II-4. Conclusion

À l’issue de cette longue étude consacrée au jeu intertextuel avec diverses traditions littéraires, nous commençons à entrevoir dans toute son ampleur la diversité générique de l’œuvre nouvellistique de Ludwig Tieck. En effet, ses nouvelles ne présentent pas seulement un jeu architextuel avec les genres littéraires, tels le conte populaire, le roman de formation, la comédie et le romance entre autres, ainsi que nous l’avons mis en lumière dans le premier mouvement de notre réflexion. Ses nouvelles nouent également un authentique dialogue avec des œuvres précises des traditions romantique, contemporaine et étrangère, ainsi que nous venons de le démontrer. Dans cette seconde perspective également, la richesse générique est de mise, puisque nous avons montré à quel point non seulement des nouvelles, mais aussi des pièces dramatiques, des contes et romans, ont influencé la composition des nouvelles de Dresde.

Nous souhaitons à présent apporter quelques explications plus générales à ce phénomène esthétique récurrent de l’œuvre nouvellistique de Tieck. À cette fin, nous présenterons l’expérience littéraire particulièrement riche de cet auteur en insistant sur la diversité de l’ensemble de son œuvre, ainsi que sur l’étendue de sa culture livresque. Le contexte de la tradition romantique du mélange des genres et ses liens avec la personnalité littéraire de Tieck seront analysés, ainsi que le rôle probable de la « fin de la Kunsperiode » dans le caractère souvent hétéroclite de ses nouvelles. À l’issue de cette évocation du contexte littéraire de l’époque, nous recentrerons nos réflexions sur les rapports de Tieck à la nouvelle, en tant que théoricien, puis comme praticien, et montrerons alors à quel point cette forme hybride répond aux exigences de sa personnalité littéraire. Enfin, pour conclure ce travail, nous approfondirons notre analyse en nous consacrant à l’étude détaillée d’une nouvelle tout à fait emblématique du jeu de Tieck nouvelliste avec les genres, en l’occurrence L’Épouvantail.