Nous avons déjà noté à plusieurs reprises que William Shakespeare avait une importance considérable pour Tieck et son œuvre nouvellistique : ce grand dramaturge lui a inspiré le cycle de nouvelles Vie de Poète (1826-1831), il lui a également montré le chemin de la liberté poétique, celle qui s’affranchit des règles esthétiques usuelles, et ce, dès les années 1790 comme nous l’avons évoqué. 626 En ce qui concerne la traduction de l’œuvre de Shakespeare, Tieck s’est également beaucoup investi, et il faut remarquer que ces traductions, qu’il réalisa lui-même ou fit éditer, l’accaparèrent plus encore dans les années 1820 et 1830. En effet, son ami August Wilhelm Schlegel, traducteur notamment du Songe d’une nuit d’été au début du siècle, abandonna en 1819 son projet de traduire la plus grande partie des pièces de Shakespeare : il en confia alors le soin à Tieck qui conclut un contrat avec son éditeur Reimer en 1824-1825. Wolf von Baudissin, ainsi que la propre fille de Tieck, Dorothea, se mirent alors à l’ouvrage pour combler les lacunes de Schlegel : Tieck relut et corrigea leurs traductions, ainsi que celles de Schlegel. L’ouvrage paru chez Reimer, de 1825 à 1833, comptait neuf volumes. La seconde édition de 1839-1840, également revue et corrigée par Tieck, se composa de 12 volumes. 627 Lorqu’en hiver 1833, il se lance ainsi dans la rédaction de L’Épouvantail, il est imprégné de l’œuvre de Shakespeare.
Ce sont à nouveau les mythes qui nous donnent ici la piste d’un jeu avec les genres. En effet, Le Songe d’une nuit d’été met en scène la figure mythique de Thésée, évoque celle de Diane, et comme L’Épouvantail, mêle le monde mythique à l’univers du conte de fées et de la comédie. Le mariage de Thésée et ceux de deux autres jeunes couples côtoient, puis s’entremêlent avec l’univers merveilleux d’Oberon et Titania, respectivement roi et reine du royaume des elfes, ainsi qu’avec l’univers comique d’une troupe d’acteurs-artisans.
Quels parallèles pouvons-nous précisément observer entre Le Songe d’une nuit d’été et L’Épouvantail ? Tieck joue-t-il ici aussi avec son modèle ?
Pensons tout d’abord à la première scène de la pièce de Shakespeare. Celle-ci nous présente un jeune couple, Hermia et Lysander, dont l’amour est contrarié par le père de la jeune fille, Egeus. En effet, ce dernier privilégie un autre prétendant du nom de Demetrius. Cette première constellation de personnages en rappelle une autre présente dans L’Épouvantail, celle constituée par Elisa et Linden, ainsi que le père de la jeune fille, Dümpfellen, qui souhaite l’unir à Ledebrinna. Notons d’abord que les prénoms d’Hermia et Lysander évoquent ceux d’Elisa et Linden, ces derniers étant comme une version germanisée lointaine des premiers. Cette analogie est soulignée par l’évocation du corps de l’armée dans le prénom du héros de Shakespeare, et l’appartenance à ce même corps dans le titre de lieutenant de Linden. 628 La première scène de l’acte II de L’Épouvantail évoque ainsi beaucoup la première scène de l’acte I du Songe d’une nuit d’été, car, dans une œuvre comme dans l’autre, le couple d’amoureux se lamente sur son sort, désespérant d’obtenir l’accord paternel.
En outre, plusieurs motifs de l’intrigue amoureuse de Shakespeare sont repris par Tieck. Chez Shakespeare, le jeune couple songe à fuir pour s’épouser en toute quiétude loin du joug paternel, ils prennent la fuite dès la scène deux de l’acte II et apparaissent unis par les liens du mariage dans la scène deux de l’acte IV. Chez Tieck, ils s’enfuient dans la troisième scène de l’acte IV, on les sait mariés dans la première scène de l’acte V.
