II-3. La nouvelle comme jeu avec la tradition étrangère

À travers nos analyses des nouvelles de Tieck, nous avons déjà eu l’occasion de relever l’importance de la littérature étrangère. Rappelons-nous de Vie de poète, ce cycle nouvellistique consacré à Shakespeare, de Mort du Poète qui fait revivre Camoens, grande figure de la littérature portugaise de la Renaissance, ou encore du personnage du Tasse dans Vittoria Accorombona.

Dans la préface au 11ème volume des Schriften qu’il rédige en 1829, Tieck souhaite expliquer à ses lecteurs la raison pour laquelle il a intitulé « nouvelles » ses récits les plus récents. Ce faisant, il renvoie à trois nouvellistes, dont deux ne sont justement pas d’origine allemande :

Étudions plus particulièrement le rôle qu’ont pu jouer Boccace et Cervantes dans l’élaboration des nouvelles de Tieck. Ces deux auteurs de culture romane sont unanimement reconnus comme les fondateurs du genre de la nouvelle : les théoriciens de la nouvelle évoquent généralement l’origine italienne de cette forme littéraire, avec le Décaméron de Boccace, puis ils soulignent la domination du modèle espagnol au XVIIe siècle avec les Nouvelles exemplaires de Cervantes. 466 Tieck n’agit pas autrement dans sa préface de 1829 :

Notes
466.

Hugo Aust, 1999, pp. 54-55 ; Michel Erman, 1998, p. 1 ; Jean-Pierre Aubrit, 1997, p. 3 ; Thierry Ozwald, 1996, p. 64 ; Hannelore Schlaffer, 1993, p. 6 ; André Jolles, 1972, p. 180 ; Fritz Lockemann, 1957, pp. 31-32 ; Johannes Klein, 1956, pp. 1-2.