Le concept de « Community of Practice » est introduit en 1991 par Lave et Wenger. Il représente une réponse possible au problème suivant :
La « Community of Practice » est d’abord conçue comme élément d’une théorie sociale du « learning » et ensuite élargie à la linguistique 188 par Eckert/McConnell-Ginet qui en donnent la définition suivante :
‘An aggregate of people who come together around mutual engagement in an endeavor. Ways of doing this, ways of talking, beliefs, values, power relations – in short, practices – emerge in the course of this mutual endeavor. As a social construct, a CofP [Community of Practice] is different from the traditional community, primarily because it is defined simultaneously by its membership and by the practice in which that membership engages. (Eckert/McConnell-Ginet 1992 : 464)’Nous avons ici un concept dynamique qui souligne l’aspect des activités communes (« practice ») 189 à côté de l’appartenance à un groupe (« membership »). L’appartenance n’est pas simplement un fait donné, mais un processus, un engagement, quelque chose qui doit être appris : devenir membre d’une « Community of Practice » est lié à « gaining control of the discourse appropriate to it » (Holmes/Meyerhoff 1999 : 175).
Wenger (1998 : 76) distingue trois dimensions cruciales d’une « Community of Practice » :
Avant d’appliquer ce concept à la Lutine, il me semble important de le différencier d’autres modèles provenants de la sociolinguistique et de la psychologie sociale, plus classiques mais moins appropriés à mon travail : la théorie de l’identité sociale (Tajfel), la « speech community » (Labov/Gumperz) et le « social network » (Milroy).
Dans le cadre d’analyses sur « language and gender ».
Cf. Grosjean/Lacoste (1999 : 39) : « Les groupes se forment autour des activités, ils se définissent par ce que disent les acteurs, par les décisions qu’ils prennent, les comportements qu’ils manifestent, les préoccupations qu’ils partagent ». Ce sont Grosjean/Lacoste qui soulignent.
Cf. Pucciarelli (1999 : 166) qui parle, à propos du milieu libertaire à Lyon, d’une « culture qui n’est pas seulement représentée par l’expression écrite de leurs idées et de leurs activités mais par ce lien profond entre pensée et action ».