De plus, dans les deux œuvres également, une autre jeune fille se meurt d’amour pour le prétendant indésirable : il s’agit d’Helena qui ne jure que par Demetrius, et d’Ophelia qui ne rêve que de son épouvantail, alias Ledebrinna. Cette analogie est particulièrement frappante, d’autant qu’Ophelia cite mot pour mot une phrase d’Helena, dans laquelle celle-ci se plaint de l’indifférence de celui qu’elle aime, par le biais d’une évocation très personnelle d’un mythe antique :
On trouve cette déclaration dans la scène un de l’acte II de la pièce de Shakespeare, et Ophelia la reprend dans la lettre qu’elle adresse à son père dans la scène un de l’acte III
(p. 203).
Par ailleurs, dans une œuvre comme dans l’autre, l’intervention des forces magiques de l’elfe Puck est nécessaire pour que l’harmonie de deux couples de jeunes gens se réalise. 630 Chez Shakespeare, Puck parvient à envoûter Demetrius pour qu’il tombe enfin amoureux d’Helena, et abandonne Hermia à Lysander. Chez Tieck, le soit-disant docteur Pankratius, alias Puck selon les propos de l’elfe Alfieri, aide Linden à libérer Elisa de l’emprise de son père afin que le jeune couple prenne la fuite et se marie dans une ville voisine. C’est lui également qui désenvoûte Ledebrinna, qui s’éprend alors enfin d’Ophelia après l’avoir longuement fuie.
Les deux œuvres connaissent également des issues analogues. Dans la pièce de Shakespeare, l’intrigue s’achève sur de nombreuses épousailles (les mariages empêchés s’accomplissent), celles de Thésée et Hippolyte, de Lysander et Hermia, et de Demetrius et Helena, ainsi que sur la réconciliation d’Oberon et Titania. Il en va de même pour la nouvelle de Tieck avec celles d’Alexander et Amalie, d’Elisa et Linden, d’Ophelia et Ledebrinna, ainsi qu’avec le mariage des elfes Heimchen et Kuckuck, au cours duquel le couple réconcilié d’Endymion et Rosenschmelz se montre dans toute sa splendeur. Notons ce dernier couple s’apparente à une reprise de Titania et Oberon dans Le Songe d’une nuit d’été : le divorce de Rosenschmelz, alias Diane, et Endymion, reflète les disputes des seconds.
Enfin, évoquons la troupe de théâtre qui apparaît dans la pièce de Shakespeare : celle-ci se compose d’artisans qui ont une vue extrêmement réaliste et prosaïque de l’art dramatique. Ainsi s’ingénient-ils à incarner un lion, un mur et la lune, en expliquant aux spectateurs, au beau milieu de l’action, ce qu’ils veulent représenter au moyen de leur maigre attirail. Ainsi se sentent-ils obligés de rassurer le public dans un prologue, pour le convaincre du caractère inoffensif de l’intrigue : le lion ne se jettera pas sur les craintives dames du parterre, les héros ne se suicideront pas véritablement (V, 1). Nous pouvons observer un nouveau parallèle avec le cercle des « esprits de cuir » de Ledebrinna et sa conception très utilitariste de l’art en général. L’exposition des écriteaux de la petite ville, en guise de galerie d’art, est particulièrement édifiante sur leur façon d’aborder le phénomène artistique. Comme les acteurs-artisans du Songe d’une nuit d’été, Ledebrinna et ses comparses pensent métamorphoser de simples pancartes en œuvres d’art par leurs ridicules commentaires pseudo-esthétiques. Or, c’est précisément à cet endroit que leur interprétation du mythe de Thésée à partir de l’enseigne d’une boucherie intervient : dans la bouche d’Ubique, Tieck rappelle l’œuvre qui l’a inspiré, le Songe d’une nuit d’été, lorsque son propre personnage Ubique évoque Thésée, cette figure centrale de la pièce de Shakespeare.
En dépit de ces concordances assez frappantes, Tieck joue librement avec son modèle.
