II-2.4. Conclusion partielle

Au vu de ces rapprochements entre des textes de Goethe et de Gutzkow et des nouvelles de Tieck, nous pouvons affirmer que Tieck joue, dans ses nouvelles de Dresde, avec la tradition contemporaine. Le roman de formation geothéen, la nouvelle jeune-allemande constituent des points d’ancrage de sa création nouvellistique.

Comme dans le cas des liens mis en évidence avec des architextes théoriques, comme également dans celui des affinités mises en lumière avec les genres de la tradition romantique, nous constatons ici aussi que l’auteur mêle fidélité à l’hypotexte et distanciation personnelle dans son hypertexte. Si Tieck s’inspire de modèles préexistants, ses reprises ne se soumettent jamais totalement aux textes étalons, et mieux encore, Tieck s’appuie finalement sur ces derniers pour mieux s’en démarquer, et affirmer sa différence. Ainsi, la subtile imbrication de ses réflexions critiques sur Goethe dans Le Jeune menuisier double la reconnaissance de l’hypotexte goethéen d’une prise de distance. Certes, ce jeu de Tieck avec la tradition contemporaine court sans cesse le danger d’être méconnu et réduit à une simple allégeance, ainsi qu’il arriva pour Vittoria Accorombona que de nombreux lecteurs associèrent un peu trop rapidement au modèle de Gutzkow, restant alors aveugles à l’extraordinaire richesse de cette nouvelle.

Enfin, notons que Tieck ne réserve pas ce regard empreint d’ironie à autrui : l’humour est aussi de mise dans le cas de La Cloche d’Aragon où Tieck joue à la fois avec ses lecteurs et ses personnages.

En plus des traditions romantique et contemporaine, il nous faut aussi évoquer celle de la littérature étrangère qui a, de tout temps, joué un grand rôle dans l’œuvre de Tieck. Voyons de quelle façon des formes littéraires étrangères ont pu influencer la composition et l’agencement de ses nouvelles de la maturité.