b – The first mother of civilisation.’

Une autre inquiétude de ces sujets concerne leur valeur face aux Occidentaux : le complexe d’infériorité du colonisé se perpétue. Or la replongée aux sources des civilisations orientales fait apparaître la jeunesse de l’Occident (AS ML 19) face à la maturité de l’Orient. (‘Egypt has attained her maturity a few thousand years before America came into being.’ (AS ML 457).

La transmission de l’héritage culturel du bassin méditerranéen au fil des siècles (AS ML 483) ne doit cependant pas faire oublier que l’Orient en est et en demeure le berceau :

Our Phoenician ancestors […] never left anything they undertook unfinished. Consider what they accomplished in their days, and the degree of culture they attained. The most beautiful fabrications in metals and precious stones were prepared in Syria . Here, too, the most important discoveries were made namely, those of glass and purple. […] And do not forget, you who are now enjoying the privilege of setting down you thoughts in words, that on these shores of Syria written language received its first development. (AR BK 139)’

Le rappel de la paternité phénicienne de l’alphabet est récurrente (EAd LCT ; CG BP 222-258). Cette invention revêt un caractère tout particulier dans un contexte littéraire et l’on comprend aisément l’humour d’une demande impossible : ’Tell them you’ve found Shakespeare in Punic’  (CG BP 172) ; la rappropriation de leur propre histoire rendrait-elle les Orientaux aussi rapaces  1263 que les Occidentaux dans leur impérialisme rétroactif? Plus sérieusement, du point de vue du sujet, la rappropriation de la paternité de l’invention de l’alphabet les replace en position de sujets. Alphabet et accès à l’ordre symbolique vont de pair: ’We are the Phoenicians who invented democracy and the alphabet’  (CG BP 258). Le rappel de l’invention de la pourpre (AR BK139), la pourpre impériale évidemment, ré instaure l’Oriental dans un statut de détenteur de la Loi, Loi représentée sous les traits des Pharaons (Ramsès, même momifié, demeure Pharaon (AS IES 785)) ou de Jupiter (‘Jupiter Heliopolitan – the Roman name for Baal’ (CG BP 159)). La dimension imaginaire attachée à la notion de berceau des civilisations  (‘Egypt, mother of civilisation, dreaming herself though the centuries. Dreaming us all her children(AS ML 100)) ne peut en occulter la dimension symbolique. D’ailleurs la quête des origines symbolisée par le mystère des temples de Baalbek – qu’Ameen Rihani ne pouvait qu’effleurer (AR BK 15-16) - si elle trouve avec Carl Gibeily une explication fantaisiste, n’en renvoie pas moins à la castration symbolique, la Chute, la perte de l’Eden (CG BP 407) et l’introduction du ternaire symbolique (‘In Byzantine times, Jupiter’s temple was called the Trilithon, or the temple of the three rock’. (CG BP 162)).

Notes
1263.

Zabbal, François. ‘L’Occident au miroir de l’Orient.’ Qantara. 42(Hiver 2001-2002) :28.