Songeons, en effet, aux personnages correspondants à Lysander et Demetrius, id est Linden et Ledebrinna : les seconds sont de véritables caricatures des premiers. En effet, songeons à la scène où Linden se lamente avec sa bien-aimée de la présence d’un nouveau prétendant (I, 2) : Linden ne fait pas preuve du même langage subtil et poétique que son parangon, bien au contraire, son discours est truffé de mots grossiers, qui trahissent le temps passé dans la caserne, ainsi que lui-même le reconnaît. Son modèle Lysander, quant à lui, ne manque de savoir-vivre que lors de son envoûtement par Puck. De la même façon, Demetrius connaît une variation peu flatteuse en la grotesque personne de l’épouvantail, puis de Ledebrinna. Il est probable que Tieck combine dans son épouvantail plusieurs personnages de la pièce de Shakespeare, id est recourt non seulement à Demetrius, mais également à Zettel qui incarne à merveille la dimension comique du Songe d’une nuit d’été. Trois éléments du personnage de Zettel incitent à ce rapprochement avec Ledebrinna : d’une part sa métamorphose peu glorieuse, et très cocasse, en âne (III, 1), et d’autre part son désir d’âne de grignoter des « petits pois » (IV, 1), enfin son rêve. 631 Effectivement, la métamorphose de l’horrible épouvantail de cuir en un laid Ledebrinna peut être lue comme une équivalence inversée de la métamorphose shakespearienne : l’adoration objectivement injustifiée que voue Titania à cet être à la tête d’âne, sous l’influence d’un charme de Puck, rappelle beaucoup celle d’Ophelia et de son père pour leur épouvantail, une admiration que nul autre n’est en mesure de partager à la vue de leur œuvre d’art, comme nous l’avons vu plus haut. De plus, Ledebrinna (II, 3) présente lui aussi une préférence certaine pour les « petits pois », puisqu’il va même jusqu’à substituer ce terme aux « raisins» qui figuraient à l’origine dans un poème de Goethe, lors de la soirée musicale orchestrée par Dümpfellen. 632 Notre rapprochement avec l’hypotexte de Shakespeare est encouragé par le narrateur de Tieck lui-même, puisque quelques lignes plus haut, Ledebrinna parle justement de cet auteur. Et notons que le rêve de Zettel rappelle beaucoup le « cauchemar » de Ledebrinna : tous deux y font en fait l’expérience du monde elfique. Ainsi, dans Ledebrinna, on observe en fait une fusion de deux personnages du Songe d’une nuit d’été, Demetrius et Zettel. Si le lecteur se prête à ce rapprochement intertextuel, le personnage de Tieck, Ledebrinna, devient alors plus encore la cible des railleries de l’auteur qui compare tout bonnement Ledebrinna à un âne. Le jeu avec la pièce de Shakespeare nourrit la critique de Tieck envers les esprits terre-à-terre.
De même, Ophelia évoque par son comportement Helena dans Le Songe d’une nuit d’été, mais aussi par son prénom une héroïne tragique célèbre de Shakespeare. Son personnage combine ainsi différents personnages shakespeariens, issus cette fois de pièces différentes, voire même opposées. Car certes, si Ophelia dans Hamlet et Helena dans Le Songe d’une nuit d’été souffrent toutes deux de la froideur de leur bien-aimé, elles connaissent des destins bien contraires : la première sombre dans la folie et se suicide, la seconde se complaît dans le délire de ses sentiments amoureux et finit par épouser celui qu’elle désire. Tieck s’amuse à rassembler dans son personnage différentes figures célèbres de Shakespeare : évidemment, le prénom du personnage de Tieck est ridicule ici, puisque la fille d’Ambrosius s’éprend, non pas d’un personnage proche d’Hamlet, mais bel et bien d’un épouvantail. Et simultanément, il tourne en dérision un nouvel hypotexte de Shakespeare, en proposant dans sa nouvelle, une caricature de l’Ophelia originelle.
Enfin, nous avions précédemment mentionné que Tieck et son narrateur nous proposait une version très triviale du couple elfique Rosenschmelz et Endymion. Certes, Titania et Oberon aussi se disputent, mais les motifs sont tout autres : le couple de Shakespeare est à la fois volage et jaloux. Dans Le Songe d’une nuit d’été, il s’agit plus de conflits proprement amoureux, que domestiques, ainsi qu’il en va chez Tieck qui fait un portait peu glorieux d’Endymion sous les traits d’un incorrigible paresseux. À cet égard, Rosenschmelz et Endymion apparaissent eux-aussi comme une caricature du couple shakespearien, Titania et Oberon.
