c - Le Théâtre.

Le théâtre à l'occidentale n'apparut en Orient que dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Auparavant, les conteurs populaires ( ’some old Hakawati’ (SA L 166-167)) tenaient le devant de la scène, ainsi que le théâtre d'ombres, des spectacles de marionnettes d'origine ottomane ou des montreurs comme le Tareq du roman, The Lord , de Soraya Antonius. Les représentations rituelles chiites étaient également une forme théâtrale populaire (‘the pathetic show of self-inflicted wounds on the Muslim feast of A'asshoura’ (CG BP 88)). Il y eut d'abord des traductions et imitations du théâtre occidental. A ce propos, Jabra Ibrahim Jabra a traduit plusieurs pièces de Shakespeare en arabe. Puis les dramaturges arabes ont commencé à créer un théâtre qui leur était propre en plongeant dans leurs racines folkloriques et historiques. On se souvient comment Leila Said utilise les histoires traditionnelles selon un angle d'approche différent qui les renouvelle. On se souvient aussi des difficultés qu'elle rencontre : censure politique et religieuse rendent la tâche du dramaturge arabe particulièrement ardue. A cela s'ajoute le problème de la langue, l'épineux choix entre langue classique et dialectale. Les pièces en dialecte, souvent plus populaires, sont entrecoupées de chansons (comme dans le théâtre amateur du harem de Fatima Mernissi). Les dramaturges parviennent après de longs tâtonnements à trouver le ton juste et à écrire des pièces à jouer et non à lire. Après une période où le réalisme dominait, dans les années 1960, l'avant-garde égyptienne rejette, avec Tawfiq el Hakim, les contraintes de la logique, et avec Yssuf Idris donne dans le dérisoire et la farce et utilise abondamment le mot d'esprit, le jeu de mots. Le théâtre de Khalid Kishtainy se situe plus dans cette lignée que dans une tradition irakienne, pourtant critique du pouvoir, mais souvent moralisatrice.

Dans la préface de sa pièce Yâ tala' al-chagara (ô toi qui grimpes à l'arbre) (1962), Tawfiq el Hakim insiste à la fois sur la nécessité du réalisme dans le théâtre : Nous n'avons pas encore fini de représenter et d'enregistrer les étapes de notre vie réelle et de notre société en évolution , mais également sur la modernité de la forme (que les Occidentaux découvrent tout juste, mais qui est, en fait, la base de l'art antique égyptien 1207 ).

Les pièces de Khalid Kishtainy comme celles d'Amin Bakir et d'Etel Adnan sont à la fois absurdes et idéologiques. Kay Rouchdy, lui, pratique la farce populaire sans grande subtilité.

Notes
1207.

el-Hakim Tawfiq. ‘Sur le théâtre de l’irrationnel.’ in Anthologie de la littérature arabe contemporaine. T.2. Les essais. p.421-425.