Remarques à propos de la situation éditoriale des nouvelles de L. Tieck

La première difficulté à laquelle se heurte tout travail sur les nouvelles de Tieck est celui des textes mêmes de l’auteur, dont la situation éditoriale est loin d’être satisfaisante, puisqu’elle reflète largement l’intérêt mitigé que les chercheurs lui ont porté. Les contes de jeunesse bénéficient d’une large diffusion, tandis que les nouvelles de la maturité sont difficilement accessibles.

À l’heure actuelle, on ne trouve pas d’édition complète des nouvelles de Tieck, même si celles-ci ont été publiées sous différentes formes. En matière de florilège des nouvelles de Tieck, une édition de référence est justement celle de Marianne Thalmann, généralement très représentée dans les bibliothèques universitaires. Elle donne accès à treize des trente-neuf nouvelles. 17 On peut néanmoins y regretter l’absence de quelques grandes nouvelles en faveur de nouvelles plus anodines. 18

En fait, l’édition critique et commentée de l’ensemble de l’œuvre de Tieck, et donc de l’ensemble de ses nouvelles, n’a été entreprise qu’à partir de 1985, témoignage de la résurrection tardive de Tieck sur la scène scientifique. 19 Néanmoins, à ce jour, cette entreprise n’est toujours pas achevée, puisqu’elle ne comporte que cinq volumes. Parmi ceux-ci, deux se consacrent à seize nouvelles. 20

C’est la raison pour laquelle, nous nous référerons à l’édition contemporaine de Tieck, id est à treize des vingt-huit volumes publiés à Berlin chez Reimer de 1844 à 1854, sous le titre Ludwig Tiecks Schriften. 21 Cette édition représente finalement, aujourd’hui encore, la forme la plus aboutie d’un rassemblement des nouvelles de Tieck. Certes, ici aussi, l’exhaustivité absolue n’a pu être atteinte : si ces volumes ont le mérite de regrouper des œuvres d’abord publiées de façon éparse dans divers almanachs de l’époque, ils en écartent encore Vittoria Accorombona que nous souhaitons intégrer à notre réflexion. 22

Tout comme celle des nouvelles, la situation de sa correspondance n’est guère plus enviable : il n’existe que des éditions sélectives de sa correspondance, et certaines lettres n’ont toujours pas été publiées ou même exploitées. Nous renverrons à différentes éditions au cours de notre travail, notamment à celle d’Uwe Schweikert qui a l’avantage de rassembler les lettres de Tieck évoquant ses propres oeuvres, tout comme les lettres qui furent adressées à l’auteur à ce même sujet. 23

Enfin, en matière de traduction, tout ou presque reste à faire. Les traductions citées dans ce travail sont dues à nos soins. 24 Nous citerons ainsi des traductions personnelles des titres des nouvelles en français et livrerons en note les titres originaux en allemand.

Notes
17.

Marianne Thalmann (dir.), Ludwig Tieck, Werke in vier Bänden, Munich, Winkler, 1963-66. Le troisième volume se consacre aux nouvelles de maturité et l’on y trouve : Die Gemälde, Musikalische Leiden und Freuden, Die Reisenden, Die Gesellschaft auf dem Lande, Das Fest zu Kenelworth, Dichterleben (I. und II. Teil), Das Zauberschloss, Der Jahrmarkt, Wunderlichkeiten, Der Schutzgeist, Des Lebensüberfluss, Das alte Buch und die Reise ins Blaue hinein.

18.

N’y sont présentes ni Der Hexensabbath, ni Die Vogelscheuche, ni Vittoria Accorombona .

19.

Ludwig Tieck. Schriften, Francfort, Suhrkamp, ‚Bibliothek deutscher Klassiker’, 1986-88.

20.

Les volumes 1 (Jugendwerke), 6 (Phantasus), 7 (Gedichte), 11 (Werke : 1834-36, 1988) et 12 (Werke : 1836-1852, 1986) sont parus. Y sont représentés les nouvelles suivantes : Der junge Tischlermeister, Die Vogelscheuche, Das alte Buch, Der Wassermensch, Weihnacht-Abend, Eigensinn und Laune, Übereilung
(vol. 11), et Wunderlichkeiten, Die Klausenburg, Des Lebens Überfluss, Liebeswerben, Der Schutzgeist, Abendgespräche, Die Glocke von Aragon, Vittoria Accorombona , Waldeinsamkeit (vol. 12).

21.

Il s’agit du volume 14 et des volumes 17 à 28 de Ludwig Tiecks Schriften.

22.

Vittoria fut publié à part chez l’éditeur Max de Breslau en 1840. Pour des commodités d’accès, nous renverrons, dans ce cas uniquement, à la nouvelle édition critique et commentée de Suhrkamp (Novellen 1836-1852, Bibliothek deutscher Klassiker, pp. 527-855).

À noter que l’édition contemporaine de Tieck ne contient ni ses réflexions critiques, ni ses poèmes.

23.

Uwe Schweikert (dir.), Ludwig Tieck, Heimeran, Munich, 1971, ‚Dichter über ihre Dichtungen’, 3 vol..

24.

Seuls Le Superflu de la vie et Le Sabbat des sorcières ont été traduits en français.