conte avec ses modalités contraignantes, elle a concouru à l'avènement du réalisme dans la littérature. De grands écrivains, tels que Nagib Mahfouz, ont publié quelques nouvelles seulement alors que d'autres, comme Youssef Idris ou Ghassan Kanafani, s'y sont presque entièrement consacrés. La traduction de l'arabe a d'abord privilégié les nouvelles dont il existe en anglais de nombreux recueils.
Par leur brièveté, elles offrent à de jeunes auteurs la possibilité de chercher et peaufiner un style propre. Dans le recueil posthume, The Sun is Silent, le classement chronologique permet de suivre l’évolution de Rima Alamuddin : le lecteur assiste à l'hésitation de la jeune fille : la longue nouvelle, ‘The Eye of Chidhood’,et le poème ‘There was a yellow rose’ (RA YY ) reprennent la même histoire. De la même manière Aisha préfigure l'épais roman d'Ahdaf Soueif, In the Eye of the Sun.
Cependant la plupart des nouvelles demeurent isolées, essais de jeunesse d'un auteur encore étudiant, dans la foulée d'un cours de création littéraire typique d'une certaine éducation anglo-saxonne. Leur brièveté permet de dire de façon plus percutante la violence de la réalité. Les textes de deux pages d’Ali Shalash enferment le lecteur dans cette prison (celle dont la porte s'entrouvre) plus sûrement qu’ un roman où cette fermeture serait plus diffuse, moins oppressante. La rapidité de la nouvelle traduit efficacement les soubresauts d'une réalité marquée par les coups de force et les explosions : l'intensité de la rencontre entre l'enfant et l'homme dans ‘Beyond the wall’ (RA SiS) est renforcée par l'explosion finale jetée à la face du lecteur au moyen de trois lignes allusives.
Plus encore que les autres genres, la nouvelle colle à la réalité du moment, individuelle ou collective. Elle fait l'effet d'un arrêt sur l'image qui donnerait le temps de décortiquer l'événement, temps de relecture pour le comprendre.
Allen, Roger. ‘Beginning and Ending: Aspects of technique in the Modern Arabic Short Story.’ World Literature Today.60n°2(Spring 1986): 199-206.