Chapitre V : Auto-catégorisation, auto-représentation comme squatteurs

V.1 Introduction

Categories for actors as well as for actions are a central part of the descriptive apparatus through which members of a culture access their commonsense knowledge of social structures within their practical, local circumstance of action. (Bergmann 1998 : 287)

Pour rendre ce monde complexe plus disponible et explicable, les êtres humains utilisent, modifient et créent des catégories tous les jours – pour mettre un certain ordre dans leur environnement, pour mieux pouvoir gérer leurs impressions, ou, comme le formulent Keim/Schütte (2001b : 6), pour « […] ordonner les relations entre personnes en un réseau compréhensible 299  ». Baugnet (1998 : 66-67) explique les concepts du « découpage » et de la « segmentation » du monde de la manière suivante :

‘L’identité sociale se définit à partir des effets de la catégorisation sociale qui découpe pour un individu son environnement social de manière à faire apparaître son propre groupe et les autres […]. Segmenter le monde en un nombre de catégories […] ne nous aide pas seulement à simplifier le réel […] [mais] aussi à spécifier qui nous sommes.’

Ce mécanisme réducteur ou cette « économie cognitive » (Oakes 1996 : 96) et son rôle clef dans l’auto-définition de l’individu – en tant que membre d’une catégorie ou d’un groupe 300 – sont inhérents au processus de catégorisation, ainsi que le souligne aussi Kallmeyer (1989 : 31) :

‘Les membres de la société se catégorisent eux-mêmes et les autres, en utilisant un système de catégories et une quantité de standardisations (plus au moins ouvertes) des types qui sont disponibles (et qui sont sans cesse travaillés par les membres de cette société), dans le cadre de leur monde social, pour l’orientation dans l’environnement et pour l’auto-définition et l’hétéro-définition. 301

Regardons ces aspects de plus près, tout d’abord comme ils sont décrits en psychologie sociale, sur la base de la théorie de l’identité sociale. Partant de cette approche cognitive, nous passerons ensuite à l’approche communicative : l’analyse des catégories d’appartenance en ethnométhodologie et en analyse conversationnelle, puisque c’est l’accomplissement in situ des tâches de membres qui nous intéresse ici et que je vais ensuite décrire à l’aide d’exemples.

Notes
299.

« […] die Relationen zwischen Personen in überschaubare Zusammenhänge [zu] bringen ».

300.

Je parlerai plus loin de la distinction entre les deux entités.

301.

« Gesellschaftsmitglieder kategorisieren sich selbst und andere unter Benutzung eines Systems von Kategorien und einer Menge von (mehr oder weniger offenen) Typisierungen, die im Rahmen ihrer sozialen Welt für die Orientierung in der Umwelt und für die Selbst- und Fremddefinition zur Verfügung stehen (und von den Gesellschaftsmitgliedern ständig bearbeitet werden) ».