B – DOUBLE DENONCIATION.

Malgré les réserves qui découlent de son penchant occidental, l’écrivain arabe d’expresssion anglaise porte un regard critique sur l’Orient et sur l’Occident. Il dénonce vigoureusement la politique des deux entités en bloc ou de chaque pays individuellement. Entre deux loyautés, il se sent floué de part et d’autre. Le contrat de confiance qu’il avait cru établi entre les deux parties du monde qui hébergent son errance, entre les deux parties de lui-même, se révèle un marché de dupes. Rompu par les deux parties à la fois, le contrat caduc laisse le sujet bi-culturel dans un flottement qui l’autorise non seulement à n’adhérer à aucun des deux côtés mais aussi à proclamer sa défiance. Rêves et espoirs trahis produisent une tentation du nostalgique (ce qui a précédé est généralement regretté) mais également une certaine liberté de parole due à l’écart entre la promesse (ou ce que le sujet avait cru être une promesse) et la réalité. Dans cette lecture/écriture critique des pouvoirs locaux et étrangers, le sujet retrouve la trace de sa propre dislocation. A cet effet, l’originalité de la solution qu’il propose rejoint son statut d’entre-deux : il n’est pas surprenant que le compromis, le consensus, soit prôné par les uns et les autres, comme un écho de leur enjambement existentiel. Si l’on note un déséquilibre dans la critique, il ne faut pas nécessairement y lire un regard plus acerbe sur l’Occident mais plutôt un effet du choix de la langue anglaise et de destinataires occidentaux, ceux sur lesquels il faut faire pression pour faire évoluer une situation politico-économique difficile que l’écrivain arabe d’expression anglaise vit d’autant plus mal que pour les Orientaux (et pour sa partie orientale) il est compté comme responsable puisqu’il est assimilé en partie aux Occidentaux.