Chapitre II : Vivre le squatt : mode de vie et formes de communication

II.1 Introduction

‘Méfiez-vous si keufs/huissiers/proprio veulent « entrer pour discuter », il vaut mieux garder ses distances avec ces gens là. Ne les laissez pas entrer ! (Tract « Le squat de A à Z »)
Nous ne devrions choisir de squatter que dans la perspective unique de contester, et de modifier 101 , une organisation globale de l’existence fondée sur la propriété privée, des logiques individualistes, un rapport à autrui, à l’argent, au travail, etc., et qui aboutit à l’énorme gâchis de vie, de joie, de biens et de matières premières dont nous sommes, à l’échelle de la planète comme à celle de nos vies, les témoins. Si nous squattons et effectuons tous nos autres choix de vie comme d’autres « choisissent » d’aller travailler à l’usine ; parce que, pour cet individu donné, dans cette situation donnée, c’est le plus facile, alors, la valeur de notre choix est nulle. Nous continuons de subir. Nous continuons de ne rien choisir. (Tract « Squatter doit être un acte politique »)’

Dans ce chapitre je ferai une description ethnographique de la Lutine et de ses habitant(e)s. Je commence avec une définition des différentes formes de squatt dans laquelle je situe la Lutine comme squatt militant, politique. Suit l’histoire de cette occupation sans droit ni titre jusqu’à la légalisation.

Seront décrits les Lutinistes comme groupe ainsi que comme individus, leurs bases politiques communes et leur inscription dans le milieu militant à Lyon. Puis je présenterai les locaux, d’abord comme lieu physique et ensuite en liant les types d’espaces aux fonctions communicationnelles et aux types d'interaction.

La dernière partie est consacrée à une description des habitant(e)s de la Lutine comme groupe, dans le sens sociologique.

Notes
101.

C’est l’auteur (anonyme) qui souligne.