De ses considérations il ressort à quel point Tieck a pu s’inspirer dans sa « nouvelle dramatique » de 1835 d’une pièce de Shakespeare. Il reprend son imbrication originale des mondes humains et elfiques, allant même plus loin en proposant, à la façon de Plutarque, des histoires rigoureusement « [parallèles] » avec celle d’Elisa et Linden, et celle d’Heimchen et Kuckuck. 633 Comme lui, il intègre également une réflexion sur l’art par le biais de personnages qui sont source de comique : Ledebrinna marche dans les traces de Zettel. Nénamoins, il se distancie à la fois avec humour et ironie du Songe d’une nuit d’été en insérant, au sein même des concordances, des traits caricaturaux. Cette notion de distanciation ne doit néanmoins pas être perçue comme une réprobation de Tieck envers le génie de Shakespeare. Le regret, certes amusé, du grand dramaturge anglais de voir Zettel et les siens s’affairer sur scène davantage tels des artisans que des acteurs est également celui de Tieck qui déplore la superficialité de son époque : le prologue de L’Épouvantail constitue d’ailleurs une critique tout à fait explicite de la pièce de Zettel insérée dans Le Songe d’une nuit d’été.
À l’évidence, Tieck se moque de Zettel et de ses nombreux descendants, et non de Shakespeare, au contraire de Ledebrinna qui fustige les grands noms de la littérature dont, précisément, Shakespeare (p. 74) et Goethe. Le jeu que nous observons dans sa reprise du Songe d’une nuit d’été est donc, bien au contraire, la plus authentique des louanges dans l’esprit de Tieck : souvenons-nous de sa vision de Shakespeare dans La Fête de Kenelworth, où seule l’alliance du « sérieux » au « plaisant » est prônée. Si Tieck s’inspire de ce dramaturge qu’il a toujours admiré et tout autant étudié, sa reprise ne peut se réaliser précisément que dans le cadre de ce mélange de fidélité et de dérision envers l’hypotexte. Quand bien même il s’agit ici d’un modèle particulièrement apprécié, Tieck nouvelliste n’abandonne pas l’esprit ironique et le regard amusé qui accompagnait généralement toutes ses reprises.
Toutefois, remarquons également que Le Songe d’une nuit d’été ne suffit pas à expliquer l’extraordinaire densité de la nouvelle L’Épouvantail : la longueur même de cette œuvre, face à la pièce bien plus concise de Shakespeare, le donne à penser. En fait, Tieck déploie un jeu intertextuel bien plus vaste. Ainsi, l’œuvre de Wieland, également traducteur et adaptateur de l’œuvre de Shakespeare, a très certainement aussi inspiré Tieck. Son long poème épique de 1768, intitulé Idris et Zenide, présente en effet des points communs avec L’Épouvantail, notamment en ce qui concerne la présence et le traitement à la fois féérique et comique des mythes. 635 Dans les onze premières strophes qui jouent le rôle d'une préface, le poète du XVIIIe siècle enjoint sa muse inspiratrice à suivre l’exemple d’Endymion, symbole selon lui de l’imagination et de la folie, 636 et à s’écarter de reprises ennuyeuses d’Achille et d’Énée : 637
Ces lignes ne sont pas sans évoquer l’art nouvellistique de Tieck dans L’Épouvantail, sa façon de rapprocher les mythes, et ainsi sa propre nouvelle, du conte populaire, ainsi que nous l’avons présenté. Et notons que la mise en scène comique du mythe n’est pas non plus étrangère à Wieland qui veut écrire :
À l’évidence, ces lignes concernant Idris et Zenide, dont le sujet s’inspire d’ailleurs du mythe de Pygmalion, pourraient très bien convenir à L’Épouvantail. Tieck, comme Wieland, se rattache à une tradition littéraire qui prône l’imagination face à la ratio, la liberté poétique face à la soumission aveugle à des règles esthétiques, le divertissement du lecteur face au regard sévère du critique. Remarquons d’ailleurs que cette œuvre de Wieland est explicitement citée par un personnage dans L’Épouvantail (p. 152), et que l’on a des témoignages de l’admiration de Tieck pour Idris et Zenide. 641 Nous ne souhaitons pas ici nous appesantir davantage sur cet hypotexte de Wieland : en effet, celui-ci a lui-même été influencé par l’œuvre de Shakespeare, or nous avons abondamment présenté les liens de cette dernière avec la nouvelle de Tieck. 642
Nous voulons à présent nous pencher sur deux autres textes, qui s’écartent, eux, de reprises de mythes, qui semblent adopter un cheminement très différent, mais ont très certainement fourni de nombreuses idées à Tieck, notamment en ce qui concerne le personnage même de l’épouvantail : ces deux textes focalisent sur un anti-héros très proche de Ledebrinna et ont certainement nourri la version masculine d’une hideuse Galatée dans la nouvelle de Tieck.
