Si l'on a remarqué la part importante des autobiographies dans ce corpus, il ne faut pas oublier de mentionner la proportion élevée de romans à la première personne ou l'insertion fréquente d'extraits de journaux ou de lettres dans des romans de formation. Peu de textes concernés par cette étude échappent à ce phénomène. Nada Tomiche dans sa brève introduction à la littérature arabe contemporaine remarque cette véritable inflation auto-biographique , cette auto-contemplation qui serait un lointain écho des mystiques soufis 1220 . Nous avons également fait ressortir le lien biographique étroit que les écrivains entretiennent avec leurs oeuvres. Ecrire, s'écrire : la séparation entre le roman et l'autobiographie est infime. Edward Atiyah parlerait de thin line . Il est évident que nous ne tenterons pas de faire une lecture anecdotique des œuvres de fiction mais nous chercherons à comprendre le sens d'une telle prolifération : que dit-elle du sujet qui écrit? En apprend-on plus ici que dans l'autobiographie ou est-ce l'inconscient du sujet écrivant qui dit quelque chose d'un problème que l'autobiographie considérait comme clos? La fiction rouvre-t-elle le débat sur une plaie ouverte que le texte conscient de l'autobiographie voulait fermée, cicatrisée? Ces romans, textes de fiction, seraient une autre scène où se rejoue la division du sujet, où elle explore d'autres modalités d'expression, voire de thérapie.
Tomiche, Nada. La littérature arabe contemporaine. p 150..