a – “ A muzzled press.”

Dans sa nouvelle ‘Dear Truth  , Ali Shalash montre un écrivain engagé en train de renoncer à la vérité et d’en fabriquer une qui soit acceptable pour le régime et qui permette d’échapper à la torture :

I fabricated a whole tale […] I created adequate events and characters. Some of them had no existence […]. I mentioned some known names abroad […]. They looked content […]. I had all my intelligence, intellect and my experience as a novelist to create a believable story. (AS DT 58)

Tous les régimes orientaux qui servent de support aux romans, qu’ils soient réels ou imaginaires, sont totalitaires. La suspicion règne et toute opinion peut être considérée comme subversive. Dès lors, tout doit être dissimulé :

All opinions must be faked here, and everybody knows it and respects others’ dissimulation. […] It deceives no one and everybody is happy. But once you try to tear down such defensive façades and discover even political meanings in them, you’re up against trouble. (JIJ HNS 104)

La dissimulation sert à occulter l’inefficacité ou le manque d’intégrité d’un régime (SA L 45). In The Eyes Of The Sun met en scène de façon récurrente l’écart entre le déroulement des faits lors des différents affrontements israélo-arabes et leur traitement officiel pour le public. En rapprochant les faits énoncés de manière télégraphique et la rétension ou la déformation dont ils sont l’objet, Ahdaf Soueifmet en lumière certains mécanismes de la censure qui détournent l’attention du lecteur en déplaçant le centre d’intérêt :

This time I noticed that neither the orphanage, the land reclamation scheme or the war front showed clearly; just himself [=Saddam Hussein]. (SKA OD 97)

Le pouvoir en tant que tel et, par conséquent, le pouvoir d’informer (ou de désinformer) ne sont qu’un jeu d’écriture (SA L 119).

Donc, si la presse et l’édition arabes sont muselées, le recours à la presse occidentale devient nécessaire comme tribune pour l’opposition aux régimes en place qui espère ainsi trouver des appuis dans sa lutte. Or, la presse occidentale, malgré son aspect accueillant, n’est pas exempte de censure :

The secretariat man […] knew that he could censor anything he didn’t like in the final article. […] “They’re not likely to tell you, one way or another, and I shouldn’t let you publish it even if they did.” (SA L 171-172)

Cette censure est d’ailleurs plus insidieuse qu’en Orient : de la même façon que l’Occident ne donne pas sa chance à l’Orient d’accéder au statut de sujet, il étouffe dans l’œuf tout discours qui serait contraire au discours dominant :

In the bookstores you can find all the books proper to print The improper ones are aborted in early pregnancy. So reading the papers is enough to keep your ignorance going. (EAd PWN 103)

Plus que la censure, c’est l’ignorance qui mine la presse occidentale.