Nous pensons notamment à Über Shakespeares Behandlung des Wunderbaren (1793).
Shakespeares dramatische Werke. Übersetzt von August Wilhelm Schlegel , ergänzt und erläutert von Ludwig Tieck, Berlin, Reimer, 1825-1833 ; 2ème éd. Berlin, Reimer, 1839-1840 ; 3ème éd. Berlin, Reimer, 1843-1844.
Dans l’histoire de l’Antiquité, Lysandre était le nom d’un grand général spartiate du IVe siècle avant Jésus-Christ.
À noter que Tieck reprend un procédé de Shakespeare en donnant aux elfes des noms d’animaux : Alfieri, l’amoureux de la fille d’Endymion porte le nom d’un oiseau, Kuckuck, son confident Rohrdommel également (au sens de butor, une sorte de héron).
Zettel : „,Ich hätte lieber ein oder zwei Handvoll trockner Erbsen. ’“.
p. 75 : „,Wenn die Reben wieder glühen, / Rühret sich der Wein im Fasse, / Wenn die Erbsen wieder blühen, / Weiss ich nicht, wie mir geschieht.’“.
Écoutant les confidences d’Alfieri sur le royaume des elfes et l’exil d’Heimchen, Heinzemann s’exclame : „,Tout comme chez nous ! Das ist ja die treffendste Plutarchische Parallel-Biographie mit den Liebesleiden unsers ungezogenen Wilhelm, welcher wegen desselben Wortes aus Ensisheim ist verbannt worden…’“.
On pourrait également penser à Der Traum ein Leben. Dramatisches Märchen in vier Akten de Franz Grillparzer, qui connut un grand succès au Burgtheater de Vienne en 1834.
p. 453 (1er chant, 3ème strophe) : „... wage dich in Welten, / Worin die Phantasie als Königin befiehlt [...] / Und zeige, dass Vernunft sich mit Torheit paart.“.
p. 453 (1er chant , 2ème strophe) : „Die Welt ist längst der Kurzweil satt, / Den zornigen Achill, die zärtlichen Äneen / Mit andern Namen auferstehen / Und lächerlich verkappt in neuer Tracht zu sehen.“.
Friedrich Sengle, 1949 p. 210 : „Nicht umsonst hat Tieck [...] dieses Werk [Idris und Zenide] bewundert...“.
Notons qu’un autre poème de Wieland, Oberon (1780), a été rédigé dans la même perspective d’un mélange des genres, entre le conte de fées et la geste chevaleresque cette fois. Sa préface va presque jusqu’à théoriser la pratique de Shakespeare qui vise à imbriquer plusieurs intrigues, en soi très diverses, mais finalement indissociables les unes des autres (p. 7) : „In der Tat ist Oberon [...] aus drei Haupthandlungen zusammen gesetzt [...] : aber diese drei Haupthandlungen oder Fabeln sind dergestalt in Einen Hauptknoten verschlungen, dass keine ohne die andere bestehen oder einen glücklichen Ausgang gewinnen könnte“, „...der meinige ist mit dem Oberon, welcher in [...] Shakespeares Midsummer-Night's-Dream als ein Feen- oder Elfenkönig (King of Fayries) erscheint, eine und eben diesselbe Person“. Ce poème Oberon était célèbre au début du XIXeme siècle avec l’opéra homonyme de Karl Maria von Weber (1826), compositeur résidant précisément à Dresde. Une autre œuvre de Wieland, alliant mythe et satire selon les mots de Victor Michel (1938, p. 347), inspire d’ailleurs très certainement aussi Tieck dans L’Épouvantail : il s’agit de Diana und Endymion. Eine scherzhafte Erzählung (1762). Wieland, comme Tieck, y tourne en « dérision [...] l’enthousiasme sentimental ».