d – Cyclicité.

Chez Ameen Rihani et ses contemporains, la référence aux cycles naturels et à la célébration de la nature implique non seulement une répétition mais aussi une lecture cyclique de l’histoire :

The ceremonialisms of worship are the same to-day as they were in the days of my Phoenician ancestors. […] This [ancient temple] was consecrated to Tammuz; and in this valley the women of Byblus bemoaned every year the fate of their god. (AR BK 260 ; JIJ HNS51)’

Ahdaf Soueif place en exergue d’un chapitre une prière pharaonique qui en appelle à la répétition de l’histoire (AS IES 193), au retour d’une période faste, comme antidote à une période de difficultés. L’histoire se répète – éternel recommencement : au niveau familial, Isabel aime Omar comme Anna, avant elle, a aimé Sharif; Asya va préparer sa thèse en Angleterre comme sa mère avant elle. Au niveau des nations, les guerres se succèdent, se ressemblent : en Egypte, Suez, 1967, 1973 (AS IES), au Liban, 1840, fin des années 1970 (NS QFT), en Palestine : ‘the Crusader of yesterday is the Zionist of today, with the same religious mania and always aiming at the same target – Palestine, beloved Palestine.’(YZ BDG 69). L’histoire se répète aussi au niveau narratif : actions répétées par le même personnage, comme le Napoléon anglais de l’histoire semble pouvoir se répéter à l’infini. Répétitions certes mais avec différence, ce qui empêche l’histoire de s’embourber et permet une évolution. Ameen Rihani conclut,  après avoir souligné la répétition et la cyclicité des cycles naturels et mythologiques:

But the Venus of Rome is cheerful, joyous, that of the Phoenicians is sad and sorrowful. Even mythology triumphs in its evolution. (AR BK 261)’

Spirale plutôt que cycle, c’est la vision de l’histoire que propose Soraya Antonius :

A spiral coil that goes up and down as forces tread on it or walk past, so that we are caught until we can find the unknown release in a recurrently helical trap where the same events are touched off each time the coil is pressed down – a general strike, a revolt, a repression. (SA L101) ’

La spirale de l’histoire telle qu’elle se profile dans ces textes donne une vision optimiste de l’histoire. La récurrence du culte de Tammuz, cycle de mort et de résurrection signifie qu’aucune défaite n’est irrémédiable. Le culte de Tammuz fait partie de la culture et de l’inconscient collectif de ces écrivains et certains y ont recours contre le désespoir :

In my self-induced hypnosis, I asked for his physical presence, this reverting to ancestral ways that the Land itself had preserved in the cycle of death and resurrection. In my waiting for his sudden emergence, I was delving back into racial memories, awaiting the return of Tammuz, the miracle of resurrection eternelly bound up with the land that had given me birth. (YZ BDG106)’

Lorsque Nabil Saleh situe son roman Outremer au temps lointain des Croisades, son argument n’en a que plus de force pour les chrétiens et leurs alliés du vingtième siècle : ‘Across the seas there are inumerable Christians who will one day come to the rescue of the Holy land as they did so many times in the past. If we don’t stand by them now, what can we tell them then?’ (NS O 154))

Plus généralement, le corollaire peut s’énoncer de la manière suivante : les civilisations ne meurent pas. A Bagdad, le phénix renaît de ses cendres et de son ensablement grâce au pétrole (JIJ HNS35-36). La Palestine et Jérusalem ne sont pas perdues définitivement. Le corollaire suivant c’est que le retour est possible. Le Nous retournerons un jour  () de la chanteuse Fairouz n’est pas une hypothèse mais une certitude.

Fig. 27. Nous retournerons
Fig. 27. Nous retournerons.