d - Misrepresentation .

Publicité, image : ces mots reviennent régulièrement dans le (mauvais) traitement des Arabes par les Occidentaux et la contre-propagande tentée par les écrivains arabes d’expression anglaise passe par une phase de décryptage des déclarations occidentales.

La déformation de l’image apparaît comme inévitable. Tout n’est qu’une question de représentation :

If you go into public life you must expect misrepresentation by the press.(EA LP 251)’

L’inadéquation du significant et du signifié n’est plus à démontrer mais s’y ajoute ici une dimension idéologique polémique qui amplifie ce phénomène. On se souviendra du décalage qu’Ahdaf Soueif fait ressortir, à plusieurs reprises, entre les faits qui se déroulent sur le front des différents conflits et leurs répercussions auprès des divers personnages selon qu’il s’agit des politiques loin du front, ou du public local ou étranger. Soraya Antonius montre également la versatilité des témoignages entre autres exemples lorsque Tareq transforme le chapeau du Haut Commissaire en keffieh (SA L 104).

Les Occidentaux semblent donc victimes d’une illusion collective concernant les Arabes (‘victims of some mass illusion, a trick of the lights’ (SA L 91)), alimentée par la propagande qui donne de ces derniers une image négative. Ils apparaissent le plus souvent sous les traits du terroriste, quel que soit le pays concerné (‘hordes of wild militiamen with hairy faces and snarling expressions’ (CG BP 242)) : animalité, désordre, menace, poncifs de l’altérité. Il en découle une nécessité d’améliorer cette image :  ’to contribute toward bettering our image in the eyes of the West […] to advance the Arab cause’. (RS NI 75). D’où la promotion d’une image rassurante, à l’exact opposé de celle qui est couramment répandue :

Saddam’s pictures were on every front page […] . He was an impressive looking man of forty-six […] very handsome in an Arab sort of way. In one picture, he was visiting an orphanage and a little girl sat smiling on his knee. Another showed the inauguration of a land reclamation scheme and there he was with an Arab headdress wrapped around his head, Iraqi peasant style… (SKA OD 97)

On présente un personnage clairement identifié, au physique amène face à une masse indistincte (hordes (CG BP 242), country, movements (SKA OD 67)) d’individus plus bestiaux qu’humains. Pour contrebalancer la menace de violence qui émane de ces derniers, ce personnage est mis dans des situations familières qui respirent une certaine sérénité. A la destruction suggérée par le terrorisme correspondent ici des connotations de rassemblement, d’unité (une famille reconstituée, des terres sauvées…). On notera cependant qu’aucune concession n’est faite quant à l’identité arabe, fortement marquée. Le témoin de cette contre-propagande remarque qu’elle est aussi exagérée (‘A bit of overkill’(SKA OD 97)) que celle qui promeut une image négative. D’ailleurs si on substitue un seul individu aux hordes , ses représentations sont omniprésentes ; il en résulte le même sentiment d’envahissement, d’étouffement d’une parole qui y perd sa fonction d’information.