La mode du voyage en Orient a donné lieu à un certain type de représentation de cet Orient en littérature et en peinture. L'orientalisme avec son discours sur l'exotisme empreint de paternalisme, très lié au romantisme, a cédé le pas au fil des décennies à une représentation plus pragmatique de l'Orient. De l’image positive d'un ailleurs de rêve, on passe à un constat plutôt négatif qui insiste sur l'immobilisme, le retard de l'Orient sur l'Occident, constat utilisé pour justifier les interventions impérialistes et colonialistes. Les écrivains arabes d'expression anglaise sont confrontés au manque de réalisme de ces deux types de représentation. Quelle alternative proposent-ils lorsqu'ils investissent un espace peuplé de voyageurs occidentaux de tout poil? Ils hésitent entre un orientalisme issu de leur culture occidentale et un discours pragmatique qui tend à rétablir quelques vérités. Dans les deux cas leur position est décalée par rapport aux représentations occidentales puisqu'ils bénéficient d'une connaissance intime de l'espace décrit, connaissance qui échappe au voyageur occidental. S'ils usent de certains modes occidentaux, ils le font à des fins différentes, individuelles ou idéologiques.
Said, Edward W. Culture and Imperialism. p.271.
Besse, Jean-Marc. Voir la terre. p.140.
Besse, Jean-Marc. ibid. p.142.
Berchet, Jean-Claude. Le voyage en Orient. p.19.
Abu-Lughod, Janet. Cairo , 1001 Years of the City Victorious.(1971) cité in Mahdy,Hossam M. ‘Travellers, Colonisers and Conservationists.’ in Starkey, Paul and Janet ed. Travellers in Egypt . p.157-158.