b – Une presse ignorante.

La presse occidentale sait tout la première :

The BBC in English is the first to announce the news :President Gamal Abd el Nasser is dead.(AS IES 214)’

Parce que - aux yeux des colonisés - les Occidentaux sont partout, qu’ils tiennent partout les rênes du pouvoir, ils savent tout sur tout : l’Occident est le maître de l’information.

Comparée à la presse arabe, répétitive, mal informée, verbeuse et dépourvue de réflexion (JIJ HNS 27), la presse occidentale semble offrir une garantie de sérieux (‘authentic reporting of news and responsible editorial comment(EA EFE 67)). Or, un grand nombre de journalistes occidentaux mis en scène dans ces romans apportent la preuve de leur incompétence et de leur absence de qualification pour rendre compte du Proche-Orient.

Beer in The Snooker Club tourne en dérision les Occidentaux qui transmettent une image totalement fausse du monde arabe. Cet Américain qui ne fréquente que les Egyptiens du Guezira Sporting Club rapporte une description d’une Egypte inexistante, plus opulente que l’Amérique (WG BSC137-139). Incapable de se projeter hors de son système de références, il ramène tout à lui : ’we have common hobbies , we play the same cards, we speak the same language’  (WG BSC 138). Il ne cherche pas l’altérité. Il limite sa pseudo-quête d’information à sa sphère personnelle (‘Let me give you a personal example of what I mean.’ (WG BSC139)), réduisant ainsi l’Egypte à une caricature grossière et superficielle. The Map of Love dénonce une autre forme de falsification de l’information pratiquée par les Occidentaux. Si dans l’exemple précédent le personnage reste à la périphérie, d’autres prétendent pouvoir se mettre à la place des Arabes :

It could not have been written by an Arab. […] It makes no sense. This is the work of an Englishman […]. An ignorant Englishman who imagines he knows how Arabs think. (AS ML 419)

Cette autre manière de nier les Arabes consiste une fois de plus à s’insinuer dans leur langue et à leur voler la parole.

Ce manque de fiabilité de l’information est d’ailleurs reconnu en Occident même : ’This war […] was comprehensively covered by the Western media and largely ignored by American and European politicians.’(CG BP 269). Dès lors, l’espoir des Arabes de se faire entendre est sapé à la base. Cette dérive met en échec la stratégie de communication élaborée par les personnages orientaux de ces romans. Les auteurs détiennent, au contraire, un savoir double ainsi que les clés d’accès aux deux systèmes idéologiques. Malgré les réserves qu’ils expriment sur l’Occident, ils demeurent persuadés que seul l’Occident et son opinion publique peuvent faire évoluer la situation en Orient. Pour cela, ils cherchent à agir sur trois axes : dénoncer le rôle de l’Occident dans les affaires arabes, donner une information sur la situation et en particulier la question palestinienne et enfin faire contrepoids à la propagande sioniste en Occident.