3 – Une histoire en mouvement.

Comment, d’un présent immobile, faire surgir un passé en mouvement (‘their past being stolen as surely as their present is.’(AS ML 395)) pour assurer un avenir?

a – A link in the chain.’

Si le présent est un musée-tombeau (AS ML 208-216), il ne contient que des pièces mortes (de la tapisserie d’Anna ne subsistent que deux panneaux représentant Isis et Osiris au-dessus duquel se lit l’inscription arabe : al-mayyit , c’est-à-dire mort  (AS ML 392)). Parfois, pourtant, des décombres du présent surgissent des traces du passé (EAd OCW 82), tel le journal du qadi Abu Khalid sortant des ruines d’une maison détruite lors de la guerre civile de la fin des années 1970 (NS QFT 5). De ce ressurgissement naît une chaîne :

The leather-bound manuscript […] was taken by a freedom fighter to a foreign journalist […]. Later on it caught the eye of the journalist’s Lebanesse mistress […]. From there Abu Khalid’s diary found its way to translation, annotation and, finally publication. (NS QFT 5)’

Dans ce passage d’une main à l’autre, l’objet (leather-bound manuscript) retrouve une dimension humaine (Abu Khalid’s diary), voire de sujet puisqu’une parole de sujet est rendue. De même, la statue enfouie dans le sable (‘entombed in sand’(AS IES 784)) quand elle en est tirée, récupère-telle une identité :

The new idol; the one that’s still buried. […] Lying face-down in the sand, uncovered now […] The composure, the serenity of her smile tells of someone who had always known who she was. […] Here she is, delivered back into the sunlight still in complete possession of herself.(AS IES 783-785)’

Telle une autre momie, elle retrouve sa place dans une chaîne de continuité : ‘My ancestor, my sister’  (AS IES 429).

La tapisserie d’Anna retrouve sens lorsque le troisième panneau est remis à sa place, celui qui représente Horus (AS ML 403), le fils, le vivant :

Above Isis ’s head is inscribed : “It is He who brings forth-”  Osiris stands facing her, above his head “The dead” . “It is He who brings forth the living from the dead”.(AS ML 491)’

Cette histoire de tapisserie se déroule dans une histoire de famille, une saga familiale dans laquelle plusieurs personnages, les propriétaires contemporains de ces panneaux de tapisserie, recherchent leurs racines individuelles. A partir de panneaux éparpillés et discontinus, ils tentent de reconstituer une tapisserie, un ensemble continu qui leur permet de dévider l’écheveau de l’histoire familiale pour lui tisser une suite.